Une culture musicale, ça ne se fait pas comme ça. Sarah vous parle de son propre parcours, de la musique de papa maman aux expérimentations adolescentes.
Je reste persuadée que ce qu’on est aujourd’hui s’est forgé tout au long de notre parcours musical. Qu’on soit un-e grand-e passionné-e de musique ou non, et même (ou surtout) si on a écouté à peu près tout et n’importe quoi et qu’on se demande bien ce qu’on doit en conclure.
Hé oui, parce qu’on est toutes et tous passé-e-s par des découvertes et expérimentations musicales différentes, avant de savoir plus ou moins, arrivé-e-s à l’âge adulte, ce qu’on aime ou pas. Quand je jette un coup d’oeil en arrière, c’est avec tendresse, émotion et larmichette à l’oeil que je contemple ma propre histoire en ce domaine.
C’est pourquoi, une fois que je me serais mouchée, j’aimerais vous tenir la jambe avec mon propre parcours musical, telle Mère Castor au coin du feu, et vous raconter comment j’en suis arrivée à passer de Joe Dassin à Mumford & Sons en un clin d’oeil. Et puis vous me raconterez le vôtre ! Ok, on fait ça ? Allez, on fait ça.
Une enfance très branchée Nostalgie
Je pense qu’on est nombreux à avoir découvert la musique par le biais de papa et maman. De mon côté, étant trop has been à cette époque pour regarder MTV, et ne pouvant pas compter sur d’éventuels cousins/cousines qui de toute façon s’en foutaient, les goûts musicaux de mes parents ont très fortement influencé les miens. Et ça m’allait très bien, parce que comme eux, je préférais Nostalgie à NRJ.
Faut dire que contrairement à ce que disaient beaucoup de mes petits camarades dans la cour de récré, on passait (et on passe toujours !) un catalogue très varié, sur Nostalgie (noooostaaaalgiiiiie). Alors, oui, à 8 ans déjà, je passais avec bonheur des Champs-Élysées de Joe Dassin à I bless the rains down in aaaaafricaaa de Toto. Sauf que je ne savais pas encore que le groupe qui chantait ça s’appelait Toto. Ça m’aurait fait rire, sinon.
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Et puis mes parents, gloire à eux, avaient une jolie collection de CD, dans laquelle j’aimais bien fouiner. Si j’avais déjà découvert Abba, Telephone, Queen et Edith Piaf sur Nostalgie (et RFM des fois), c’est la chaîne Hi-Fi de mes parents qui m’a vue chouiner pour la première fois sur Brothers in arms de Dire Straits…
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… chanter en yaourt sur Another Day in Paradise de Phil Collins et comprendre que c’était le même mec qui chantait dans Genesis…
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… ou faire l’andouille en imitant Barbara et son aigle noir.
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Aujourd’hui, je suis fière de l’affirmer : le port d’Amsterdam de Brel, Supertramp, les Rolling Stones, Simon & Garfunkel, The Police et j’en passe et des meilleures sont des amours de jeunesse que je n’ai jamais oublié. Ah ! Époque bénie où je dévalais les vertes collines de mon enfance en chantant à tue-tête « T’EN PÈTES DE LA RENOMMÉE » parce que je n’avais pas compris que Georges Brassens disait « trompettes »…
Je me dois cependant de faire une dédicace spéciale à ma maman. Si mon père n’a jamais tout à fait réussi à me transmettre son amour du jazz (mais un peu quand même papa, j’aime bien la trompette), les chansons espagnoles de ma mère ont laissé une trace.
Alors, tout n’est pas resté, hein. La madame qui parle de son corazón avec une grosse voix, j’ai beau avoir oublié son nom, j’entends encore ses vieux raclements de gorge dans mes cauchemars. Désolée. En revanche, Luz Casal, pour une raison que je ne m’explique pas tout à fait, je pense encore à elle…
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Bien sûr, il y a eu Mecano, aussi ! Bien sûr ! Sauf que je préfère Mujer contra mujer à Une Femme avec une femme, ou Hijo de la Luna à Dis-moi Lune d’Argent, et je me dandine encore sur Una Rosa es una Rosa à la façon d’une danseuse de Flamenco bourrée.
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Ceci n’explique cependant pas tout à fait, à ce jour, mon attirance pour les Mariachis. Je m’interroge.
Le classique, oui… l’opéra, moins
Si pour tout cela, rien n’a changé dans mon coeur depuis mon enfance, je constate une certaine évolution dans mon rapport à la musique classique. Enfin, pas tout à fait : j’ai toujours aimé la musique classique. Les Quatre Saisons de Vivaldi était mon CD préféré, j’inventais des histoires sur les valses de Strauss, Chopin me faisait déjà rêver et Fernando Sor aimer la guitare.
