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Combien coûte réellement la charge d’un ou plusieurs enfants tous les mois ? Quel est le budget des parents ? Les frais engagés évoluent-ils en fonction de l’âge des enfants ? Toutes les deux semaines, dans notre rendez-vous « Quand on aime, on compte », des parents ouvrent leurs comptes et partagent avec nous ce que leur coute un ou plusieurs enfants, mensuellement.
Cette semaine, c’est Charlotte qui se prête à l’exercice.
Les revenus de Charlotte et son conjoint, parents de trois enfants
- Prénom : Charlotte
- Âge : 39 ans
- Métier : Consultante
- Nombre et âge des enfants : Trois enfants de 11 ans, 9 ans et 4 ans
- Budget net de la famille au total : 6152 €
- Lieu de vie : Tours
Charlotte a deux enfants d’une précédente union en garde partagée, et un enfant avec son conjoint actuel, avec qui elle est pacsée. Ils vivent ensemble depuis six ans, dans une maison de ville hors de l’hyper centre, dont ils sont propriétaires.
« La maison fait 120 m², nous avons la chance d’avoir un jardin de 250 m² et une cave de 30 m². Il était impératif que chaque enfant ait sa chambre à lui et que mon compagnon, collectionneur de plein de choses, ait sa « zone ». Nous télétravaillons également beaucoup, 100 % télétravail pour mon compagnon et 30 % pour moi (2 à 3 jours max par semaine). »
Mensuellement, Charlotte et son conjoint touchent en tout 6152,27 €, comprenant leur salaire de 3851,28 € pour Charlotte et de 1982 € pour son conjoint, qui travaille à mi-temps. À cela s’ajoutent également 318,99 € d’allocations familiales.
Le couple dépense 1350 € de remboursement de crédit pour leur maison, 246 € euros d’impôts et 280 € d’électricité, de chauffage et d’eau.
Les dépenses de puériculture et d’hygiène pour trois enfants
Après avoir expliqué son revenu total, Charlotte partage les sommes qu’elle dépense pour ses trois enfants.
À la naissance de son premier enfant, les cadeaux de naissance ont été groupés pour acheter une poussette et un porte-bébé neufs ainsi que du matériel de puériculture de base. Mais tout le reste, même ce qui a été offert, a été acheté d’occasion et a été réutilisé pour ses autres enfants.
« J’ai soigneusement conservé tout ce qui a servi pour chaque enfant, même si je ne pensais pas en faire trois, pour le transmettre à mes sœurs qui n’avaient pas encore d’enfants.
Hormis une nouvelle poussette, un Babycook et un porte-bébé (l’ancien a été rendu à mon ex), je n’ai rien racheté.
Pour cette petite dernière, pas forcément prévue au départ, la poussette et le porte-bébé ont été des cadeaux des parents du papa qui nous avaient donné une somme pour la naissance. Nous avons acheté d’occasion, par conviction.
Nous avons lutté contre les doudous par 50, les vêtements moches qui servent 3 fois et les jeux moches. Tout cela ne convient à personne, les gens se saignent pour faire plaisir et acheter un petit quelque chose qui finira en seconde main quelque part. Cela a été difficile pour mes belles familles, mais on y arrive. »
Côté hygiène, Charlotte estime dépenser un budget de 10 € tous les mois pour ses trois enfants, dépensés dans des crèmes spéciales et savons pour peaux sensibles, car ses deux grands enfants ont des peaux atopiques.
Pour la santé, Charlotte lisse son budget annuel à 180 € par mois, comprenant 300 € de frais orthodontie tous les trois mois, mais prévoyant aussi les dépenses à venir pour de la rééducation linguale, ainsi qu’un accompagnement ponctuel en sophrologie pour son fils, estimant un budget de 80 € par mois pour deux séances mensuelles. Elle indique également payer 100 € annuellement pour des lunettes pour sa fille aînée, lissés à 8,3 € par mois.
