Mode et musique sont intimement liées, mais mode et cinéma aussi ! À l’écran, certains vêtements ou accessoires prennent une dimension particulière, à tel point qu’ils deviennent parfois iconiques et indissociables d’un personnage. Le chapeau fait partie de ceux-là : parce qu’il dissimule le visage, il peut servir à retarder la découverte du visage d’un personnage. Mais il peut aussi servir à construire une silhouette. Un chapeau abandonné peut aussi signifier la disparition d’un protagoniste…
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Bref, le chapeau aurait voulu être un acteur pour pouvoir se trouver beau sur un grand écran en couleurs, et c’est effectivement le cas. Voici donc cinq couvre-chefs, parmi d’autres, qui ont particulièrement marqué le cinéma, et derrière lesquels se cache une petite histoire !
Ça démarre sur les chapeaux de roue.
— NDMymy : Léa a évidemment été licenciée pour cette blague. Cordialement.
Le chapeau melon d’Alex dans Orange Mécanique
Le chapeau melon te dit sans doute quelque chose, puisqu’il a donné son nom à une série du même nom dans laquelle on cause également de bottes de cuir… Dans Orange Mécanique, réalisé en 1971 par Stanley Kubrick, il fait partie de l’uniforme faussement dandy d’Alex DeLarge, un délinquant et voyou sociopathe, et de sa bande de potes tout aussi cruels et vulgaires, qu’il surnomme les Droogs.
Dans le film, le chapeau melon est détourné de son rôle et de son appartenance sociale initiale : alors qu’il est plutôt emblématique des gentlemen de la bourgeoise anglaise, Stanley Kubrick le fait porter par des raclures immorales qui sont tous sauf distinguées.
À la base, le chapeau melon se caractérise par son aspect rigide et sa calotte (la partie qui emboîte la tête) ronde. Il aurait été créé en 1850 pour un certain William Coke, qui souhaitait que son garde-chasse possède un chapeau mou aussi solide qu’un haut-de-forme. Ce n’est qu’ensuite que ce chapeau a été porté dans les milieux financiers, et jusqu’au XXème siècle, on a considéré qu’il était réservé aux hommes qui y travaillaient.
Le chapeau melon a eu aussi d’autres usages : par exemple, au XIXème siècle, la superstition voulait qu’il soit gage de qualité pour les poissonniers qui le préféraient au canotier. Et on le lavait jamais. Jusqu’aux années 1920, il a aussi été un des chapeaux les plus utilisés par les comédiens sur scène !
Le chapeau Fedora d’Indiana Jones
Le chapeau Fedora d’Indiana Jones, c’est un peu son fils, sa bataille, fallait pas qu’il s’en aille. À chaque fois que l’archéologue casse-cou manque de le perdre dans un film, ça sent la fin… et puis non. Dans La Dernière Croisade, il lui revient grâce à un coup de vent alors qu’Indy l’avait presque semé. Et dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, son chapeau est accroché à une patère, et on comprend que l’aventurier a raccroché son manteau.
Lors d’une interview, son interprète Harrison Ford aurait même déclaré que le secret d’Indiana Jones, c’était son chapeau !
En fait, le choix de ce couvre-chef s’est fait lors de la pré-production des Aventuriers de l’Arche Perdue, sorti en 1981. Steven Spielberg et George Lucas cherchaient à donner à leur personnage principal un look facilement identifiable
. Ils ont donc déniché le modèle « The Poet » chez Herbert Johnson Hat Company, un fabricant londonien qui travaille pour la famille royale. Le Fedora a ensuite été consciencieusement abîmé, écrabouillé et blanchi, pour donner un air badass à son propriétaire.
Ce qui permet de reconnaître un Fedora, c’est notamment son pli central et ses larges bordures. Ce chapeau a été créé au XIXème siècle, et il est fabriqué en feutre. Il est souvent confondu avec le Borsalino… alors que le nom Borsalino est celui d’un fabriquant, qui, en l’occurrence, produit des chapeaux Fedora !
Le chapeau Belle époque d’Audrey Hepburn dans My Fair Lady
Le chapeau d’Eliza Doolittle, le personnage joué par Audrey Hepburn dans My Fair Lady, c’est un peu la foire du Trône ; on y trouve à boire et à manger, ou presque.
