Article initialement publié le 4 février 2010
« T’as encore joué à Chatroulette ? » Voilà ce que je me suis étonnée à dire à un pote, ce matin. « Jouer à Chatroulette« , l’expression vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite de faire remarquer une chose : Chatroulette est bel et bien un jeu, 3e degré à mort. En tout cas, mieux vaut le prendre comme tel.
Programme lancé il y a quelques mois, Chatroulette est un concept ultra simple mais qui fait un véritable carton en ce moment. Les screenshots que tous vos contacts Facebook publient en attestent probablement. Ou les hashtags #chatroulette sur Twitter.
Chatroulette, c’est quoi ?
L’idée ? Se retrouver en communication webcam au hasard avec un autre internaute lui aussi connecté sur le site. Si l’aléatoire fait mal les choses et que vous ne vous sentez pas particulièrement en phase avec votre interlocuteur, cliquez sur « next » et passez à un autre internaute. Vous pouvez alors parler de tout, de rien, grimacer devant votre webcam, faire le pitre, jouer de la guitare, etc … sous réserve qu’on ne vous « next » pas avant.
Coincée chez vous à cause de la pluie dehors ou en train de vous ennuyer comme un rat mort, un petit clic et vous voilà sur Chatroulette.com, où vous pourrez choisir d’activer votre webcam et votre micro (et donc, d’être vue et entendue des autres) ou non. A préciser que si vous préférez rester « invisible » des autres, vous aurez de fortes chances de vous faire « nexter ».
Le but sur Chatroulette, c’est d’échanger dans la bonne humeur avec une personne sortie de nulle part, peut-être à l’autre bout du monde, qui vient peut-être de se lever alors que vous vous apprêtez à aller vous coucher. Quelqu’un à qui vous n’auriez peut-être pas parlé dans la vraie vie. Seul point commun certifié : vous êtes connectés en même temps à ce qui fait le buzz du moment. Libre à vous ensuite d’échanger comme il vous plaît.
La théorie… Et la pratique
Sur le principe, c’est extraordinaire. Dans un magazine féminin y’a quelques semaines, je lisais encore le témoignage de cette jeune femme qui travaille en freelance; elle disait, en substance « J’ai arrêté de fumer, je suis constamment stressée. Heureusement, pour remplacer les pauses café clopes que je me faisais avant, je me fais des sessions Chatroulette. La dernière fois, les nerfs en pelote entre deux dossiers et trois e-mails urgents à envoyer, je me suis connectée, et j’ai eu le plaisir de parler avec un Chilien qui m’a joué du ukulélé en live. C’était extra ».
En pratique, soyons franc : les vraies rencontres, celles qui sont intéressantes et enrichissantes, sont méga-rares. Et pour cause, réfléchissons deux minutes : Chatroulette représente l’opportunité d’être ouvert sur l’extérieur avec tout le voyeurisme du monde … tout en restant bien au chaud chez soi, avec le masque de l’anonymat. De quoi convoquer nos vices les plus profonds ! Rafale de pénis, exhibitionnisme, gens déguisés, insultes : voici un florilège de ce que vous pourrez trouver sur Chatroulette.
Comme le résume si bien ce jeune homme sur son Twitter.
Slate.fr l’explique bien, ce « speed-dating totalement ouvert » est une brèche dans laquelle s’introduit tous les désirs sexuels les plus immédiats. D’où les nombreux hommes qui s’amusent à s’astiquer le poireau en direct live (ATTENTION LIEN INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS : le secouage de nouille est à ce point inhérent au phénomène qu’un tumblr florilège de screenshots a même été crée).
Les internautes retombent en enfance. A la manière de nos premières bêtises à l’âge de 8 ans (quand on s’amusait à décrocher le combiné et composer un numéro au hasard), Chatroulette fonctionne comme un cabinet des horreurs, qui grâce aux moyens 2.0 du moment, s’immiscent le temps d’une connexion dans l’espace privé que sont a priori nos foyers. Ce qui explique la fascination des uns pour les horreurs des autres. Et la machine tourne.
Chatroulette VS Omegle
Omegle, site de chat aléatoire et anonyme, proposait déjà le même service, mais en version écrite (plus de détails ici). Chatroulette, en intégrant l’utilisation de la webcam, apporte une nouvelle dimension. On rigolait déjà beaucoup avec Omegle. On rigole encore plus avec Chatroulette. L’excitation est d’autant plus au rendez-vous que l’anonymat n’est qu’à moitié assuré : montrer son visage, c’est déjà révéler une grosse partie de son identité. Et de sa figure sociale. La tension est donc plus importante, le défi plus grand. Quelque part, on en prendrait presque plus au sérieux ce qu’on dit, puisqu’il est accompagné de ce qu’on donne à voir.
Au fond, ces évolutions technologiques n’ont pas fini de renouer avec le débat de la protection des enfants et des ados sur internet. Par exemple, autant je me marre bien sur Chatroulette avec mes potes, autant j’ai formellement interdit à ma petite sœur d’y traîner.
Bon, en attendant, si ce n’est déjà fait, je vous recommande d’y faire un petit tour. Au moins pour saisir l’abyssalité de l’absurde du rocambolesque des situations dans lesquelles certains internautes n’hésitent pas à se mettre.
Ou encore les interactions entre utilisateurs, parfois plutôt cocasses. Je vous laisse apprécier cette sélection de screenshots. (Plus de screenshots encore, par ici)
Tout n’est pas noir ou blanc
Et puis, si ça peut vous rassurer : les vraies rencontres restent possibles. Mon pote Léo est aujourd’hui ami sur Facebook avec une nana du Texas, après avoir parlé avec elle 1h30 sur Chatroulette. Mon copain Alex a discuté 45 minutes de littérature russe avec un slovaque et ma copine Stef est restée 30 minutes hilare parce que l’allemande sur qui elle est tombée portait exactement le même tee-shirt qu’elle. J’ai aussi 2 potes qui sont tout simplement tombés l’un sur l’autre, un soir. PFIOU.
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Les Commentaires
Il faudra quand même que j'aille essayé chatroulette un de ces quatres ^^