Le budget vêtements, jouets et loisirs de trois enfants
Pour ce qui est des vêtements pour ses enfants, Charlotte achète uniquement de seconde main, par conviction. Pour ses trois enfants, le budget est de 35 € par mois environ.
« Les affaires des plus grands ont servi aux plus petits, à chaque fois. On se passe des vêtements avec ma sœur qui a des enfants un peu plus grands que les miens.
Cependant, en plus, ma fille ainée a l’habitude de choisir ses vêtements avec moi sur Vinted. Je fais une sélection — beaucoup de neuf ou quasi neuf — et elle choisit.
Elle a dû défendre son mode de consommation (enfin celui de sa mère, son père y est drastiquement opposé) à l’école avec les copines qui trouvent que c’est un truc de « clocharde ». Elle est presque plus engagée que moi là-dessus, je suis ultra-contente de ça.
Son frère s’en fiche totalement, il veut juste des vêtements dans lesquels il se sent bien.
Je récupère aussi des vêtements que des voisins hyper consommateurs me donnent, c’est quasi neuf, de super qualité. Certes, les polos, ce n’est pas mon truc, mais dans ce cas, je donne à Emmaüs pour d’autres, ou des copines. »
Pour les jouets, Charlotte fonctionne sur le même principe, et estime dépenser 5 € par mois, et 15 € par mois de livres, en plus des cadeaux pour les anniversaires.
Pour les loisirs des trois enfants, Charlotte nous détaille son budget :
« Chacun a une ou plusieurs activités : équitation pour la grande (700€) et roller (100€), escalade pour mon fils (330€) et roller (100€).
La petite n’a pas voulu faire quoique ce soit, mais j’y compte bien pour l’année prochaine : danse, musique ou roller pour un budget qui sera de 100 à 300€.
Les activités sont payées à moitié avec le papa des grands, on se concerte sur les activités que les enfants veulent. »
Si on lisse ce budget sur un an, cela fait environ 68 € par mois, pour les deux enfants qui ont des activités. En plus de ces loisirs, Charlotte ajoute 10 € par mois pour des séances de cinéma, d’accrobranches, de bowling, ou de voyages.
Les dépenses de nourriture pour une famille de trois enfants
Concernant le budget alimentation, Charlotte nous détaille ce qui est acheté pour toute la famille, mais sans dépenses particulières pour eux puisque tout le monde mange la même chose, à quelques détails près :
« Il y a très peu eu de menu « spécial enfant » ou bébé. À partir de 1 an et demi, ils ont tous mangé à table, en famille, donc rapidement, les petits ont voulu manger comme les grands.
Aujourd’hui, il faut compter tout de même le lait d’avoine spécial pour la dernière qui n’aime pas le lait de vache (facilement 20€ par mois), des fromages blancs par sceaux de 1 kg pour mon deuxième (25€ par mois) et des fromages avec un pain complet pour la première (au marché, elle choisit ses fromages et le pain, environ 15€ par mois). C’est spécifiquement pour eux.
Rien à voir avec quand ils étaient petits où c’était la ruine entre le lait et les couches, toujours bio…
Pour faire simple, pour cinq, nous allons toutes les semaines au marché acheter fruits et légumes, viande, fromage et poissons (environ 60€ par semaine, à 80€ si les grands sont avec nous, les semaines où je les ai), ensuite, je vais en coop bio et ce sont des grosses courses. C’est deux fois par mois pour approximativement 150€ à chaque fois (céréales, pain, produits laitiers, thé, lessive, etc.) »
Si on additionne le tout, on peut lisser le budget courses de la famille de 5 personnes à 680 € par mois, comprenant les produits spéciaux pour les enfants décrits par Charlotte, et les courses pour tout le monde.
