Il y a ces gens que tu croises dans rue et qui attirent direct ton attention. Un parfum, un regard, une braguette ouverte, un simple petit signe qui allume une case dans ton cerveau habituellement en veille alors que tu ramènes simplement ton rôti de chez Franprix.
Face à cette situation, deux possibilités s’offrent à toi : tu ignores ta pulsion qui est sans doute maladive ou tu largues les amarres.
Et puis il y a les personnes qui te brûlent la rétine, qui liquéfient ton dedans, qui fracassent tes membres inférieurs (mais promis ça fait pas mal). Tu peux les rencontrer partout. C’est le mal tapi dans les profondeurs d’un pub aux néons tamisés. C’est aussi un inconnu sur ton écran, après un générique un peu trop long. Dans cette dernière situation, je mérite une médaille (comme toi, qui lis madmoiZelle).
Je n’ai pas jeté mon dévolu sur Matt Damon ou DiCaprio, non c’est bien trop facile. Je l’aime d’amour et plus encore, j’aimerais lui masser les pieds devant un poêle en fonte par une nuit où on entendrait la pluie gifler les fenêtres de toit de notre chalet dans les Pyrénées. Bref, je m’amourache de Christoph Waltz.
Et si t’approuves pas, crois-moi tu te mets un gros doigt dans l’oeil.
Afin de te mettre en totale immersion dans cette incroyable aventure humaine qu’est la mienne, j’ai découpé mon histoire en chapitres. Ça fait un peu Lars Von Trier, ce qui, tu en conviendras, apporte une touche tragique tout à fait appropriée.
Le mirage
J’ai croisé pour la première fois ce bel esthète au détour d’une salle noire il y a peu. Ce n’est pas comme si l’acteur mirifique n’était pas un habitué du grand écran — et pareil pour moi, juste pas du même côté — mais l’ironie du sort a dû nous mener à une sorte de chassé-croisé audiovisuel. Il fallait probablement attendre le bon moment.
Quand pour la première fois Christoph se présenta à moi, j’étais au beau milieu d’une fin de soirée foireuse, aveuglée par la houle des relents de bière et la fatigue ambiante. J’avoue, j’ai failli à ma tâche. C’était la première fois que je regardait Inglorious Basterds et je sombrais plus vite que Titanic en avance rapide.
Entre deux clignements de mes paupières lourdes comme le portefeuille de Manu Chao, j’entr’aperçevais, par flashs, un homme. Certes, il n’était pas des plus sympathiques niveau personnage, mais quand même. Le colonel SS Hans Landa avait un truc.
Puis plus rien.
La jonction
Le dix-sept janvier de l’an deux mille treize, je me jette dans ma salle aux fauteuils rouges préférée. Attirée par la bande-annonce alléchante et parce que c’était l’oeuvre du grand Tarantino, je sentais poindre en moi un certain enthousiasme — un peu comme quand il est midi moins trois à la rédac, ou quand je vais à Disneyland.
Dès le départ, j’ai su. Cet homme, ce Docteur Schultz, sa barbe et son sourire pas tout à fait droit… il était là pour moi. Sa prestation dans Django Unchained était particulièrement géniale et a fait, je pense, en grande partie son succès (au film, à lui, à tout le monde, bref).
J’ai tout de suite tout aimé en lui. Tout, et surtout ce petit côté imparfait de l’humain dans la force de l’âge. Il a ce regard badin que l’on retrouve chez Vincent Lagaf’ Sébastien Cauet les hommes drôles. Un charisme qui m’a presque fait tomber de ma chaise et un air ahuri qui m’a carrément fait saigner du nez.
Et en plus il traîne avec un équidé trop cool.
La folie
À partir de ce jour, ma vie a changé.
