Si vous êtes fans de period drama et de Jane Austen, il y a de fortes chances que cette nouvelle série Netflix vous plaise. Point bonus: cette fois, la plateforme de streaming américaine a fait le choix d’une série historique avec un casting diversifié et une intrigue moderne. Et ce, toujours dans un décor historique, dans le Londres de la Régence (1811-1820). Le roi George III souffrant de démence, le personnage de la reine Charlotte est plus exploité : elle est au cœur des évènements de la “saison des mariages” qui préoccupe tant les Bridgerton, la famille que l’on suit tout au long des huit épisodes.
La série est 100% fictionnelle. C’est en fait une adaptation des romans de Julia Quinn, La chronique des Bridgerton. Pourtant, l’autrice confirme qu’elle a été fascinée par l’historiographie autour de la reine Charlotte lorsque les scénaristes ont rajouté le personnage à la série. Selon l’historien Mario de Valdes y Cocom, la reine Charlotte serait une descendante directe de la famille royale portugaise d’Alphonse III et sa concubine maure Ouruana.
Durant ses recherches, Valdes a aussi découvert certaines descriptions de la reine qui renvoient à l’imaginaire raciste de l’époque. Le médecin royal la décrivait par exemple ainsi: “petite et courbée avec un véritable visage de mulâtresse » et un premier ministre a écrit à propos d’elle que “son nez est trop large et que ses lèvres sont trop épaisses”.
@sllambe Sir Walter Scott regarding Queen Charlotte and her siblings of the House of Mecklenburg-Strelitz, « ill-colored, orang-outang looking figures, with black eyes and hook-noses. » (Portrait by Sir Alan Ramsay, Oxford) pic.twitter.com/BlF0c92e93
— VoxSMauritii (@VoxSMauritii) December 26, 2020
Une combinaison d’histoire et de fiction
Nombre d’historiens contredisent la thèse de Valdes, mais pour l’autrice de la saga des romans, le doute est encore plus intéressant. « Pour être honnête je ne pense pas qu’on pourra un jour prouver qu’elle était noire ou qu’elle ne l’était pas, concède Julia Quinn. Mais si on admet qu’elle l’était et si cela avait été accepté et reconnu à l’époque et qu’elle avait utilisé sa position pour élever d’autres personnes de couleur à des positions de pouvoir, à quoi aurait ressemblé cette société ?”
La question de la race est abordée notamment par le personnage de Lady Dandrum qui apporte une explication dans l’épisode 4 à la possibilité du vivre ensemble dans cette société lorsqu’elle dit au duc : “Nous étions deux sociétés divisées, séparées par la couleur jusqu’à ce qu’un roi tombe amoureux de l’une d’entre nous. L’amour, votre Grâce… peut soulever des montagnes.”
La série ne se veut donc pas colourblind. Il s’agit au contraire d’aborder le sujet de manière historique et à la lumière de notre époque actuelle. Mais cet équilibre est toutefois difficile à tenir car en dehors du dialogue entre Lady Dandrum et le duc, il n’y a quasiment pas de mention des différences, du racisme, ni des discriminations. Pour l’historienne britannique Hannah Greig : “C’est une combinaison de vérité historique – visant à montrer que le passé est bien plus divers que ce que l’on a tendance à voir à l’écran et que l’on tend à faire accepter dans l’imaginaire populaire – mais c’est aussi de la fictionnalisation, en se demandant comment l’histoire aurait pu être dans des circonstances différentes, comme avait pu le faire dernièrement Ryan Murphy avec la mini-série Hollywood (toujours sur Netflix).
A quand une telle fiction française dans le Versailles de Louis XIV autour de Louise Marie Thérèse ou encore Louis Aniaba ?
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