Ce mirifique couvre-chef représente le passage d’Eliza Doolittle d’un statut social à un autre. Au début du film, la jeune femme, issue de la classe ouvrière cockney, arbore un chapeau en rotin noir tout pourri. Elle apprend peu à peu à parler comme l’idée qu’on se fait d’une femme raffinée et de la classe sociale supérieure, et se rend aux courses hippiques d’Ascot, un événement très renommé où il est particulièrement bien vu de se montrer en en mettant plein la vue à ses voisins. Décoré de rubans, de plumes, de fleurs et de dentelles, ce chapeau a été réalisé par Madame Paulette, star des modistes de l’entre-deux guerres.
Il est représentatif de la mode des années 1910, où le couvre-chef géant avait la cote, et où il fallait obtenir à tout prix du volume en ajoutant moult garnitures dessus. Plus les ornements étaient nombreux, plus ils étaient symboles de luxe. Les bourgeoises achetaient donc leur chapeau chez une modiste et le garnissaient ensuite en fonction des saisons et des tendances. Et les courses hippiques étaient et sont encore un lieu où la taille et l’excentricité des chapeaux permettent d’afficher son aisance financière et d’attirer les regards !
Le chapeau-chaussure années 1930 dans Brazil
Certains chapeaux sont plus perchés que d’autres : c’est le cas du chapeau-chaussure porté par Ida Lowry, l’un des personnages de Brazil, le film d’anticipation de Terry Gilliam sorti en 1985. Elle est la mère de Sam Lowry, le héros bureaucrate plan-plan qui s’évade en rêve, vaniteuse et superficielle. Ida Lowry suit toutes les tendances, même les plus absurdes, et dépense sans compter.
Affubler cette protagoniste de ce couvre-chef en forme de chaussure à talon retournée est donc un moyen de souligner son caractère grotesque et revêt un caractère franchement satirique. Mais ce chapeau un peu foufou n’est pas une invention du réalisateur : son design est en fait inspiré d’un accessoire des années 1930 !
Le concept du chapeau-chaussure a été lancé par Elsa Schiaparelli, une créatrice de mode italienne particulièrement connue pour ses couvres-chef surréalistes et sophistiqués, imaginées en collaboration avec des artistes de l’époque. Pour l’hiver 1937-1938, Elsa Schiaparelli a travaillé en compagnie de Salvator Dali, personne délirante de son état, et a ainsi créé un chapeau-chaussure en feutre noir. L’idée leur serait venue d’une photographie prise par Gala, la femme de Salvator Dali, sur lequel celui-ci portait une godasse de femme sur la tête. C’est d’ailleurs à Gala qu’appartenait ce fameux chapeau dingo. Elle l’a ensuite légué à sa fille, Cécile Eluard, qui est aussi la progéniture du poète Paul Eluard.
Le chapeau de sorcier de McGonagall dans Harry Potter
Les films de la saga Harry Potter, tournés entre 2001 et 2011, se déroulent dans un univers de sorciers et sorcières, lui-même inspiré des livres qui traitent du même sujet : il est donc évident qu’on y retrouve les codes stylistiques de ce monde imaginaire. Ou presque : finalement, assez peu de personnages arborent régulièrement un chapeau pointu, à l’exception de Minerva McGonagall, la prof de métamorphose et directrice adjointe de Poudlard, qui a le look de la sorcière tradi plus prononcé qu’Harry et ses copains.
La nouvelle maléfique avec le chapeau de sorcière, c’est qu’on ne sait pas exactement d’où il vient. Slate raconte qu’à l’époque médiévale, les images de sorcières les montraient souvent la tête nue. Le chapeau pointu aurait commencé à être associé aux sorcières dans les illustrations des livres d’enfants diffusés un peu partout en Angleterre dans les années 1710-1720. Les artistes européens occidentaux se seraient alors mis à modifier les images du Moyen Âge, pour transformer les bonnets ronds en bonnets pointus. Le chapeau pointu est alors devenu le symbole de la magie noire.
Et toi, à quel film pourrais-tu tirer ton chapeau, sans mauvais jeu de mots (évidemment) ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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