Je commence à travailler sur ce papier, et je réalise soudain que je ne suis pas toujours facile à vivre au quotidien. Que je suis même « relou », comme disent les jeunes d’aujourd’hui. Eh oui, je demeure une enfant de la pop culture, nourrie de chansons françaises et bercée à Chérie FM (chéééériiiie èf èm ouuuahouuhaaa), et il m’en faut peu — un mot ou un bout de phrase — pour que mon cervelet joli fasse le lien avec une chanson de mon répertoire.
Alors, oui, j’avoue que se mettre à chanter du Claude François en pleine conversation plus ou moins sérieuse parce que quelqu’un vient de dire « comme d’habitude », ce n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux pour sa crédibilité. Sans compter que ça peut fatiguer ses interlocuteurs.
Aujourd’hui, c’est #mardiconfessions : je couche sur papier virtuel, pour toi, lectorat, ces quelques mots et expressions qui font réagir au quart de tour ma fibre pseudo-musicale. Et peut-être, du coup, ces quelques mots et expressions à éviter en ma présence…
« On a tous le droit »
Ce qui est bien, c’est que je me dis que je ne peux pas être la seule dans ce cas. Déjà, vous avez probablement vos propres chansons virales. Mais celle-ci, cette petite phrase-là, si vous avez suffisamment écouté la radio pendant une période de votre vie, elle titille quelque chose de votre cervelet joli à vous. Et il est possible que vous m’en vouliez pour ça :
C’est hélas quasi-systématique. Une conversation sérieuse, ou quelqu’un qui s’enflamme, et paf, la phrase est lâchée : « On a tous le droit ».
Non, peuple de France, non, je vous en supplie, pas « on a tous le droit ». D’ailleurs, on n’a pas tous le droit, je refuse, je ne veux pas, je prends toutes les dictatures et tous les tickets pour tous les voyages, n’importe quoi ! Pourvu que l’on cesse de prononcer cette phrase maudite qui non seulement me fait pousser la chansonnette, mais me la colle dans la tête pour la semaine !
Ça commence par « on a tous le droit », et ça finit par « d’aimer sa vie ou pas, nianianiania, nianianiania ». Et vous avez créé un monstre.
« Fais-moi une place »
C’est au départ une simple demande, voire une injonction. L’individu familier à mon environnement quotidien manifeste son désir de me voir décaler mon fessier pour qu’il puisse y installer le sien avec plus d’aisance. Et l’injonction devient une mélodie romantique qui faisait soupirer vos mamans.
Fais-moi une place… au fond d’ta bulle… Oui, madame, monsieur : Julien Clerc fait partie de mon répertoire. Même que j’aime bien quand il dit qu’il sera tout fou, tout clown, gentil. Après, j’avoue, selon le type de relation qu’on entretient avec l’individu susmentionné, répondre à sa requête par « j’veux qu’t’aies jamais mal, qu’t’aies jamais froid » peut éventuellement le ou la mettre un peu mal à l’aise.
Les gens ne comprennent plus rien au romantisme.
« Allô maman (bobo) »
Je blâme un certain nombre de membres de ma famille pour cette référence musicale digne de Nostalgie qui me colle à la peau et aux cordes vocales, et qui resurgit presque à chaque fois que j’appelle ma mère. Ou que quelqu’un d’autre appelle la sienne, parce que tant qu’à faire…
En même temps, j’aime bien cette chanson. Plus que celle de Liane Foly, déjà, ce qui fait plaisir. Non, celle que ça fatigue, en fait, c’est ma maman. Parce que ma maman, elle n’aime pas que ses enfants lui chantent : « Allô maman, bobo, maman comment tu m’as fait chuis pas beau ».
Surtout quand elle appelle pour vérifier que tous les fruits de ses entrailles se nourrissent correctement.
« Je ne veux pas travailler »
… nooon, je ne veux pas déjeuner, je veux seulement l’ouublieeer…
Et puis. Je. Fume. (Talatata.)
Ce qui est bien avec cette chanson, c’est qu’elle a le potentiel pour être repris en choeur par toute l’assistance. Ambiance assurée au travail.
« Attention c’est chaud (… cacao) »
Il se pourrait, peut-être, je ne sais pas, que la plupart de mes références musicales, ou du moins celles qui peuplent allègrement mon répertoire le plus immédiat… datent un peu. Rapport au fait que je suis une éternelle has been. Ou que j’ai grandi dans une famille avec des références nulles.
En attendant, il suffit que quelqu’un se précipite avec un plat en prévenant que « attention, c’est chaud ! », pour que « chaud » devienne…
https://youtu.be/wY8Nms_VcWY
Et là, soit tout le monde commence à remuer du bassin avec toi, soit tu te prends un plat brûlant en pleine face. Ça passe ou ça casse. (Si tu me donnes tes noix d’coco, moi je te donne mes ananas !)
Au choix : « il est libre » ou « Max »
Je profite de cet article pour adresser mes plus plates excuses à tous les Max et Maxime que j’ai pu croiser dans ma misérable existence de bout-en-train raté, ainsi qu’à ceux que je vais encore rencontrer. Je ne manquerai JAMAIS de vous demander :
« Et alors, Max, est-ce qu’il y en a qui disent qu’ils t’ont déjà vu voler ? »
Pardon. Je n’arrêterai jamais, mais pardon. Vous êtes liiiibres (Max), voyez-vous.
« …et du sucre en poudre »
…ou en fait n’importe quelle recette. Que quelqu’un me la décrive, ou que je la lise, peu importe : une liste d’ingrédients me suffit à partir dans la petite danse de la meilleure chanson de tous les Astérix du monde, Le pudding à l’arsenic.
https://youtu.be/XIcmP0t17kI
Dans un petit plat à part Tiédir du sang de lézard La valeur d’un dé à coudre – Et un peu de sucre en poudre ! – NON ! – Ah? Bon.
Ce qu’il y a de bien, c’est que c’est la chanson pour laquelle mes ami-e-s sont le plus tolérants, au point de chanter avec moi jusqu’à « DEEES-GAUU-LOIIIIS » !
« Diego »
Un peu dans le même genre qu’« il est libre, Max », le prénom Diego, fort heureusement peu courant par ici, chatouille mes instincts primaires, réveille mes cordes vocales et ouvre la vanne aux calembours pour briller en société. Ou presque.
Notez qu’avec « Diego », je ne me mets pas toujours à faire des vocalises bancales sur du France Gall. Parfois, tout en finesse et en subtilité, je glisse une blague. Que personne ne relève jamais. (La tristesse.)
– Non mais Diego il me saoule, il fait n’importe quoi ! – C’est parce qu’il est libre dans sa tête.
Badum tss. Merci, merci.
https://youtu.be/JssR5LYZsPI
C’est d’autant plus gênant que cette chanson n’est pas censée être drôle. Du tout.
Bonus anglophone : « Yesterday »
Parce que ça fait partie des mots anglais pour lesquels les francophones trouvent parfois un contexte, et qu’à partir de ce seul petit mot innocent, je vous plombe une bonne ambiance en trente secondes.
Oh aïe biliiive… In yeesterdayyyy…
Et voilà, moi aussi je suis déprimée. Il y a encore bien des chansons qui me font réagir de manière plus ou moins respectable en société, mais il me faudrait vous tenir la jambe pendant encore un moment, et il n’est pas certain que vous ayez la patience. Ni le moral, après le coup des Beatles.
Et puis, la parole (de chanson hinhinh… non ?) est à vous, maintenant. Quels mots ou expressions vous font chaque fois penser à une chanson ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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