La place de chacun dans la fratrie influence-t-elle vraiment la caractère ? Et l’âiné, qu’on a tant investi, est-il le plus chanceux. Je vous parle de mon expérience dans ma fratrie de quatre enfants.
Récemment je prenais un café avec une connaissance de travail et je lui disais que j’avais trois soeurs et que j’étais la « petite dernière ». J’aurais pu dire la benjamine, la dernière de la fratrie, non j’ai utilisé cette expression de « petite dernière » qui charrie tout un flot de stéréotypes : surprotégée, capricieuse, trop gâtée, chouchou de la famille, pour n’en citer que quelques-uns.
Depuis que j’ai des enfants, je m’intéresse au sujet de la place dans la fratrie et sur son impact réel ou supposé sur la personnalité de chacun. Les gens adorent coller des étiquettes, mais force est de constater qu’on observe certaines similitudes entre enfants du même rang de naissance. J’ai posé quelques questions à Héloïse Junier, psychologue pour enfant, autrice de nombreux livres, dont récemment Sam & Cléo aux éditions Hatier Jeunesse.. Ce qu’elle m’a confié est passionnant.
Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
L’investissement parental serait plus fort avec l’aîné,
Mon fils aîné a 12 ans et nous avons beaucoup de points communs. Comment vous le décrire ? Il est joyeux et angoissé, imprévisible et responsable, généreux et autoritaire (avec ceux avec qui il est en terrain conquis). C’est une bonne pâte disent certains, mais il s’emporte très facilement. Il est né 21 mois avant son frère : 21 mois de découvertes, 21 mois braqués sur lui à guetter le moindre progrès, à s’inquiéter de tous ses bobos. L’investissement parental serait plus fort avec l’aîné, et pour cause, il passe plus de temps individuel avec ses parents et sa famille, ce temps, même limité, est un trésor.
« Les études scientifiques montrent que l’aîné a un meilleur niveau de langage, d’analyse de la situation parce qu’il est plus stimulé intellectuellement, explique Héloïse Junier. Une chance pour lui sur le plan de la scolarité. Ce sont généralement des enfants qui ont tendance à avoir de meilleurs résultats scolaires parce que les parents s’investissent plus » J’ai dû mal à croire que j’ai pu moins m’impliquer avec mon deuxième enfant, c’est impensable, mais il est vrai que L. était un enfant plus sage, plus calme et qu’A. a longtemps pris toute la place. Aujourd’hui, il est aussi vrai que j’attache plus d’importance aux résultats de mon aîné qui est en 5ème, qu’à ceux de L. qui est en CM2.
L’aîné, plus intelligent ?
Une étude menée en Suède et qu’on peut consulter sur le site Science direct a analysé l’influence du rang de naissance sur la réussite scolaire. Les résultats montrent clairement que les frères et sœurs nés plus tard ont de moins bons résultats scolaires que leurs frères et sœurs plus âgés. Évidemment, ces résultats sont à prendre avec des pincettes, car il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte comme le développement de l’éducation dans le pays dans le même temps, mais tout de même, c’est assez dingue. “
« L’aîné aurait aussi potentiellement des points de QI supplémentaires par rapport à ses frères et sœurs plus petits, là encore car il est plus investi par ses parents, poursuit la psychologue. C’est une tendance qu’on retrouve aussi chez l’enfant unique. » Ce sont les conclusions d’une étude allemande d’envergure publiée en 2015. Mais rassurez-vous, le benjamin n’est pas en reste. Si les aînés bénéficient d’un salaire d’entrée sur le marché du travail plus élevé, cet avantage revient en moyenne ensuite à ceux nés plus tard en raison d’une plus grande volonté chez les derniers nés à s’adapter au marché du travail et à changer d’emploi. C’est tout moi.
« Ce n’est pas une certitude mais certaines données le disent en effet » ajoute Héloïse Junier. Quand je vois mon fils, il est très respectueux des règles de la vie en société (pas des miennes). Il est sérieux, responsable, défend son frère bec et ongles dès qu’on le gronde. Et il se prend très fréquemment pour le père des jumeaux, mais avec quatre enfants à la maison, il est inévitable qu’il prenne parfois ce rôle. Pour autant, quand il s’agit de prendre des risques, il pousse son frère, son binôme adoré, en première ligne. C’est L. Le rusé, le fin négociateur qu’on envoie aux parents pour demander plus de temps d’écran.
Est-ce qu’on accorde la même attention à chaque enfant ?
Les études disent des choses, la réalité est très souvent plus complexe. Je ne crois pas que mon petit dernier aura le QI le moins élevé de la famille, mais je trouvais intéressant de vous partager ces quelques résultats qui invitent à se questionner sur la manière dont on s’implique avec chaque enfant. Est-ce qu’on accorde à chacun la même attention ? Est-ce que ceux qui parlent plus fort, font plus ch… ne sont pas finalement ceux dont on s’occupe le plus au détriment des autres ?
Une des co-autrices de l’étude allemande avançait un autre facteur pour expliquer les points de QI supplémentaires de l’aîné dans le journal britannique The Telegraph. « Enseigner à d’autres personnes comporte des exigences cognitives élevées : les enfants doivent se souvenir de leurs propres connaissances, les structurer et réfléchir à un bon moyen de les expliquer à leurs frères et sœurs plus jeunes, ce qui pourrait stimuler l’intelligence de certains premiers-nés. » J’aime cette idée de la transmission dans la fratrie, mais je pense, contrairement à l’étude, que le mouvement n’est pas descendant et que chacun apprend de l’autre.
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