Chère Daronne, le père de mon bébé se fout de ma tronche, que faire ?

Dites donc, c’est moi ou la Daronne a encore du boulot ?!

La question de la semaine : comment faire à nouveau confiance à mon mari ?

La réponse de la Daronne

Mon petit hippocampe,

Bon, je voulais essayer de ne pas ruer immédiatement dans les brancards en ne te disant pas que ton mec semble être le parfait archétype du mâle en manque de reconnaissance sociale, mais déso pas déso, j’y arrive pas.

J’aurais aussi pu te dire que tu devrais essayer de te mettre à sa place, de le comprendre, de tenter de lui communiquer tes angoisses et de lui faire comprendre que ton épuisement post-partum semble être conséquent, mais j’ai même pas vraiment envie d’essayer de le défendre.

Merde, y en a marre de devoir toujours faire l’éducation des plus couillus d’entre nous.

Pour faire simple, essayons de simplement poser les bases du problème : le père de ton enfant a-t-il lui-même expulsé le lardon de 3,5 kg de son utérus en souffrant plus ou moins le martyre ? Non.

Le nouveau père a-t-il subi neuf mois de grossesse en voyant son ventre tellement grossir que sa shneck n’était plus visible depuis le haut de son corps ? Non plus.

Monsieur a-t-il dû porter des culottes filet pendant des semaines après l’accouchement ? Il ne me semble pas.

Pourrait-il donc arrêter de te prendre pour une jarre romaine et assumer ses responsabilités, en tant que père et en tant que conjoint ? (Je dirais bien en tant qu’être humain tout court, mais je ne voudrais pas me faire traiter de misandre hein.)

J’arrête là, ça me donne envie de péter des genoux.

Je vais te raconter une petite histoire : une fois, mon Jean-Didier a voulu me la faire à l’envers en prétextant une montagne de boulot quotidien, l’empêchant, le pauvre, de pouvoir s’occuper de celui qu’il avait mis 3min30 à fabriquer, préliminaires inclus.

Je lui avais gentiment rétorqué qu’ayant passé 27 heures à accoucher de son héritier, le minimum qu’il pouvait faire était au moins de participer aux tâches ménagères de la maison pendant que je m’occupais de « celui-qui-ne-dormait-jamais ».

Comme ton mari, il n’en fut rien, tu t’en doutes. Et plutôt que d’attendre un éclair d’illumination de sa part quant au partage de la charge mentale, j’ai préféré utiliser son porte-documents du travail comme poubelle à couches, pour lui laisser le doux souvenir de son foyer, où qu’il soit.

Étrangement, son implication dans le partage des tâches fut beaucoup plus simple. Il semblerait que le caca de bébé sur le dernier rapport à rendre à son boss n’aidait pas vraiment sa carrière professionnelle, quel dommage !

Mais oui, je sais, je m’éloigne du sujet et de la question que tu m’as posée, à savoir : comment faire confiance à ton mari de nouveau ? Il n’y a qu’une seule solution pour que tu puisses croire encore en ses paroles et en sa volonté de s’impliquer dans votre couple : qu’il s’y implique, justement.

Première chose : il faut absolument que tu prennes soin de toi. Oui, facile à dire, n’est-ce pas ? Disons que ça serait déjà plus faisable si l’on te laissait la possibilité d’être seule plus de 4 minutes. C’est là que ton mari intervient : il faut que vous réussissiez à trouver un système de tour de garde.

• Vous pouvez par exemple prévoir chacun au moins une heure par soir de “libre” où vous faites ce que vous voulez à tour de rôle, pendant que l’autre gère intégralement le bébé. Pour la personne en congé mat’, cette heure démarre de préférence pile au moment où le conjoint pose le pied dans l’appartement ou à une heure déterminée si le père est en télétravail. Après avoir passé 8 ou 10h à gérer seule un nouveau-né, on a besoin de relais immédiatement, et pas « quand il aura terminé sa partie de FIFA ».
• Même fonctionnement le weekend. Il veut jouer aux jeux vidéo ? OK, il peut de 14h à 16h le samedi. Le reste du temps, il gère le bébé et/ou la maison, pour te permettre de souffler.

Pour ton mari, visiblement, jouer aux jeux vidéo est un moyen de décompresser. Ce n’est pas une mauvaise chose, car tous les parents ont besoin de ces temps-là, surtout celles qui gèrent un mouflet 10 heures par jour, suivez mon regard. 

Une fois les nerfs calmés, on peut aussi se poser quelques questions après avoir entendu un mytho dans la bouche de celui qui partage le patrimoine génétique du lardon : pourquoi a-t-il menti ? Est-ce parce qu’il a honte ? Qu’il culpabilise ? Est-ce qu’il ne se sent pas très à l’aise dans son rôle de père et qu’il est dans une stratégie d’évitement ?

Ton mec doit comprendre que moins il passe de temps avec son bébé, moins il apprend à s’en occuper, moins il se sent compétent et valorisé, et moins il a envie de passer du temps avec son nouveau-né.

Oui, c’est le fameux cercle infernal de la couche sale. Attention qu’il ne te sorte pas la grande phrase qui nous donne à toutes l’envie de cramer des bagnoles, à savoir :

« – Non, mais chez vous les fâmes c’est naturel, vous êtes plus douces et maternelles. »

« – Non, Jean-José, comme pour les machines à laver, on a appris, c’est tout. Bouge ton boule et fais de même, bordel.  »

Si vraiment Jean-José ne pige pas les signaux et les discussions et qu’il continue de se planquer comme un blaireau dans son terrier, tu peux passer au level suivant…

Tu peux cacher ses manettes de console, revendre sa PS4 sur Le Bon Coin pour acheter des couches avec les thunes, ou bien oublier de nettoyer la régurgitation du bébé sur ladite console (oupsi, c’est très acide comme substance dite donc, ça crame même le plastique).

Bon évidemment, là on entre dans l’escalade de la terreur. Alors, si tu préfères jouer la carte de la pédagogie (j’admire ta patience), tu peux lui proposer de mater des séries déculpabilisantes et instructives comme Workin’ Moms ou Breeders, ces chefs-d’œuvre de la parentalité.

Pour terminer, voici le point le plus important selon moi : il te reproche d’être d’une humeur massacrante ? Prends-le au mot !

« Mon Jean-José, pour être de bonne humeur, j’ai besoin de faire une nuit complète. C’est toi qui gères le lardon du coup ! Il y a du lait au frigo. Bisous ».

Je te laisse ma petite crêpe, je vais me taper une bonne sieste.

Ta Daronne. 

Voilà, c’était le 6ᵉ épisode de notre courrier du cœur baptisé “Chère Daronne”, qui parle d’amour bien sûr, mais aussi de relations familiales et de couples compliquées.

Nous répondons à VOS questions avec une grosse louche d’humour et d’autodérision, un petit peu de bienveillance et quelques conseils plus ou moins foireux de la daronne le cas échéant. Vous pouvez retrouver les épisodes précédents ci-dessous :

1 – Chère Daronne, mon mec passe sa vie sur Tinder, que faire ?

2 – Chère Daronne, le confinement encroûte mon couple, help !

3 – Chère Daronne, j’ai un bébé de 9 mois et le manque de sommeil me fait vriller, help !

4 – Chère Daronne, comment faire taire mon voisin bruyant sans finir en prison ?

6 – Chère Daronne, aide-moi à faire comprendre à mon mec qu’il étend mal le linge