Charlotte se laisse un peu amadouer par ses enfants dans les magasins de nourriture, tout en souhaitant rester raisonnable :
« Cela dépend de l’attitude et de la formulation de la demande. On m’a assez facilement si on m’aide à faire les courses par exemple. Comme c’est assez rare qu’ils les fassent avec moi, je peux vite accepter de prendre un paquet de biscuits qui leur plait plus que ceux de d’habitude, ou un savon que la grande aime bien, etc. Quand ça dépasse 5€ en règle générale, c’est non. »
Le couple privilégie, pour l’alimentation de la famille, les circuits courts et le bio au maximum :
« Je privilégie le bio, toujours. Coop nature, Biocoop et les marchés avec des producteurs locaux essentiellement. C’est notre conviction et je fais cela depuis 15 ans, peu importe mes revenus, qui peuvent être assez variables. »
En plus de ce budget, Charlotte ajoute que la famille achète des repas à emporter comme des pizzas ou des sushis à hauteur de trois fois par mois.
Les dépenses du mode de garde de trois enfants
Les trois enfants de Charlotte vont à l’école, et ses enfants sont uniquement gardés le soir, à la garderie scolaire pour 31 € par mois. Ils ne font jamais appel à une baby-sitter, même ponctuellement :
« Ma mère habite à côté et elle se rend toujours dispo, j’ai beaucoup de chance. Elle gère tous les mercredis et les soirées quand on a besoin. Même quand on a pas besoin d’ailleurs ! Pour avoir fait différemment auparavant, notamment quand j’étais mère célibataire, c’est un énorme luxe.
Ma mère ou les grands-parents sont dans le voisinage ou disponibles, ils font de super activités et ont un très bon lien avec leurs petits enfants. Et ça me permet de bosser plus sereine. »
Aujourd’hui, les trois mangent à la cantine pour 141 € par mois, et leurs parents dépensent 15 € par mois de fournitures scolaires, lissés sur l’année :
« Il y a les gros achats de début d’année, avec des réserves, donc normalement, on ne rachète pas grand-chose. Cela représente un bon 200 € de fournitures à la rentrée pour les deux grands, que je gère seule. »
À cela s’ajoutent également 9 € d’assurance scolaire pour les enfants.
Transmission de la valeur de l’argent et argent de poche
Charlotte aimerait réduire les dépenses de certains budgets, qu’elle estime être des craquages :
« On achète énormément de livres et de jolies choses. Dernier craquage, une bague ancienne (110€) et un tableau aux enchères (450€). Et j’ai beaucoup craqué pour l’anniversaire de ma fille, plus de 80€ de livres et une soirée à venir avec ses copines incluant des sushis pour 12 petites… en pleine crise de croissance. J’ai budgété 120€ par exemple. Cela reste exceptionnel ! »
Charlotte raconte quel était le rapport à l’argent dans sa famille, ce qu’on lui a transmis, et son rapport actuel avec ses enfants :
« Le rapport à l’argent de mes parents était absolument nul. J’ai été élevée principalement par ma mère qui a toujours eu pour habitude de dire « plaie d’argent n’est point mortelle »… Sauf qu’on mangeait de la soupe tout le temps (pas par choix) et on n’avait jamais d’argent pour partir en vacances, ni pour acheter la fringue à la mode (le collège a été long) ou avoir une voiture qui ne tombe pas en panne. Voire simplement, du chauffage…
Mes parents étaient séparés et mon père donnait une pension alimentaire minimale. Chez mon père, un week-end sur deux, c’était l’abondance complète, je ne comprenais pas. On ne mangeait jamais de céréales ou de choses chères dans les années 90 chez ma mère, mais chez mon père, chacun de ses enfants avait un paquet à eux (il a eu deux autres enfants que j’adore, mais nous n’avons clairement pas été logés à la même enseigne).
Mon beau-père, qui vivait avec ma mère, ne participait pas aux dépenses, il payait les choses chères de temps en temps (comme un vélo), mais aucune régularité et préférait acheter des livres rares que manger… C’est beau la culture, mais il faut manger aussi. »
Charlotte essaye d’apprendre à ses enfants la valeur des choses et de l’argent :
« Je leur parle de mon travail, notamment. C’est parce que j’ai un travail avec des contraintes, comme des horaires lourds, des déplacements, des responsabilités, etc, que je suis bien payée que l’on peut faire du cheval ou partir en vacances comme on veut.
