— Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec Metropolitan Filmexport. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait. Publié le 19 septembre 2017
Réalisé par Destin Daniel Cretton, Le Château de Verre est une adaptation du roman autobiographique de Jeannette Walls, une chroniqueuse mondaine hors du commun.
Ce livre passionnant interroge notre rapport à la société moderne et à ses enjeux. Il devient un film d’une justesse infinie, où le drame flirte avec la tendresse.
Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts et tous les autres m’ont collé des claques à bras raccourcis. Merci à eux.
Le Château de Verre, une histoire de famille
La famille, c’est un sujet vaste et souvent exploré par le cinéma.
Loin de pondre un long-métrage mille fois vu et revu, Destin Daniel Cretton s’appuie sur un bouquin puissant, pour nous livrer un récit original qui oscille lentement entre violence et douceur.
Jeannette Walls est une jeune journaliste people qui travaille à New York.
Fiancée à un financier, elle écume les soirées mondaines. Mais Jeannette a un secret : elle a eu une enfance hors du commun.
Élevée par un père fantasque qui promet de lui construire un château de verre et par une mère loufoque qui préfère peindre plutôt que de nourrir ses enfants, elle doit très tôt s’occuper de ses deux soeurs et de son frère.
Toute la troupe vit en marge de la société, dans des baraques toutes plus insalubres les unes que les autres.
S’il a des accents de Captain Fantastic, de Matt Ross, (déjà sublime), Le Château de Verre s’émancipe parfaitement de l’éternel : « on a déjà vu le même machin l’année dernière ».
Parce qu’il est suffisamment puissant pour n’être associé à aucune autre oeuvre.
Et sa force, Le Château de Verre la puise dans des personnages aussi bien écrits qu’incroyablement interprétés.
Woody Harrelson est un père fantasque et doté d’une solide culture générale. Mettre ses enfants à l’école ? Ça l’emmerde copieusement.
La vie, ils l’apprendront dehors. Ils s’émerveilleront devant un arbre, hurleront comme des loups dans la nuit, liront jusqu’à étancher leur soif de connaissances.
Ils ne vont qu’à l’école de l’existence et de l’empirisme.
Une école qui a pour unique professeur un homme pluriel. Un père aimant mais alcoolique, violent mais doux, fort mais fragile.
Cette figure paternelle, les enfants vont d’abord la vénérer… puis la détester. Le temps passe, leurs relations s’étiolent.
Et c’est précisément ce qui m’a séduite dans ce projet. Il n’épargne pas ses personnages et les traite comme ce qu’ils sont : des humains faillibles.
Des femmes et des hommes qui se trompent, mais dont les choix ne sont guidés que par l’amour.
C’est cet amour qui les pousse à se serrer les coudes ou à se fuir. Rien que de penser à certaines scènes, j’ai la chair de poule.
Comme à mon habitude, je suis allée à la projection presse munie de mon carnet pour prendre des notes sur les instants du film que je considère comme essentiels.
Mais vous savez-quoi ? Mon calepin, je l’ai complètement oublié. Le film m’a engloutie toute entière, ne laissant de moi qu’un corps sur un vieux fauteuil de velours rouge.
Mon esprit s’en est allé vagabonder avec les Walls dans les collines d’Amérique, loin là-bas.
Et j’ai respiré un grand coup.
Toutes les familles sont imparfaites. La leur, la mienne, la vôtre.
Alors, comme Jeanette, je vais pardonner à mon père de n’être pas l’homme parfait que j’attendais.
Je vais gommer toute ma rancoeur, ravaler mon infernale fierté, piétiner nos différences
.
Je vais faire fi de ses mauvaises manières à table, fermer les yeux sur son amour démesuré pour le vélo, oublier qu’il porte des cyclistes, qu’il ignore l’existence de Shakira, et lui dire qu’il sera toujours l’homme de ma vie.
