Sans surprise, les effets du changement climatique ne sont pas les mêmes pour tout le monde. C’est ce que met en lumière un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Intitulé Unjust Climate, il montre que dans les zones rurales des pays en développement, les femmes et les personnes les plus précaires sont bien plus fortement affectées par les vagues de chaleur et les inondations.
Si cette conclusion n’a rien d’étonnant, le rapport permet en revanche d’estimer ces inégalités face au changement climatique, en apportant des chiffres éloquents.
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Une perte de revenus et d’opportunités économiques
L’étude s’est appuyée sur les données venant de 109 341 ménages (soit 950 millions de personnes) résidant dans 24 pays à revenus faibles et moyens. Ces données ont ensuite été croisées avec celles relevant les précipitations et les températures sur une période de 70 ans. Le résultat montre que les conditions météorologiques extrêmes, de plus en plus fréquentes depuis les quinze dernières années, affectent considérablement les revenus des sondés, et donc leur qualité de vie.
Ainsi, en cas de « stress thermique », les ménages dirigés par une femme accusent une perte de revenu supérieure de 8 % à ceux ayant un homme pour chef de famille. Cette perte est estimée à 3 % en cas d’inondation.
Si les températures moyennes augmentaient de seulement 1°C, ces femmes feraient face à une perte totale de revenus 34 % plus importante que les hommes. En cause, selon les auteurs de l’étude, des disparités importantes de productivité et de salaire dans l’agriculture entre femmes et hommes, encore accentuées par le changement climatique.
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Un accroissement des inégalités de genre
Parce qu’elles sont déjà défavorisées par rapport aux hommes, les femmes en milieu rural risquent d’avoir encore plus de mal à accéder à la propriété et aux services, et risquent de manquer d’opportunités économiques.
Du changement climatique, résulte donc un accroissement des inégalités de genre : parce qu’elles perdent en revenus du fait des inondations ou des températures extrêmes, les femmes sont plus enclines à occuper des postes moins rémunérés, à s’occuper davantage des tâches domestiques et à avoir plus de difficultés à supporter la charge de l’approvisionnement en eau, en carburant et en nourriture.
Un constat similaire est fait pour les ménages aux plus bas revenus, dont la précarité empêche les opportunités économiques et limite les possibilités de déménager pour échapper aux conditions climatiques extrêmes, pointent les auteurs du rapport de la FAO.
« Les différences sociales que créent la situation géographique, le niveau de ressource, le sexe et l’âge ont une forte incidence, encore mal comprise, sur la vulnérabilité des populations rurales aux effets de la crise climatique. Ces conclusions font ressortir la nécessité urgente de consacrer de plus amples ressources financières et d’accorder un soin politique particulier aux questions d’inclusion et de résilience dans les actions climatiques mondiales et nationales », a déclaré le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu.
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