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Cette nouvelle statue rend hommage à une héroïne de la lutte contre l'esclavage
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Cette première statue d’une femme noire à Paris honore une héroïne anti-esclavage, Solitude

C’est la première statue d’une femme noire à Paris et elle rend hommage à « la mulâtresse Solitude », née esclave, affranchie une première fois en 1794, avant que Napoléon Bonaparte ne rétablisse l’esclavage en 1802. Elle s’est battue, enceinte, jusqu’à sa mort, pour la liberté.

Le 10 mai 2022, c’était la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. Cette journée de commémoration se tient depuis 2006, instaurée par Jacques Chirac, en référence à la date d’adoption par le Parlement du texte définitif de la loi Taubira en 2001, qui fait de la traite négrière et de l’esclavage un crime contre l’humanité.

Pour marquer le coup cette année, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a inauguré une nouvelle statue en hommage à une héroïne de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe.

La première statue d’une femme noire à Paris

Elle se faisait surnommer « la mulâtresse Solitude » et les forces militaires coloniales de Napoléon Bonaparte l’ont exécutée il y a 220 ans. Et c’est désormais à Paris la première et seule statue d’une femme noire ayant existé véritablement (et non une allégorie). Elle se situe dans un jardin qui porte déjà son nom (inauguré en septembre 2020) dans le XVIIe arrondissement de la capitale.

C’est l’artiste Didier Audrat qui a sculpté la Guadeloupéenne, enceinte, dans une posture combative, l’air déterminé, un poing levé vers le ciel, tenant la Proclamation anti-esclavage du 10 mai 1802 de Louis Delgrès. Ce dernier était le chef de la résistance contre les troupes envoyées par Napoléon Bonaparte pour rétablir l’esclavage en Guadeloupe, en 1802, pourtant aboli une première fois en 1794 (soit quatre ans après l’adoption par l’Assemblée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen…). Assiégé avec ses troupes, Louis Delgrès se suicide le 28 mai 1802. Une seconde abolition, cette fois définitive, suivie de l’émancipation des esclaves, a finalement lieu le 27 avril 1848, par décret du Gouvernement provisoire de la République.

Qui était Solitude, héroïne guadeloupéenne contre le rétablissement de l’esclavage

Et cette abolition, qui nous concerne toutes et tous, doit beaucoup à l’héroïne guadeloupéenne Solitude, fraîchement honorée d’une nouvelle statue. Rosalie, de son vrai nom, est née vers 1772, fille d’une esclave africaine violée par un marin blanc sur un navire négrier qui la déportait vers les Antilles. On la considère donc, selon le vocabulaire raciste de l’époque, comme une mulâtresse (fille d’un parent blanc et d’un parent noir).

Rosalie grandit donc comme une esclave de maison jusqu’à la première abolition de l’esclavage, en 1794, quand elle a alors près de vingt ans. Sauf que Napoléon Bonaparte veut rétablir l’esclavage huit ans plus tard, et envoie des militaires pour imposer sa décision avec une extrême violence. Rosalie prend alors comme surnom de résistance Solitude, et participe, enceinte, à bien des combats pour défendre sa liberté, celle de son peuple, l’abolition, et les valeurs de la République.

Mais Solitude et les autres insurgés finissent vaincus, arrêtés, et condamnés à mort par les troupes coloniales. Les forces coloniales de Bonaparte la pendent le 29 novembre 1802, le lendemain de son accouchement.

La statue de Solitude, dans le jardin Solitude, à Paris. © Joséphine Brueder / Ville de Paris
La statue de Solitude, dans le jardin Solitude, à Paris. © Joséphine Brueder / Ville de Paris

S’il existe près d’un millier de statues à Paris, dont une écrasante majorité d’hommes et seulement une quarantaine de femmes (en excluant les figures allégoriques et mythologiques), cette sculpture représente donc la première et seule d’une femme noire dans la capitale. Dans sa solitude éternelle, elle nous met ainsi face à notre devoir de mémoire de ce crime contre l’humanité.

Le jardin Solitude est un espace vert situé Place du Général Catroux, 75017 Paris. C’est là que trône désormais la statue de l’héroïne guadeloupéenne de la résistance contre l’esclavage.

À lire aussi : Pourquoi les photos d’Adeline Rapon sur les clichés autour des Antillaises m’ont tant ému

Crédit photo de Une : Joséphine Brueder / Ville de Paris


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