Le Château de Verre, un appel à la liberté
Le Château de Verre n’est pas qu’un joli récit sur la famille. C’est aussi un film qui pose les bonnes questions :
« Est-il préférable de vivre en marge de la société, mais de vivre libre ? Ou vaut-il mieux vivre sous le joug d’une société capitaliste ? »
Alors que Captain Fantastic donnait une ébauche de réponse l’année dernière, Le Château de Verre ne prend pas vraiment parti.
Il se contente d’opposer deux mondes radicalement différents : celui de Jeanette qui évolue dans des cercles mondains et celui de ses parents qui font les poubelles.
Le film ne juge à aucun moment ses protagonistes. Ils sont libres de leur vie, libres de leur choix.
Et ce qui est sûr, c’est qu’un vent de liberté souffle sur les rêves de Jeanette et de sa famille.
Alors qu’elle est toute jeune, l’héroïne se brûle. « Enfermée à l’hôpital ». Son père vient la délivrer, en mettant en scène toute une mascarade.
Les Walls ne se soumettent pas aux diktats de la société moderne. Ils mettent de grands coups de pied au consumérisme, et c’est rafraîchissant !
Le Château de Verre tient ses promesses
Alors que ses enfants sont jeunes et rêveurs, le père Walls leur fait une promesse solennelle : il va leur construire un château de verre.
Un endroit magnifique, dans lequel ils pourraient contempler le soleil le jour et les étoiles la nuit. Un lieu loin de la réalité, une bulle féérique, un rêve inaccessible.
Bien sûr, et sans que cela ne vous spoile en quoi que ce soit le film, ce château ne verra jamais le jour. Ils le savent tous, bien qu’ils fassent semblant d’y croire.
Car le rêve est ce qui les unit. Et même lorsque la réalité vient écraser leurs fantasmes, il reste encore un peu de place dans leur vie pour la poésie.
Si le père Walls ne pourra jamais tenir sa promesse, Le Château de Verre tient la sienne. Celle de nous faire rêver, de nous emmener loin de nos préoccupations quotidiennes.
Ce long-métrage est une vraie bulle de poésie dans laquelle j’aimerais me lover pour toujours. Un film sensible et sincère qui j’espère laissera dans vos coeurs la marque des grands films.
Le Château de Verre, un casting extraordinaire
Brie Larson crève l’écran.
Adulte toujours contenue, du moins dans le film, elle explose parfois. De colère, souvent.
C’est grâce à son personnage que le film évolue. On la découvre adulte, puis enfant, puis adolescente, puis de nouveau adulte. Ce sont ses concessions, ses rébellions et surtout son besoin d’émancipation qui dictent le rythme du film.
Je trouve ce personnage terriblement inspirant et nuancé. Brie Larson confirme son talent et éclabousse l’écran de sa fraicheur.
Et je ne parle même pas de Naomi Watts qui n’a plus besoin de mes mots pour faire sa réputation.
Pour finir j’aimerais crier mon amour pour Woody Harrelson, acteur connu notamment pour ses rôles dans La Planète des Singes : Suprématie et True Detective, dont je chantais déjà les louanges plus tôt.
Il me rappelle mon personnage de fiction préféré. Celui d’Edward Bloom (Ewan McGregor) dans Big Fish.
Un homme qui passe sa vie à (se) raconter de jolies histoires. Qu’elles soient vraies ou non, cela importe assez peu. L’essentiel pour lui est d’enfermer tous les personnages de sa vie dans un conte dont il serait le narrateur.
Il aura passé sa vie à s’entourer de géants, de soeurs siamoises, de sorcières et de poissons imaginaires…
Le Château de Verre n’existe pas plus que la sorcière de Big Fish. Il est simplement le fantasme qui lie tous les personnages. Et qui m’a liée à eux, pour longtemps.
Le Château de Verre sortira le 27 septembre au cinéma. Et il ne faut pas le rater. On l’a vu au CinémadZ ce mardi 19 en avant-première, et voici la réaction en sortie de salles :
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Les Commentaires
La bande annonce et le synopsis me donnaient déjà envie de le voir mais cet article me conforte encore plus dans l'idée!
Hâte de le découvrir!