Qui aurait pensé que faire manger plus de légumes aux enfants pouvait provoquer autant de cris d’orfraie ?
À partir d’aujourd’hui, les écoles de Lyon serviront aux enfants des repas uniques sans viande. Une démarche destinée à lutter contre le gaspillage alimentaire et les émissions de CO2, à favoriser la production locale, mais aussi mise en place dans le cadre des mesures sanitaires dans les écoles.
Plutôt une bonne initiative à vue de nez ? Sauf que depuis hier, plusieurs hommes politiques s’inquiètent et s’indignent contre cette volonté de réduire la consommation de viande dans les écoles :
Vous reprendrez bien un peu d’idéologie avec votre élitisme ? Et votre écologisme extrémiste, je vous le sers dessus ou sur le côté de l’assiette ? Tant de violence contre les choux de Bruxelles et les topinambours, avouez qu’on ne s’y attendait pas.
D’autant que, la mesure n’est pas nouvelle, c’est même l’ancien maire de Lyon Gérard Collomb, ex-ministre de l’Intérieur de Macron, qui avait initié la démarche au printemps 2020
… sans que quiconque n’y trouve à redire.
Le maire de Lyon Grégory Doucet ne s’est pas privé de le rappeler. À croire que cette polémique montée en mayonnaise par certains membres du gouvernement n’est là que pour taper sur la mairie écologiste lyonnaise, peu importe le prétexte…
Dresser les agriculteurs contre les écolos : la stratégie de la droite ?
Regardons de plus près leurs arguments. En faisant passer cette mesure pour une insulte aux agriculteurs et aux bouchers, Gérald Darmanin joue sur les irréconciliables pour les opposer encore plus : la ville versus les territoires ruraux, les urbains mangeurs de graines versus les paysans qui ont les pieds dans la terre et le sens des réalités. La caricature est un peu lourde… mais elle marche.
Cet après-midi, une manifestation d’agriculteurs, soutenue par les élus de l’opposition, a justement lieu devant la mairie de Lyon. La polémique occulte finalement la démarche, on parle plus des réactions outrées à la décision de la mairie lyonnaise, et moins de la décision elle-même et de ses bénéfices pour l’ensemble des écoliers et pour l’environnement.
Derrière les menus sans viande, la question de la laïcité à la cantine
N’oublions pas non plus que les polémiques sur le contenu des menus des cantines scolaires sont régulières et ce ne sont pas les légumes en eux-mêmes qui font débat. Par exemple, à Chalon-sur-Saône en 2015, le conseil municipal avait interdit les repas de substitution pour les élèves ne mangeant pas de porc, arguant que cela était contraire aux principes de laïcité.
Le Conseil d’État avait finalement tranché : les collectivités ne sont pas tenues de proposer des repas de substitution, mais rien ne leur interdit non plus de les mettre en place.
Ce qu’il y a de bien avec les menus sans viande, c’est qu’ils représentent une alternative qui permet de s’adapter à l’ensemble des enfants, que ce soit au regard des allergies alimentaires comme aux restrictions liées à leur religion.
À lire aussi : Quand le lobby de la viande prétend défendre le flexitarisme
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Les Commentaires
Quand je bossais au mac do, une dame venait souvent nous demander si on utlisait de l'huile d'arachide pour les frites, et mon manager lui répondait à chaque fois que non, c'était du colza justement pour les allergies.
Sinon je me souviens qu'on avait des panneaux précisant que tel aliment présentait un allergène au collège, et que les allergies étaient recensés en primaire (mais très minoritaires, cela concernait généralement un enfant ou deux sur toute l'école). Et cela concernait surtout les dessert (on avait toujours une alternative, généralement des fruits, au sirop ou non), et quelques entrées (rare). Jamais le plat principal.
(C'est mon expérience perso, comme quoi elles diffèrent suivant la gestion des cantines, des époques...)
Tandis que la viande, jamais aucune alternative en plat principal, très rarement en entrée... Un enfant peut se passer de dessert, ce n'est pas dramatique, surtout lorsqu'il y a en plus fromage ou yaourt, le plat principal c'est plus compliqué, et la viande aujourd'hui, entre les interdictions religieuses et le végétarisme ce n'est plus une exception.
Il y avait énormément d'enfants musulmans dans mon école et collège et une alternative (pas végétarienne cependant) était toujours prévue quand il y avait du porc au menu. Idem pour ceux/celles qui mangeaient hallal.