Certaines chansons sont particulièrement nocives pour la bonne humeur. Quelques unes d’entre elles sont faites pour être agaçantes aux oreilles adultes, à l’image des trop-entendues-déjà-oubliées Mignon de René la Taupe et autres titres qui me mettent mal à l’aise. Elles ne feront pas partie de cet article. Clairement, ce genre de morceaux, tu t’attends tellement à ce qu’ils te fassent soupirer de lassitude que ça ne te saute pas d’agacement à la gorge comme un caniche qui prend sa proie par surprise. C’est de la triche du bousillage de la bonne humeur, si tu veux mon humble avis.
Non, les morceaux qui sont particulièrement efficaces, à mon humble avis, pour bousiller la bonne humeur, ce sont les autres. Celles que tu commences par bien aimer, ou bien celles que tu mets en réveil et qui du coup, te traumatise… Revenons ensemble sur ces chansons qui mettent à mal ta joie de vivre.
Une liste non exhaustive et tout à fait subjective qui ne concerne que moi.
Catégorie « tant de bonne humeur accentue ma mauvaise humeur »
À certains moments (plus ou moins souvent selon les personnes), on peut être de mauvaise humeur, qu’on ait eu besoin de raisons extérieures ou qu’on soit simplement sporadiquement ronchons.
En premier, je mets le très connu Don’t Worry Be Happy (Ne t’inquiète pas, sois heureux) de Bobby McFerrin, cet hymne à la détente, toute en pépouzerie et en sourire dans la voix. Oui mais alors mon petit Bobby, si je puis me permettre de t’appeler Bobby, je m’inquiète si je veux, et j’aime pas qu’on me donne des ordres à l’impératif pour quoique ce soit, pas plus pour me faire arrêter de manger des chips que pour me forcer à être heureuse (même si je le suis).
Mais je veux dire, aucune petite onomatopée, aucune voix chaude et douce, aucun claquement de doigts ne me fera cesser de m’inquiéter quand je réalise que j’ai oublié mon téléphone à la caisse du Franprix, ou que je viens de regarder mon compte en banque un 28 du mois. Sincèrement, tomber sur cette chanson quand t’es en train de faire ta déclaration d’impôts, c’est l’implosion de mauvaise humeur avec option viscères qui se dilatent. Enfin, en ce qui me concerne, bien sûr : plein de gens adorent cette chanson, parfois même au point de la mettre en sonnerie de téléphone et qui suis-je pour juger ?
Moi ça me fait cet effet là. Tu sais, pour moi, c’est un peu comme si je réalisais que j’ai une gastro alors que je suis dans le métro bloqué entre deux stations et que quelqu’un me mettait la main sur l’épaule et me disait « ça va bien se passer ». Ça calme moyen, je trouve. C’est trop abstrait, « t’inquiète pas » ou « ça va aller », c’est pas assez concret pour rassurer.
Autre chanson de cette catégorie à mes yeux : Lemon Tree, de Fool’s Garden. Cette fois, rien à voir avec les paroles (qui sont ici bien plus négatives puisqu’on parle assez clairement d’une rupture, à base de « rien ne se passe jamais » de « je perds mon temps, j’ai rien à faire », de « je me sens si seul, je t’attends »), mais plutôt la musique sautillante, les petits bruitages, et le fait qu’une fois que tu entends deux notes tu l’as pour toute l’année dans la tête. Et ce qui m’agace le plus, et fout un coup supplémentaire dans la fourmilière de ma mauvaise humeur, c’est que je dois dire qu’en plus de m’énerver, cette chanson, elle me plaît un peu.
Tiens, je t’invite à la ré-écouter en relisant les paroles en Comic Sans :
Niveau de bousillade de mauvaise humeur pour ma personne : level énorme mention laisse-moi tranquille
Catégorie « J’ADORE CETTE CHANSON JE VAIS DANSER DESS- ah non »
D’autres chansons sont profondément efficaces. Tellement efficaces que, si tu es comme moi, tu les écoutes beaucoup de fois dans une seule et même journée, en gigotant en rythme sur ta chaise, le coeur légèrement battant. Ces chansons nous plaisent, ces chansons nous donnent envie de bootyshaker dans la salle de bains en faisant la moue faussement insolente qu’ont les chanteuses à la cool. Souvent, ces chansons sont d’ailleurs accompagnées de clip dans lesquels les gens dansent.
Une des chansons qui me fait cet effet, c’est – c’est incroyable, quelle originalité, remettez-moi le Disque d’Or de la singularité du goût musical – Uptown Funk. Vraiment, quand je marchais dans la rue, quand je me brossais les dents ou faisais sauter les points noirs en l’écoutant, j’étais comme une dingue, j’avais hâte d’aller en soirée pour danser dessus.
