mesdemoiZelles, si en septembre dernier vous avez juré de faire du vélo, du jogging et des squats toute l’année, si vous avez promis de manger des trucs sains, si vous avez affirmé que la clope, ce n’était plus pour vous, si vous avez entrepris d’utiliser votre brosse à dents électrique tous les soirs, si vous vous êtes dit que cette année, vous serez calife à la place du calife…
Bref, si en septembre dernier vous avez pris une flopée de bonnes résolutions, combien de temps vous faudra-t-il pour former ces nouvelles habitudes ?
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Philippa Lally, chercheuse en psychologie sociale, propose une réponse dans une recherche publiée pour le European Journal of Social Psychology : pour elle, il « suffirait » de 66 jours en moyenne pour abandonner une habitude ou en adopter une nouvelle.
Autrement dit, si vous avez décidé à la fin de l’été de vous mettre au sport, ou de vous presser une orange chaque matin, vous devriez aujourd’hui savoir si ces comportements sont devenus des habitudes !
Une recherche sur nos résolutions
Pour parvenir à ce constat, Philippa Lally et son équipe (2009) ont observé 96 personnes pendant plusieurs mois. Au début de l’expérience, ces personnes souhaitaient adopter une nouvelle habitude (manger un fruit après chaque repas, courir au moins 15 minutes chaque jour…).
Les habitudes peuvent être définies comme des comportements qui sont réalisés automatiquement parce qu’ils ont été réalisés fréquemment dans le passé. En fait, la répétition crée une association mentale entre une situation (le signal) et une action (le comportement). Du coup, lorsque l’on rencontre le signal, le comportement est réalisé automatiquement.
Par exemple, vous pensez avoir l’habitude de fumer une clope après le repas. Dans cette situation, la fin du repas est votre signal, et fumer une cigarette est votre comportement. Lorsque vous finissez de manger, vous allumez votre clope sans même y penser – c’est un comportement « automatique ».
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Chaque jour, les chercheurs-es demandent aux participant-e-s de remplir un questionnaire évaluant la « force » de leur nouvelle habitude (Verplanken et Orbell, 2003), en répondant aux affirmations suivantes :
- Le comportement « X » est quelque chose que je fais fréquemment
- Que je fais automatiquement
- Que je fais sans en avoir conscience
- Si je ne le fais pas, je me sens « bizarre »
- Cela me demande un effort de ne pas le faire
- Le comportement « X » fait partie de ma routine quotidienne/hebdomadaire/mensuelle
- Je commence à faire le comportement « X » sans même réaliser que je le fais
- Je trouverais difficile de ne pas le faire…
Chaque jour, les sujets de l’expérience évaluent donc combien leurs nouveaux comportements leur semblent « automatiques ».
Lorsque les chercheurs-es examinent les réponses de participant-e-s, ils s’aperçoivent qu’une grande partie d’entre eux/elles atteignent un « plateau » dans l’évaluation du côté automatique du comportement après 66 jours. Pour le dire autrement, au bout de 66 jours en moyenne, les comportements deviennent automatiques (et ne deviendraient pas « plus automatiques » avec le temps). Bien sûr, cette observation est une moyenne : le nombre de jours peut varier en fonction des personnes (pour vous, ça peut être 48, pour moi, ça peut être 70…), des circonstances, du comportement à changer.
Disons que si je décide de boire un verre d’eau avant chaque repas, je peux acquérir cette habitude plus facilement que si je décidais de faire 48 pompes avant chaque petit-déjeuner…. Mais Philippa Lally insiste : si je fais quelque chose chaque jour, dans la même situation, ce comportement deviendra une réaction automatique en réponse à un signal.
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Finalement, pour briser ou créer une habitude, l’une des clés serait la répétition : nous aurions besoin de répéter le comportement dans la même situation, en face des mêmes signaux, pour qu’il puisse devenir une habitude. Cette répétition permettrait aussi au changement d’être moins difficile : si au jour 3, vous taper 5 minutes de course à pied vous semble chiant comme la mort, peut-être qu’au jour 42, l’exercice ne vous semblera plus insurmontable… et au jour 66, vous irez gambader dehors SANS MÊME Y PENSER !
Le truc, c’est que les nouvelles habitudes ne stoppent pas les anciennes, mais deviennent simplement de plus fortes influences sur votre comportement. Deux autres clés pour réussir à adopter de nouvelles habitudes pourraient être la persévérance et la bienveillance : si vous « loupez » votre truc un jour, ce n’est pas bien grave, recommencez le lendemain, gardez le cap des 66 jours – vous pouvez parvenir à modifier votre quotidien même en ayant séché votre cours de gym un soir.
Tu veux savoir ce que j’aimerais vraiment, moi ? Réussir à me lever un peu plus tôt, chaque jour, pour pouvoir prendre un petit-déjeuner. J’ai l’impression que c’est un peu nul, mais je n’y arrive jamais : tous les matins, je loupe le réveil, je loupe le petit-déj et ma journée commence dans le bordel. En septembre dernier, j’ai essayé de m’y mettre, et ça a duré environ 1,2 jours…
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Et toi, quelle habitude aimerais-tu instaurer dans ta vie quotidienne ? On se fait un challenge des 66 jours ?
Pour aller plus loin…
- Un communiqué de l’Université pour laquelle Philippa Lally a mené l’une de ses études
- L’article de Philippa Lally
- Un article du Huffington Post
- Un article de PsyBlog
- 10 astuces pour tenir nos résolutions
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Les Commentaires
Bilan mitigé pour moi, il n'y a aucun des points que j'ai suivi scrupuleusement... mais je ne perds pas espoir !
Je compte sur mon bullet journal pour me permettre de tenir mes objectifs de l'année... à voir si la nouvelle méthode fonctionne, au pire il faudra juste en trouver une autre.