Vous l’avez peut-être remarqué par vous même ou en croisant l’information à droite à gauche : des vêtements Zara commandés en ligne ne peuvent plus être renvoyés gratuitement, à moins de les ramener soi-même en boutique.
La nouvelle politique des échanges et retours du géant espagnol de la fast-fashion stipule ainsi :
« Les retours concernant les commandes passées à partir du 28/04/2022 auront un coût de 1,95 EUR qui sera déduit du montant remboursé.
[…] Vous pouvez retourner des articles de différentes commandes dans le même envoi. Vous recevrez par e-mail autant d’étiquettes de retour que de colis à envoyer. Pour réaliser l’envoi, collez l’étiquette sur le paquet de retour et ensuite vous pourrez le déposer dans le point relais.
[…] N’oubliez pas que vous disposez de 30 jours à partir de la date d’envoi de votre achat pour remettre les articles que vous souhaitez retourner dans le point de livraison, avant l’expiration du délai de retour. »
Retourner des vêtements achetés en ligne n’a jamais été gratuit
Un premier réflexe pourrait amener de nombreuses personnes à s’offusquer de devoir payer quelque chose qui s’avérait gratuit ces dernières années chez Zara, et qui l’est encore chez la plupart de ses concurrents (même si, chez H&M, cela coûte 95 centimes depuis belle lurette, par exemple).
Or, cette nouvelle politique pourrait bien amener les consommateurs de cette marque de fast-fashion à acheter et retourner de façon plus consciente des coûts financiers et environnementaux que cela représente.
Les coûts financiers et environnementaux des vêtements retournés
En effet, un retour n’est jamais gratuit : il vous est offert par la marque à la rigueur, afin de faciliter le passage à l’acte d’achat. Des acteurs du secteur se mettent même à proposer une offre encore plus alléchante : commander des articles, les recevoir gratuitement, et ne payer que ce qu’on décide de garder.
Mais l’impact écologique de tous ces retours se surajoutent à celui déjà énorme de la confection mode. « L’empreinte carbone du secteur de la mode est estimée à 1,2 milliard de tonnes de CO2, soit environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Si les tendances d’achat se poursuivent, cette part atteindra 26 % en 2050 », alerte ainsi Greenpeace. Cela prend en compte la production de vêtements, bien sûr, mais aussi le transport de toute cette marchandise avant même sa mise en vente. Comptez 65.000km pour la confection d’un jean, par exemple.
Or, rendre les retours trop faciles peut avoir comme effet pervers de désinhiber, voire d’inciter les consommateurs à commander en masse (déjà que les frais d’envoi sont souvent offerts aussi) le moindre article qui les tente à moitié, et pourquoi pas en plusieurs tailles et coloris, et renvoyer sans compter. Faire payer aux consommateurs les retours peut donc contribuer à les responsabiliser.
Un cercle vertueux dans un cercle vicieux ?
Cette responsabilisation s’avère d’autant plus importante que les vêtements retournés doivent eux-mêmes être reconditionnés. Ceci a également un coût financier et environnemental sous-estimé par les consommateurs. Et encore, ce travail de reconditionnement (lavage, désinfection, repackaging) n’a lieu que pour les articles qui en valent littéralement le coût. Car du côté de l’ultra fast-fashion, il revient moins cher de tout simplement jeter les vêtements retournés.
Écoutez le podcast sur la mode éthique Matières Premières
Toute proportion gardée, c’est donc plutôt une bonne nouvelle qu’un géant influent de la fast-fashion comme Zara rende ses retours payants (1,95€ déduits donc de la somme remboursée). D’autant plus que ça incitera peut-être les consommateurs à se déplacer en boutique physique afin d’effectuer des retours gratuits. Quoique… Si cela épargnera des coursiers précaires de déplacements dérisoires, peut-être que ça représentera aussi une occasion pour la marque giron du surpuissant groupe Inditex d’appâter le chaland venu rendre des vêtements, dans ses rayons physiques pour conclure une nouvelle vente. Un cercle vicieux dans un cercle vertueux.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran de l’eshop de Zara.
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Les Commentaires
Payer une partie du retour si on ne fait pas le déplacement, ça ne me semble pas si absurde.