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"@presleykp.fit / Instagram"
Féminisme

Cette pompière a été virée à cause de son compte Instagram « trop provoc »

Peut-on être une femme, être pompière, et poster des photos en legging de sport moulant ? Visiblement non. Mais Presley Pritchard ne compte pas se laisser faire.

Les années passent mais une vérité reste malheureusement d’actualité : être une femme, parfois, c’est foutrement chiant.

Tu veux sauver des vies, éteindre des incendies, ET kiffer ton fessier musclé par tes heures de fitness ? Garde la pêche parce que le monde va bien te casser les pieds.

Presley Pritchard, de la caserne de pompiers à la salle de fitness

Presley Pritchard, 27 ans, est pompière et sauveteuse dans l’État du Colorado, aux États-Unis.

Sur son compte Instagram très suivi, car elle est aussi influenceuse fitness, elle mêle son boulot et ses passions : camion de pompier, salle de sport et stand de tir se côtoient.

Presley sculpte son corps, elle en est fière et pose régulièrement dans des leggings moulants qui mettent en avant ses muscles, son fessier, sa poitrine. Après tout, c’est son droit, non ?

Eh bien, non. Enfin si, mais pas pour tout le monde.

Crois bien que si je passais des années à bosser pour avoir un tel cul tu le verrais PARTOUT !

Une pompière licenciée pour ses photos sexy sur Instagram

Comme l’explique VICE,  qui a consacré un article au cas de la pompière et l’a interviewée :

« Sa hiérarchie à commencer à lui adresser d’étranges plaintes concernant son usage des réseaux sociaux : ses posts étaient trop provoc, elle détournait le matériel de la caserne en l’incluant dans ses contenus, etc.

Pritchard travaillait là depuis deux ans au moment où les plaintes ont commencé, et a tenté de se plier aux critiques contradictoires qui semblaient ne jamais viser ses collègues masculins.

Jusqu’à ce qu’un jour, en revenant de congés, elle se retrouve licenciée par son supérieur, pour avoir enfreint une règle d’utilisation des réseaux sociaux… qui selon elle n’existait pas. »

Le double standard pompier / pompière

Selon Presley Pritchard, le contenu « trop provocateur » sur son compte était largement comparable à celui posté par certains de ses collègues masculins, friands de photos torse nu à la salle de sport.

Elle cite également le fait que deux collègues ayant posté des publications haineuses ou conspirationnistes sur Facebook n’ont pas été blâmés, ni même contactés par la direction.

Dommage pour l’excuse « ça donne une mauvaise image du département »…

Mais c’est surtout ce double standard concernant les corps des femmes et des hommes qui met la pompière hors d’elle :

« C’est juste… tellement hypocrite. Ça craint tellement, on voit des pompiers se balader avec leurs calendriers de pompiers sexy, mais si les pompières faisaient ça, elles seraient lapidées. Tout le monde les traiterait de salopes, de putes.

Mais pour les mecs, ça passe. Tout comme ça passait, pour mes collègues masculins, de poster des photos d’eux à la salle. »

Clairement, que ce soit aux États-Unis ou en France, le « fantasme du pompier » est bien connu. Certains en jouent pour récolter des fonds… et/ou pour draguer !

Mais quand il s’agit des femmes, le regard des gens changent.

La problématique du sexisme dans le milieu des pompiers avait déjà été abordée dans ce témoignage d’une pompière volontaire publié sur Rockie.

La lectrice l’ayant rédigé faisait état d’une ambiance machiste, de gestes sexuels, de slut-shaming

Autant d’éléments sexistes qui ont fini par la dégoûter, pendant un moment, de son engagement — jusqu’à ce qu’elle ait le courage de rejoindre une autre caserne, peuplée de collègues et de supérieurs bienveillants.

La pompière conteste son licenciement

C’est en août 2019 que Presley Pritchard a été virée.

Sa hiérarchie lui avait donné 5 jours pour supprimer des posts de son Instagram, ce qu’elle n’a pas fait : après avoir consulté un avocat, elle a réalisé qu’aucune mention des réseaux sociaux n’apparaissait sur son contrat.

En d’autres termes, elle n’était en aucun cas légalement obligée d’accéder à cette demande.

Ses supérieurs ont également prétendu qu’elle détournait le matériel et la réputation du département pour se faire de l’argent sur Instagram, mais elle leur a rétorqué, preuves à l’appui, que seuls certains de ses posts étaient sponsorisés.

Et ce ne sont évidemment pas ceux sur lesquels elle apparaît en uniforme de pompière, à la caserne, etc., mais plutôt des clichés à la salle de sport, vantant des boissons énergétiques et autres compléments alimentaires.

Pour Presley Pritchard, son licenciement est sans aucun doute motivé par le sexisme. Elle a donc décidé de le contester. En décembre 2019, la pompière a attaqué en justice son ancien département, pour licenciement abusif et discrimination basée sur le genre.

Et pour elle, ce procès va au-delà de son simple cas particulier :

« Tout le monde sait que c’est comme ça dans les casernes, et dans l’armée, et dans les forces de l’ordre.

Chaque jour je reçois des messages de filles me disant « Je suis harcelée au quotidien, les mecs me disent que je ne peux pas faire mon boulot, ils se moquent de moi, ils font des réflexions sur l’allure de mes fesses dans mon uniforme ». […]

C’est important que quelqu’un se lève et prenne la parole, et moi je m’en fous ! On peut me dire ce qu’on veut, j’ai le cuir épais. Ce n’est pas le cas de tout le monde. »

En attendant que la justice fasse (je l’espère) son travail, Presley Pritchard suit des formations pour gagner en compétences, et s’exprime librement sur ce qu’elle a vécu.

C’est grâce à ce genre de prise de parole que les choses changent, jusqu’à ce qu’un jour aucune pompière ne soit traitée différemment par sa hiérarchie, ses collègues, ou la société. Aucune pompière ? Non, j’irai plus loin : aucune femme !

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