Depuis quelques mois, on a vu passer des tas d’articles sur le sujet, comme si le monde se réveillait dans ce domaine : les Sud-Coéren-ne-s ont souvent recours à la chirurgie esthétique, et la Corée du Sud est un des pays dans le monde où les gens y font le plus appel.
La chirurgie en Corée, réservée aux stars de la chanson ?
En premier lieu, avant d’aller en Corée du Sud, on pense à ces stars de K-Pop, les yeux débridés, les yeux grands ouverts, ronds, « à l’européenne ». On se dit que c’est parce que c’est des stars de la musique internationale, que c’est sûrement pour rentrer dans le monde du show-biz…
Et puis, nous sommes parties en Corée du Sud et nous avons eu une conversation avec une de nos amies coréennes, Jee Ah. Elle nous a demandé si elle devait se faire opérer.
Sous la pression de sa mère, qui a peur car elle ne l’a toujours pas fait, sous la pression de sa petite sœur qui l’a déjà fait. Pourtant, elle a eu l’occasion auparavant.
Lors de son opération des dents de sagesse, le chirurgien lui a proposé de « faire d’une pierre deux coups » : on enlève les dents mais au passage on peut aussi débrider les yeux et raboter le menton. Ça ne prendra pas trop de temps. Mais Jee Ah à l’époque avait dit non.
Et maintenant, elle se pose la question : aurait-elle dû accepter ? Elle ne le fera pas. Peut-être que nous avoir entendues crier « Nooooon surtout pas, tu es tellement belle ma chériiiie » (oui, Cristina était aussi parmi nous) l’a rassurée.
Peut-être aussi parce qu’elle a étudié à l’étranger et assume son physique de Sud-Coréenne. Mais pourquoi Jee Ah, jolie coréenne, étudiante en mode de 24 ans, a-t-elle failli revenir sur sa décision ?
Pour se conformer à un canon de beauté ? Pour rassurer sa mère : oui, elle aura bien un physique qui lui permettra de trouver un mari et de réussir dans la vie ?
Il faut souffrir pour être belle, et être belle pour réussir
Après les deux coups de ciseaux qui vous ouvrent les yeux et vous offrent un regard plus grand,
l’opération de la mâchoire est la deuxième opération de chirurgie esthétique la plus répandue en Corée du Sud.
Il s’agit néanmoins d’une opération très lourde après laquelle 52% des patients ont des complications. Mais elle rentre dans les canons de beauté exigés : avoir un beau visage, en « V », et aussi un nez fin qui remonte un peu.
La Corée du Sud est le champion du monde de la chirurgie esthétique, bien devant les États-Unis : à Séoul, une femme sur cinq y a eu recours dans sa vie.
La clientèle est extrêmement jeune et les opérations payées par les parents. Et c’est normal. Personne ne s’en offusque (sauf Jee Ah, parfois). Alors les femmes craquent : elles ont besoin, pour réussir dans la société sud-coréenne, d’avoir le cerveau ET le physique.
Et la concurrence est rude, pour trouver un conjoint comme pour trouver un job. Mais elles ne sont pas les seules : au Pays du Matin Calme, les hommes font de même.
La pression de la chirurgie esthétique en Corée
Depuis quelques mois, les liens sur Internet fleurissent comme ce Tumblr avant/après ou l’histoire des Miss Korea qui se ressemblent toutes. Mais c’est pas beau de se moquer sans avoir le contexte.
Désormais, la chirurgie esthétique est tellement répandue en Corée du Sud que les habitant-e-s assument, ne se cachent plus. On est tombées à Séoul dans la « Surgery Street », une rue emplie de cliniques médicales.
Dans le métro, ces mêmes établissements font leur pub à coup de photos d’avant/après, accompagnées du slogan :
« Elles l’ont toutes fait, sauf toi ».
Il n’est pas rare d’ailleurs d’y croiser des jeunes hommes et femmes couverts de bandages. À la télévision, des stars viennent témoigner du changement de leur vie après être passé sous le bistouri. Le gouvernement en est très fier et souhaite transformer la Corée du Sud en destination incontournable de la chirurgie esthétique.
Exister grâce au regard des autres
Devant cette pression sociale, peut-on reprocher aux habitant-e-s de « craquer » ? Selon plusieurs études, la société sud-coréenne serait en réalité une société de mimétisme dans laquelle l’identité se construit à travers le regard des autres.
Et la beauté « classique » est fixée à travers des canons répétés à l’infini. Étrange dans un pays où vous pouvez sortir avec un sac poubelle comme robe sans qu’on vous regarde plus que d’habitude, un pays qui possède une certaine liberté au niveau expression personnelle au quotidien (surtout par rapport à la France).
Mais il y a les « raté-e-s », ceux et celles que tu croises dans la rue en ayant mal à leur place. Celles qui ont des yeux beaucoup trop grands pour leur visage. Et là, ça en devient triste. Alors non, Jee Ah, ne fais pas ça. Ne gâche pas tes beaux yeux bridés.
Et vous, comment réagiriez-vous dans un pays où pour exister, pour trouver un job, pour vous mettre en couple, vous êtes obligées de recourir à la chirurgie esthétique ?
À lire aussi : La chirurgie esthétique de la vulve monte en puissance, même chez les adolescentes
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Ce qui me choque, c'est qu'une personne soit prête à modifier son apparence, à se changer elle-même (ce qui doit être TRES perturbant psychologiquement) sous la pression du dictat d'une société. Que ce soit en Corée, aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, je trouve ça grave.
Mais pourquoi aussitôt dire que les coréennes cherchent à ressembler "aux occidentales"? o.O Je veux dire, quand une française blonde se teint les cheveux en brun et se fait bronzer, on ne dit pas qu'elle veut ressembler à une espagnole... Elle veut "juste" ressembler à un stéréotype de beauté qu'on nous fait passer à travers les médias... C'est cet aspect de l'article qui me dérange énormément.
ET je suis désolée, mais la France AUSSI est touchée par cette vague de chirurgie esthétique. Une immense partie des nouvelles célébrités que l'on voit naitre en ce moment se font refaire. Il n'y a qu'à regarder les candidates de télé-réalité qui un an après l'émission revienne avec des seins refaits... C'est presque systématique.