Gênante. À côté de la plaque. Infantilisante. On ne sait pas trop par où commencer pour parler de la vidéo de sensibilisation au consentement qui a été vivement critiquée ces derniers jours en Australie, au point d’être complètement retirée.
On vous résume en quelques mots son contenu : une jeune femme et un jeune homme sirotent un milkshake. Elle lui propose de goûter son verre, il lui répond poliment qu’il préfère boire le sien. C’est alors que, sans crier gare, elle lui étale son milkshake sur le visage.
Destinée aux 10-12 ans et diffusée via le site The Good Society dans le cadre de Respect Matters, un programme de lutte contre les violences destiné aux enfants, la vidéo était censée montrer la question du consentement.
Évidemment on a tout de suite pensé à la vidéo où le consentement dans le cadre d’une relation sexuelle est expliqué grâce à une tasse de thé :
Alors qu’est-ce qui cloche avec cette vidéo de milkshakes ? Et bien, déjà : les milkshakes.
Trop de métaphores tue le message
Plusieurs expertes des violences sexuelles ont fait part de leur étonnement face à cette vidéo censée s’adresser aux jeunes, mais qui semblent les prendre pour des idiots.
« Les jeunes sont bien plus exigeants que ce contenu le laisse penser. Et le sexe et le consentement sont bien plus compliqués que des vidéos à propos de milkshakes et de requins à la plage », a estimé Karen Willis, éducatrice en prévention pour l’organisation End Rape On Campus Australia.
Comme s’il était impossible de parler de sexualité à des enfants, la vidéo prend le parti d’utiliser des métaphores et des euphémismes. On parle de sexe, mais surtout sans le montrer et sans dire le mot.
« On ne peut pas enseigner la logistique du sexe en parlant de petits oiseaux et d’abeilles et on ne peut pas enseigner les complexités du consentement avec des milkshakes », a aussi résumé Chanel Contos, une activiste australienne engagée pour une meilleure éducation sexuelle.
Une minimisation des violences sexuelles
Autre choix qui a aussi interpellé les féministes australiennes, celui d’avoir mis en scène une femme qui perpétue l’agression. Une façon de montrer que les hommes peuvent être aussi victimes de violences ?
Mais aussi une manière de mettre de côté les statistiques qui montrent que ce sont bien les femmes qui sont majoritairement victimes de violences sexuelles : en Australie, une femme sur cinq et un homme sur vingt a déjà subi des violences sexuelles. Les femmes sont plus susceptibles de subir des violences sexuelles de la part d’un ancien conjoint ou d’un petit ami ou petite amie.
Pour Grace Tame, militante qui défend les survivantes de viol, la vidéo « minimise l’expérience du traumatisme du viol » :
« Cela indique juste à quel point on ne prend pas cette question au sérieux. »
Sans oublier que d’autres éléments présents sur le site The Good Society laissent aussi songeurs, comme cette autre vidéo sur le consentement qui explique qu’éprouver du désir pour une personne peut être si intense « qu’on ne comprend pas ce qu’elle veut » :
« Parfois l’intensité de notre désir peut nous faire insister trop fort pour obtenir un oui ».
Expliquer qu’avoir des sentiments ou du désir est une excuse pour ne pas entendre un non, est-ce réellement ce qu’on a envie que des enfants entendent quand on leur apprend que « non, c’est non » ?
Même avec les meilleures intentions, et avec certaines ressources allant dans le sens d’une éducation sexuelle exempte de stéréotypes, cette campagne lancée par le gouvernement australien part d’un bien mauvais pied…
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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