Et puis le jour est arrivé où je suis allée en soirée – une soirée où tout le monde dansait – et où j’ai reconnu les premières notes de Uptown Funk. J’étais comme une dingue : c’était MON moment !
Jusqu’à ce que je réalise qu’en réalité, avec mes piètres qualités de danseuse et le rythme finalement un peu lent de la chanson, c’était un exercice bien compliqué pour moi. Alors cette chanson, je continue de l’aimer, c’est vrai, mais elle me frustre pas mal, parce que je voudrais m’éclater dessus alors que je me contente de faire des mouvements nuls en fronçant les sourcils, bien trop consciente de ce à quoi je ressemble vu de l’extérieur.
Ça me fait un peu comme Man I Feel Like a Woman de Shania Twain, qui me fait crier « J’ADORE CETTE CHANSON » avant de commencer à danser jusqu’à ce que je finisse par faire les cent pas en rythme avec un air mi-sassy
mi-gêné sur la piste en faisant du playback en yaourt sur les paroles.
Niveau de bousillade de mauvaise humeur pour ma personne : level frustrant
Catégorie « Cette chanson passe partout et ça me fait gonfler les gonades »
Quand une chanson marche bien, quand elle est efficace et rondement menée, elle passe partout. T’allumes la radio ? Tu l’entends. Tu zappes un dimanche après-midi et tombes sur D&co ? Tu l’entends. Tu vas dans un bar ? Tu l’entends. Une voiture passe à côté de toi, fenêtre ouverte ? Tu l’entends. Une voiture passe à côté de toi, roule rapidement dans une flaque et t’éclabousses tandis que le conducteur t’insulte ? C’est cette musique qui passe. C’est sûr.
Moi, ma kryptonite, celle que vraiment, je ne supporte plus, d’autant plus que je ne la supportais pas quand elle est sortie, celle dont j’ai même du mal à dire le nom parce que c’est mon Voldemort à moi, c’est Move Like Jaegger, de Maroon 5.
Ça fait bientôt quatre ans.
Bientôt quatre ans que je l’entends. Partout. Tout le temps. J’ai envie de demander au monde entier de passer à autre chose, mais qu’y puis-je, QU’Y PUIS-JE ? Je me sens impuissante. Je n’aimais déjà pas tellement la voix d’Adam Levine (selon des goûts très personnels qui sont les miens), désormais, la moindre tessiture s’apparentant à la sienne me file des frissons d’angoisse.
Niveau de bousillade de mauvaise humeur pour ma personne : level maximum mention gonades cassées
Catégorie « Je ne suis pas sûre de comprendre ce revirement de carrière »
Parfois, on aime des chanteurs, chanteuses ou groupes. On les aime si fort qu’on n’envisage pas qu’ils puissent un jour ne plus correspondre à nos goûts. Et pourtant, ça arrive bien souvent.
Déjà parce que nos goûts changent : un-e artiste dont on a aimé la musique quand on était petites deviendra peut-être un jour la honte de nos souvenirs musicaux d’enfance. C’est dans l’ordre des choses, à l’image des peluches-doudous qu’on finit par délaisser et de certains jeans fantaisie qu’on arrête un jour d’acheter parce qu’on a grandi.
Et puis il y a les artistes qu’on ne s’était pas préparé à ne plus aimer, et qui ont simplement eu envie de changer de style musical (souvent avec succès). Dans mon cas, c’est Britney Spears. Je pense que j’aurais pu continuer à aimer sa musique encore longtemps, mettant parfois Spotify en écoute privée pour que les gens ne sachent pas combien de ses chansons je suis capable de me passer à la suite. Elle est mon plaisir musical coupable. Enfin non, en vrai, rien à voir, je ne culpabilise pas une seule seconde : elle a fait mille tubes accrocheurs et a su rester tellement attachante, que je n’ai pas honte d’avoir à nouveau 9 ans quand je ré-entends Baby One More Time.
Et puis y a eu son album Blackout, en 2007, porté par le premier single extrait, Gimme More. Avant de l’écouter, au moment de l’annonce, j’étais toute jouasse. Les premières secondes m’ont suffit. Bim : le désamour musical. D’un coup. (Mais seulement musical, parce que c’était en plein milieu de sa période sombre et que j’avais envie de lui envoyer des fleurs et son plat préféré en colissimo).
Et puis, y a eu Scream & Shout et Work B*tch et alors là c’était fini, merci mais non merci : Britoune et moi n’étions plus faites pour nous croiser sur la route de la longueur d’ondes musicales. Mais humainement, je trouve toujours que c’est elle qui a l’air d’être une des plus fantastiques.
Niveau de bousillade de mauvaise humeur pour ma personne : level moyen mention désamour
À ton tour, maintenant : c’est quoi, tes chansons bousilleuses de bonne humeur ?
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