Mais qu’il faut apprendre à faire aussi sans et que ce n’est pas si grave. Je dis moi aussi, comme ma mère, « plaie d’argent n’est pas mortelle ». Juste, je mets de l’argent de côté, ou en tout cas, j’essaie.
Ma fille est tracassée à l’idée de devenir pauvre ou du fait que j’étais pauvre quand j’étais petite. Mon fils aussi. Je minimise, ce n’est pas bien grave, les choses bougent, tout le temps, dans les deux sens, et il faut apprendre à faire avec et cibler ce qui est important.
Les livres, la curiosité, les copains et la famille. L’argent, c’est juste un moyen, on ne l’emporte nulle part. »
Charlotte a ouvert plusieurs comptes bancaires pour chacun de ses enfants :
« Ils ont chacun 1500€ bloqués pour leur majorité. En plus, ils ont un compte épargne pour les études sur lequel je vire 100 € par mois. L’objectif est de les doter de 20 000 € pour leurs potentielles études ou pour les aider s’ils veulent monter un projet.
Ma fille ainée veut une ferme, on peut s’y mettre maintenant sur l’épargne… Et puis je ne connais pas mes futurs revenus. Actuellement, je considère gagner bien ma vie, mais dans 5 ans ? Dans 10 ? C’est le flou total. Je ne sais pas de quoi demain sera fait.
Mettre des sous de côté est une forme d’assurance pour plus tard, mais je ne sais pas si je pourrai maintenir ce rythme d’économie. »
Charlotte parle ouvertement d’argent devant leurs enfants, mais fait attention à ce qu’elle dit :
« Les enfants répètent beaucoup de choses à l’école, ou chez leur papa pour mes deux grands, et je ne veux pas que les choses soient montées en épingle ensuite… J’ai doublé mon salaire depuis quelques années, ce qui fait que j’ai le même que mon ex-mari, tout simplement.
Je préfère garder certaines choses pour moi, même si cela se voit. Ma maison a coûté cher, je pars en vacances quand je veux, etc. J’achète beaucoup de choses pour eux sans qu’il participe, contrairement à avant, comme les grandes dépenses de vêtements (chaussures, manteaux, etc.). Objectivement, j’anticipe beaucoup de mon côté.
Y compris les dépenses de santé : j’ai récemment changé de mutuelle pour anticiper sur les frais à venir pour les enfants : orthophoniste, orthodontiste, psycho, etc. Cela représente 550€ à l’année en plus, mais j’en ai aussi besoin, j’ai des lunettes et lentilles. »
À la fin du mois, il reste 3400 € à la famille. Une somme qui est utilisée pour des besoins propres au couple, et épargnée sur un livret A.
Lorsque la totalité des sommes dépensées uniquement pour leurs enfants est additionnée, Charlotte et son conjoint dépensent 1547 € mensuellement.
Depuis la rédaction de ce témoignage, Charlotte nous informe que les revenus familiaux vont être modifiés, puisque son conjoint sera imputé de la moitié de son salaire et ne touchera plus que la somme de 980 €.
Merci Charlotte d’avoir répondu à nos questions !
« Quand on aime, on compte » comment participer ?
Si vous avez aussi envie de participer, rien de bien compliqué : envoyez-moi un mail à manon[@]madmoizelle.com avec en objet « Quand on aime, on compte » ou utilisez le formulaire ci-dessous et je vous enverrai le questionnaire et la marche à suivre.
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On a hâte de vous lire !
Nous acceptons les candidatures de toute la France et même du monde entier, tant que vous pouvez répondre aux questions qui vous seront posées, et remplir un tout petit tableau Excel (promis, il ne fait pas flipper).
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