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Bref, sans avoir une culture poussée en la matière, j’aimais facilement tout ce que j’entendais. Tout ce qui m’énervait, c’était :
Les valses ou les morceaux de piano qui passaient tout le temps de très fort à très bas, parce que dans la voiture, soit on n’entendait rien soit on s’en prenait plein la tête, et je gonflais papa et maman à leur demander de monter le son toutes les 5 minutes (et le temps qu’ils réagissent, hein, bon, voilà).
Des POULES ! C’était pas des chanteurs, c’était des POULES ! Et poc poc poc, et vas-y que je caquète, que personne ne comprend ce que je raconte, et que je braille, et piapiapia… Bref. Mes parents ne pouvaient pas écouter une scène d’opéra classique tranquillement avec moi à côté (« nieh elle me casse les oreilles, on peut pas remettre Serge Reggianiii ? ») (bonjour, ici enfant snob).
https://youtu.be/NqZQXkLtP9s
Et puis, un jour, j’ai porté Natalie Dessay aux nues, vénéré Andrea Bocelli et Pavarotti, et j’ai pris des cours de chant lyrique. Là, comme ça, je dirais que quelque chose a changé.
Années collège et tentatives (pour être à la mode)
Heureusement, je ne me suis pas contentée de l’influence parentale toute ma vie. Non. Je me suis ouverte au monde, à la musique, à l’harmonie, à… à Chérie FM et aux échanges de baladeurs dans les bus scolaires. J’ai beau creuser, c’est la seule explication que je vois à ceci :
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Aujourd’hui encore, j’essaie régulièrement de le placer en soirée.
Ainsi qu’au fait que les deux premiers CD que j’ai achetés avec mes sous, c’est Hélène Ségara et Cat Stevens. Au fond, leurs styles ne sont pas si différents… Si ?
Mais ça, c’était avant de découvrir Linkin Park et Sum41, d’entrer au lycée et qu’on me dise que c’était pas « des trucs de filles ». Ah, tendre jeunesse.
L’adolescence et la découverte du rock/metal
Ah, mais je n’allais pas laisser quelques bas de plafond en herbe me dicter ce qu’une fille devait faire ou non. Titillée par les quelques aperçus que j’avais pu avoir de ces genres peu mis en avant à l’époque qu’étaient le rock et le metal, j’ai passé une grosse partie de mon adolescence à écumer les forums et les petits disquaires à la recherche de nouveaux groupes.
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Et je vous parle d’un temps qui laisse perplexes les moins de vingt ans, lorsqu’on ne pouvait compter ni sur YouTube ni sur Spotify pour accéder à vingt nouveaux albums en un clic. Je me suis faite moi-même, moi, madame. J’ai payé plein de francs de mon argent de poche des CD que je n’ai finalement jamais aimé, moi, madame.
Et puis, il y a ceux qui sont restés…
https://youtu.be/Tj75Arhq5ho
C’est à cet époque que j’alternais sans complexe Epica et Iron Maiden, Lacuna Coil et Pantera, ou encore Lostprophets et Garbage. Ah, je suis tombée amoureuse de The Offsprings, aussi.
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C’est également dans ces eaux-là que Slipknot est devenu pour moi le groupe le plus anxiogène de la Terre entière, et encore aujourd’hui je suis incapable de les écouter sans faire une crise d’angoisse. Pourquoi ? Aucune idée. Il me semble que je les associe à une meute de chiens qui hurlent, mais je n’ai rien de plus concret. Allez savoir quel souvenir pourri j’ai enfoui, encore.
Parce que souvenirs et musique sont étroitement liés. Voyez par exemple, Incubus : à l’origine, je n’avais rien contre eux, mais il se trouve que je les ai découvert au moment où je sortais avec un blaireau de première classe. Ainsi, voilà : je ne peux pas les blairer. Logique.
Petite régression Disney en passant
Je connais toutes les chansons de Mulan et des Aristochats par coeur. Et vous ?
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Tout d’abord, j’aimerais dire que je suis très fière de ce dernier titre. On dirait un titre de film français. Voilà, merci.
Enfin, l’heure est venue pour moi de conclure cet article qui part dans tous les sens, car je suis, il me semble, parvenue à l’âge adulte, et ainsi s’achèvent mes réminiscences. Pour autant, cela ne veut pas dire que j’ai fini de faire des découvertes musicales — et encore heureux ! Et puis même si j’aimais l’ambiance des petits disquaires isolés, le streaming rend la chose plus facile, il faut l’admettre…
J’aime finalement beaucoup trop de chansons plus actuelles pour choisir un seul clip, alors comme on passe Nuit de folie à la rédac’ (non je ne sais pas pourquoi), je me dis qu’il n’y a peut-être pas de meilleure façon de mettre un point final à cet article.
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