Selon un nouveau rapport de l’OMS, l’utilisation problématique des réseaux sociaux et des jeux vidéos chez les adolescents a augmenté de manière significative ces dernières années. Le rapport définit l’utilisation problématique comme un modèle de comportement caractérisé par des symptômes semblables à ceux de l’addiction. Le phénomène est plus prononcé chez les filles pour les réseaux sociaux, et chez les garçons pour les jeux vidéo. Et les effets sur le bien-être et la santé mentale ne sont plus à prouver. Ces conclusions ne peuvent qu’effrayer chacun d’entre nous. Je suis (un peu) rassurée quand même car mes propres enfants sont bien loin de la consommation moyenne d’écran par jour décrite dans le rapport.
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Je crois que ma génération (je suis née en 1983) est peut-être celle qui est le plus horrifiée par cette omniprésence des écrans dans la vie des enfants. J’ai eu mon premier portable à 14 ans, un Nokia dit caméléon qui permettait juste de téléphoner, quoi que je passais des heures à jouer à Snake, ce jeu débile qui consistait à diriger un serpent sans toucher les murs tandis qu’il ingérait des aliments qui le faisaient grandir. Vous vous souvenez ? Mes enfants, c’est d’un autre niveau.
Ce billet est extrait du Balagan, la newsletter hebdomadaire de notre contributrice Candice, mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
Pas de réseaux sociaux
À 11 et 13 ans, ils ont chacun un portable. Jusqu’ici ils ont un accès restreint aux jeux et à Whatsapp. Ils n’ont pas internet. Aucun des deux ne consulte encore les réseaux sociaux type Instagram, Snapchat, Tiktok… Et je compte les en éloigner encore longtemps. À part le portable, il y a les jeux vidéos, la fameuse Switch qu’ils ont d’ailleurs abandonné depuis peu au profit d’un jeu sur portable nettement plus addictif (j’ai nommé Brawls stars) et la télé. Quand à leur âge je regardais Hélène et les garçons, eux matent sur grand écran des youtubeurs qui jouent à des jeux vidéos. Va comprendre…
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Le loup dans la bergerie
Très tôt j’ai compris que mes enfants, comme la majorité j’imagine, étaient incapables de se réguler et pouvaient jouer sans limite toute la journée, voire toute la nuit. Alors il a fallu mettre en place des règles strictes : pas de jeux en semaine, du Whatsapp avec parcimonie, Netflix que le week-end et c’est tout. Mon mari contrôle à distance leurs appareils. Il peut bloquer certaines applications, donner 15 minutes, 30 minutes. Les ados, en manque, peuvent l’appeler jusqu’à 30 fois dans une même fin de journée pour réclamer “DU TEMPS”. Heureusement, j’échappe à ça.
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Une minute + une minute + une minute +…. = une heure
On peut penser que ce système est simple et efficace, mais c’est loin d’être le cas. Les petits filous sont à l’affût du moindre faux pas. Une appli laissée en libre accès, le code du temps d’écran chopé derrière notre dos. Et ils ont trouvé la parade. À chaque fois qu’ils allument leur portable, le temps que le logiciel se mette en place, ils ont quand même droit à une, voire deux minutes de jeu. Et bien il refont la manipulation plusieurs fois et arrivent à jouer parfois jusqu’à deux heures.
La faute à Brawls stars, ce jeu hautement addictif qui inquiète les spécialistes. Les enfants jouent en compétition avec leurs copains, enchaînent les parties pour rattraper leur retard et gagnent… des trophées. De toute façon, ils peuvent toujours payer pour avancer dans le jeu. Des petites sommes qui s’ajoutent et au final, on peut vite débourser une centaine d’euros. Bref, un business model agressif, bien décrit dans cet article.
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Comment réagir ?
Depuis qu’ils ont un portable, je réalise vraiment à quel point on devient facilement dépendant. Même quand ils n’ont accès à rien, ils restent fixés sur l’objet, absorbés. Vous me direz comme tous les gens dans le métro. Les enfants nous obligent à un ‘effet loupe’ sur nos propres comportements, c’est vrai.
Parfois je rentre dans leur chambre brutalement, et je les vois vautrés dans leur lit, braqués sur leur portable. Dans un élan d’énervement je prends les appareils et je les cache dans mes affaires (il m’arrive de ne plus les retrouver ensuite). Après je regrette, et je me rends à l’évidence, je ne peux pas les couper de leurs pairs, je ne peux pas les priver de Pronote. Je suis forcée de cohabiter avec mes fils et leurs portables. J’ai bien conscience que le climat très sévère qu’on instaure n’est pas la solution, mais a-t-on vraiment le choix ?
Tout ça pour ça
Un gros gâchis, c’est ce que je ressens parfois. J’ai fait de mon mieux pour éveiller mes enfants, leur donner envie de s’intéresser au monde et de se cultiver. Pour quel résultat ? Pour qu’ils soient pareils que les enfants de la voisine* qui bouffent des écrans depuis leur naissance. Je crois que le pic de curiosité des enfants se situe autour de 8 ans et après ça décroît lentement. À se demander pourquoi je m’évertue à priver mes petits derniers de dessins-animés.
Je me demande pourquoi je suis aussi excédée quand je les vois jouer. Ça déclenche en moi une hargne. En même temps, ils sont dans un tel état d’agitation, complètement possédés. Je peux faire un malaise à côté d’eux qu’ils ne s’en rendraient pas compte. Je suis sans cesse partagée entre ces deux sentiments, mettre le portable à la poubelle ou lâcher totalement la bride. La solution se situant entre ces deux extrêmes. Et vous, comment faites-vous ?
*Toutes mes excuses à ma voisine. C’était évidemment une image.
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Les Commentaires
Ils ont chacun leur console avec seulement 1/2 heure trois fois par semaine, on peut difficilement faire moins.
Mais ce sont de vrais junkies. Le petit me pique mon portable dès que j'ai le dos tourné (il a trouvé mon schéma de déverrouillage et j'ai peur de le changer et de ne pas m'en souvenir) et a été puni plusieurs fois pour y avoir installé des applis sans mon accord. Et dès qu'il y a un écran dans les parages, ils ressemblent tous les deux à des lapins pris dans les phares d'une voiture, ils sont hypnotisés