Je te parle de longs-métrages toute la journée, lectrice, et finalement assez peu de courts-métrages.
Pourtant, c’est une forme de cinéma que j’affectionne beaucoup, qui se veut plus efficace et pourtant qui laisse une grande place à la poésie.
Alors quand j’en vois un qui me plaît autant que cette petite pépite de Chien Bleu
, je me dis que c’est important que je t’en touche un mot.
Chien Bleu, le court-métrage avec Rod Paradot nommé aux César
Chien Bleu, c’est le nouveau court-métrage de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh dans lequel Rod Paradot incarne le personnage de Yoan, et Mariam Baradji celui de Soraya.
https://vimeo.com/281295228
Émile a peur du monde. Il ne sort plus de chez lui et peint tout en bleu.
Une nuit, son fils Yoan rencontre Soraya, une adolescente fan de danse tamoule. Elle va l’aider à trouver la bonne couleur.
Si tu as une quinzaine de minutes devant toi, je te conseille de regarder ce court-métrage touchant, dans lequel Yoan tente de faire sortir son père de la torpeur dans laquelle il s’est enfermé.
Le tout accompagné de la célèbre chanson de Christophe, Les Mots Bleus.
Quelque part, c’est l’histoire d’un homme qui doit se faire violence pour sortir de sa zone de confort, et l’acteur qui incarne son fils est ironiquement le mieux placé pour en parler.
J’ai donc rencontré Rod Paradot pour lui parler du film, et de sa carrière.
Rencontre avec Rod Paradot, l’acteur au parcours étonnant
J’ai toujours été impressionnée par les gens qui savent se réinventer chaque jour, et qui ont pu vivre 1000 vies en une.
Alors mon émotion était grande quand j’ai rencontré Rod Paradot, un jeune acteur que j’avais adoré dans La Tête Haute.
De son apprentissage en menuiserie il est passé au cinéma, puis au théâtre avec beaucoup d’aisance, et rafle toutes les récompenses sur son passage.
J’étais donc avide d’en savoir un peu plus sur son parcours aussi fulgurant qu’impressionnant.
Bonjour, je m’appelle Rod Paradot, j’ai 23 ans, je suis comédien. Et je suis content d’être comédien, et j’espère que ça va durer le plus longtemps possible.
C’est ainsi que Rod commence notre entretien. Il est conscient que ce métier d’acteur est une chance qui risque à tout moment de s’évaporer.
J’ai de la chance qu’on me propose des choses. C’est extraordinaire d’être comédien, de recevoir des scénarios, des pièces de théâtre, des courts-métrages…
Alors qu’il était à peine majeur, Rod est repéré dans son CAP par une directrice de casting tandis qu’il se destinait à la menuiserie.
Très vite, il enchaîne une trentaine d’auditions et se retrouve projeté dans le rôle principal de La Tête Haute aux côtés de Catherine Deneuve, Benoît Magimel et Sara Forestier, alors qu’il n’avais jamais voulu, même imaginé devenir comédien.
Six mois après le tournage, en 2015, il apprend que le film sera projeté en ouverture du Festival de Cannes, et c’est le début de la consécration.
Il remporte par la suite en 2016 le César du meilleur espoir masculin pour son premier rôle. Pourtant, cette récompense n’était pas un ticket garantissant un avenir dans le cinéma.
Une fois que le film est fini, on retourne à sa petite vie, on se fait son petit steak/pâtes à la maison et voilà ! […]
Après ce film je me suis dit que c’était fini le cinéma pour moi ! Emmanuelle [Bercot, réalisatrice de La Tête Haute] d’ailleurs m’avait dit « faut que tu fasses gaffe, que tu penses à ta vie, ça peut ne pas marcher le cinéma… ».
C’était un peu brutal, c’était assez violent comme elle me l’a dit. Mais c’était important qu’elle me le dise comme ça pour que j’aie envie de continuer.
En effet, Rod ne s’arrête pas là.
Il enchaîne les clips, les courts-métrages, et se met même au théâtre.
J’essaie de pas être catégorisé, qu’on me dise pas « c’est un comédien de clip, ou c’est un comédien de théâtre ». […]
J’ai une sorte d’addiction au changement et je trouve que c’est important de faire d’autres choses. […] J’ai peur d’être toujours la même chose.
En 2018, il remporte le Molière de la révélation masculine pour son rôle dans la pièce Le Fils de Florian Zeller, mis en scène par nul autre que Ladislas Chollat.
Rod Paradot, l’acteur qui fuit sa zone de confort
Rod Paradot se frotte aux plus grands, et où qu’il aille, ses premières expériences lui valent des prix prestigieux et reconnus par les milieux qu’il traverse.
A 23 ans, il se retrouve donc déjà avec un César et un Molière. De quoi avoir un peu le vertige !
Je suis super content mais c’est super stressant. C’est un super beau prix, mais ça arrive très très tôt. […]
Faut savoir rebondir derrière, parce que les gens attendent plus, ils se disent que forcément je vais faire mieux après ! Mais ça veut pas dire que je vais faire mieux, j’essaie de faire mieux, mais j’essaie surtout d’aller où ça me plaît.
Et rebondir, il sait le faire, puisque Rod se réinvente sans cesse.
Avec Chien Bleu, il s’attelle à un rôle et un genre encore différent.
J’ai toujours joué des personnages qui souffrent. […] Comme moi je suis hyperactif, c’était un vrai exercice de jouer Yoan, de rester assez calme. […] C’est pas si facile que ça !
Et une nouvelle fois, il crève l’écran, qu’il sait aussi partager avec sa partenaire de jeu, Mariam Baradji.
Quand j’ai demandé à Rod quel était son secret pour parvenir à sortir aussi facilement de sa zone de confort, il m’a confié :
C’est important d’être bien entouré, d’avoir des belles personnes à côté de toi, qui t’aiment, qui ont envie que tu réussisses. […]
Faut écouter son cœur, aller là où il nous guide. Faut pas avoir peur des projets qui semblent dangereux, si ils nous plaisent, il faut y aller à fond.
En attendant, lectrice, je te conseille fortement de regarder Chien Bleu, et je lui souhaite longue vie aux César !
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