La colombe de la paix avait peur de se faire plumer. Lors de l’investiture du président des États-Unis Joe Biden, Lady Gaga portait une tenue qui a marqué les esprits : une veste ajustée en cachemire bleu marine, piquée d’une énorme colombe dorée tout en relief, et d’une large jupe rouge en faille de soie lavée rouge.
Lady Gaga portait une robe gilet pare-balle pour chanter à l’investiture de Joe Biden
La chanteuse Lady Gaga vient de révéler dans un entretien accordé au Vogue Britannique de décembre 2021 — dont elle fait la couverture — que cette création signée Schiaparelli était en fait parée à l’épreuve des balles. Elle raconte ainsi dans cette bible de la mode :
« Cette journée est l’une des plus grandes fiertés de ma vie. Comme beaucoup de gens aux États-Unis, j’ai ressenti une profonde peur tant que Trump était président, et je raconterai sûrement à tous mes enfants ce passage du 45 au 46e président. […] Chanter dans une robe pare-balles Schiaparelli.
Je ne sais pas si les gens savent ça à mon sujet, mais si je n’étais pas ce que je suis aujourd’hui, j’aurais voulu être une journaliste de guerre. C’était l’un de mes rêves. Quand j’étais au Capitole, la veille de l’investiture, je me souviens m’être promenée et chercher des preuves de l’insurrection. »
« La mode peut vous donner des ailes », estime Lady Gaga
En plus de cette interview écrite, Lady Gaga a aussi accordé un entretien vidéo au Vogue britannique où elle revient sur tous les looks (dont la fameuse robe en viande). Elle développe ainsi au sujet de sa tenue d’investiture de janvier 2021 (à partir de 16 min 50 dans la vidéo ci-dessous) :
« C’est vraiment l’une des plus belles choses que j’aie pu porter. J’ai porté cette création Schiaparelli pour l’investiture.
Personne ne s’en est rendu compte mais c’était une robe pare-balle. Dès que j’ai vu cette colombe dorée, j’ai immédiatement su que c’était la bonne pièce à porter.
Je savais que Schiaparelli est une maison italienne de mode. Alors ça me semblait d’autant plus important d’en porter pour mon héritage en tant que femme Italienne-Américaine invitée à chanter le départ du président 45 et l’arrivée du 46. »
Accompagnée jusqu’à la scène par un membre de la marine nationale, Lady Gaga a eu le temps d’exprimer sa nervosité, mais ses vêtements ont justement contribué à la faire se sentir en confiance pour chanter, poursuit-elle :
« Je me souviens aussi d’avoir parlé au jeune homme qui m’a escorté. Il m’a demandé si j’étais nerveuse. J’ai dit oui. Mais parfois la mode peut vous donner des ailes. Comme une colombe. »
Elsa Schiaparelli, une italienne arty qui a réussi à Paris puis aux États-Unis
Menée actuellement par l’étatsunien Daniel Roseberry, la maison Schiaparelli revient de plus en plus sur le devant de la scène mode. C’est Elsa Schiaparelli (1890-1973), alors migrante italienne issue d’une famille d’aristocrates et d’intellectuels, qui a fondé cette maison de mode à son nom en 1927.
La créatrice marque d’emblée les esprits en créant des pullovers tricotés main à motif ludique en trompe-l’oeil (notamment grâce à l’aide de couturières arméniennes réfugiées en France). Elle devient rapidement une concurrente de Gabrielle Chanel, alors au sommet de sa gloire. Si le grand public connaît peu son nom aujourd’hui, elle était pourtant très célèbre jusqu’à la fin des années 1950.
Elsa Schiaparelli chamboule profondément la haute couture, apportant des innovations techniques, mais aussi beaucoup d’humour et de pouvoir : c’est la première à utiliser des zips visibles, à cartonner avec ses licences (c’est-à-dire que d’autres fabricants puissent utiliser son nom de marque).
Elle développe dès les années 1930 des manteaux qu’elle qualifie de « hard chic » aux grosses épaulettes, si emblématiques des années 1980. Elle est proche de nombreux artistes de l’avant-garde de l’époque, comme Man Ray et Marcel Duchamp. Elle en fait même des collabs, comme un collier avec la toute première femme à obtenir le Goncourt, Elsa Triolet, Alberto Giacometti, et surtout Salvador Dali.
Contrainte à l’exil aux États-Unis en 1940, Elsa Schiparelli fait le voyage en épinglant sa broche préférée, une colombe, à sa veste. À New York, elle assure des conférences sur la mode et les femmes qui réunissent jusqu’à 34.000 personnes, et aide la France en guerre depuis New-York. Après la Seconde Guerre mondiale, elle embauche le jeune Hubert de Givenchy et quitte elle-même la mode en 1954.
Porter une colombe de la paix sur une veste pare-balle
Cette colombe avec un rameau d’olivier dans le bec, symboles de paix, venant d’une maison dont la fondatrice a été profondément marqué par la guerre, trouve donc un écho particulier sur la poitrine de Lady Gaga. Surtout sur une robe devant être pare-balle, événement sous haute-tension dans un pays plein d’armes à feu oblige.
D’ailleurs, les bénéfices des ventes de cette broche commercialisée (550€, quand même) par la maison vont d’ailleurs à la Born This Way Foundation, association menée par Lady Gaga et sa mère Cynthia Germanotta, vouée à la santé mentale des jeunes.
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Crédit photo de Une : Instagram de Schiaparelli.
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