Je ne vivais plus que pour errer sur Tumblr et dénicher la moindre information sur cet homme, qui m’était forcément destiné. Christoph est né en Autriche et il a des origines allemandes. Or il s’avère qu’il s’agit d’un de mes pays préférés — depuis Tokio Hotel, mais l’effet a perduré ensuite. C’est une belle patrie pleine d’histoire, de paysages stylés et à la capitale moderne, verte et dynamique. Ce petit accent adorable ne m’avait d’ailleurs pas échappé.
Avant de recevoir de nombreux prix, (Golden Globe, Oscar… et autres preuves que cet homme est une déité moderne) il a fait de furtives (mais pas nulles, on est d’accord) apparitions dans Derrick et Rex, chien flic.
QUAND MÊME.
Son doux visage poilu ou totalement imberbe ornait chaque recoin de ma vie. Un fond d’écran de portable, un wallpaper d’ordinateur, une couverture Facebook, un Blingee envoyé aux contacts, une photo glissée dans le portefeuille… J’étais consciente que la psychose s’emparait de moi. Mais qu’importe, mon idylle se devait d’éclater au grand jour.
La désillusion
Le premier déboire que j’ai pris en pleine face rencontré, c’est cette foutue différence d’âge. Car bien que M. Waltz ait un visage qui me consume et que ses rides soient sûrement les marques de ses expressions et non de la vieillesse, il a très exactement 57 ans.
Mes. Parents. Sont. Plus. Jeunes. Que. Lui.
Mais même. L’âge, moi, je m’en fiche. Et puis il est totalement impensable que Christoph ressemble un jour à un pruneau d’Agen (au PIRE, ça lui ira bien).
Ensuite, je me suis rendue compte que je n’étais pas la première sur le coup. Vu les fan clubs et autres démonstrations d’amour, j’ai commencé à me poser des questions. Était-ce bien moi, la bonne personne ? M’attendait-il vraiment, dans son hôtel cinq étoiles, recouvert d’After Eight ? Avait-il seulement senti ma présence après les centaines de signaux de fumée que j’avais envoyés depuis la plus haute des plus hautes colline de la Meuse ? M’entendait-il lui susurrer des passages de 50 Nuances de Grey dans le creux de l’oreille ? J’avais soudainement un doute.
Afin de retirer l’air suspicieux qui flottait sur mon visage, j’ai décidé d’en avoir le coeur net.
Un autre problème bien plus conséquent venait de tomber comme un menhir en travers de ma route. C’est avec une légère pointe (un pieu, en fait) de jalousie que je tombai nez à nez photo avec Judith Holste.
Et voilà qu’il continue avec sa tête. Je ne suis plus que paraffine.
La mort
J’avais bien dit que c’était tragique.
Le tire-fesses (ou remonte pente)
Et puis il a fallu sortir la tête de l’eau, se dire que la vie continuait. Pendant mon idylle platonique, Nabilla avait pourri la FNAC et un homme léchait l’anus des gens en vacances. Le monde n’avait pas implosé. Alors c’était un peu con de me jeter sous tous les fauteuils roulants en espérant qu’ils m’écrasent.
J’ai compris que mon Christoph vivait dans un autre monde, loin du mien. J’ai assimilé — non sans peine — que s’il ne m’avait pas fait de dédicace lors de son discours en tant que juré au festival de Cannes, c’est tout simplement parce qu’il s’en pétait les steaks. Alors j’ai appris à l’aimer pour ça.
Mais si un jour il tombe sur mon appel, j’espère seulement qu’il saura qu’en lui réside un grand homme, majestueux comme un condor, sexy comme un vrai bachelor. Et surtout, que les lectrices de madmoiZelle s’en souviendront toutes leurs vies.
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Les Commentaires
Oh ouuuuui, Carnage! J'ai aussi beaucoup aimé ce film. Et personnelement je trouve que c'est là sa plus belle performance pour l'instant. Le scénario est peut-etre parfait, mais lui est carrément éblouissant lorsqu'il campe l'homme civilisé qui finit par se laisser emporter par ses instincts. De bons gros pétages de cables tout à fait savoureux de tous les cotés et par tous les acteurs