« Eh bah, t’as pris ta journée ! » Qui n’a jamais entendu ce genre de remarque, faussement inoffensive, lancée par un collègue bien relou qui veut à tout prix vous faire payer le fait de devoir partir à 17 heures chercher les enfants à l’école, et donc enchaîner un tas de corvées après votre journée déjà bien remplie au bureau ? Le nouveau baromètre #StOpE (Stop au sexisme ordinaire en entreprise), dévoilé jeudi 15 juin 2023, montre que ce genre de commentaire est monnaie courante : 8 femmes sur 10 subissent régulièrement du sexisme ordinaire au travail, que ce soit dans les attitudes de leurs collègues ou les prises de décision qui les impactent. Cette enquête, menée auprès de 90 000 salariés, met en évidence la constance de ces inégalités, « inchangé[es] depuis deux ans » et vécues « par toutes les générations ».
Creuser les inégalités dans le monde du travail
Invitée ce jeudi sur France Inter pour commenter les conclusions du baromètre, Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle et ancienne présidente du Haut conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, est revenue sur la définition du sexisme ordinaire : il s’agit de « ces gestes, ces mots et ces comportements qui l’air de rien, de façon insidieuse et sournoise, délégitiment et disqualifient les femmes dans le monde du travail ». Et d’ajouter : « C’est un sexisme quotidien qui parfois ne se voit pas ».
Blagues sexistes, remarques dénigrantes telles que « tu n’as pas les épaules pour ça » ou commentaires déplacés du genre « tu vas encore te prendre trois mois de vacances » à l’annonce d’une grossesse… Tous ces mécanismes participent à creuser le fossé des inégalités au travail. Brigitte Grésy identifie quatre bastions de ce sexisme ordinaire : « l’attitude au management des femmes avec ce mythe du leadership au féminin où on essaie d’essentialiser des compétences des femmes qui seraient douces et empathiques ; la maternité ; les inégalités professionnelles ; et les incivilités quotidiennes comme les blagues, les injonctions paradoxales, les incivilités en réunion quand on coupe la parole ».
Des chiffres édifiants
6 femmes sur 10 disent affirment être l’objet de « propos dégradants s’appuyant sur des représentations stéréotypées de la féminité », trois quarts des interrogées disent être régulièrement destinataires de « blagues » sexistes et 7 répondantes sur 10 ont déjà eu le droit a des commentaires non sollicités sur leur maternité, présentée comme un problème ou un handicap pour leur carrière.
Concernant leurs opportunités d’évolution professionnelle, 50 % des femmes interrogées expliquent avoir déjà été freinées en raison de leur genre. 36 % se sont vu refuser des primes ou des augmentations, 31 % n’ont pas eu la promotion méritée. Le chemin est long.
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