En 2021, on aura réussi à mettre le feu à l’océan.
Ce vendredi 2 juillet, une fuite de gaz dans un pipeline a provoqué un spectacle incroyable, qui serait presque beau s’il n’était pas aussi effrayant : une ébullition enflammée à la surface de l’eau. Un chaudron infernal sous nos yeux ébahis, l’Oeil de Sauron en vrai de vrai, un véritable Ring of Fire, comme aurait dit Johnny Cash.
L’incendie a été maîtrisé au bout de cinq heures, mais on ignore encore les conséquences de la fuite de gaz pour la faune et la flore du golfe du Mexique. D’autant que c’est loin d’être la première fois qu’une catastrophe liée au forage en haute mer se produit dans la région…
L’entreprise mexicaine Pemex, qui détient la plateforme où s’est produite la fuite, traîne visiblement quelques casseroles en matière d’accidents industriels. Ce qui est un tout petit peu inquiétant quand on est une compagnie pétrolière.
Un incendie maitrisé, mais un accident qui selon les défenseurs de l’environnement ne fait que montrer la dangerosité de l’extraction des énergies fossiles : « Les images effrayantes du golfe du Mexique montrent au monde que le forage en mer est polluant et dangereux. Ces horribles accidents vont continuer à endommager le Golfe si on ne met pas fin à cette pratique une fois pour toutes », estime Miyoko Sakashita, directrice du programme dédié aux océans pour le Center for Biological Diversity.
https://twitter.com/Marcel_Gehlen/status/1411250869958582276?s=20
« 2018 : la Californie est en feu 2019 : l’Arctique est en feu 2020 : l’Antarctique est en feu 2021 : l’Océan est en feu
On est littéralement — pas métaphoriquement — ce meme. »
Aussi terribles soient ces images, elles ont aussi un potentiel de LOL qu’on s’en voudrait de ne pas exploiter : de petits bateaux qui ARROSENT LA MER pour empêcher un feu de se répandre. C’est tout bonnement de la chair à memes !
« Ces poissons dans le Golf du Mexique »
« Le grand feu dans le golfe du Mexique est maintenant bloqué dans le canal de Suez »
« Mère Nature en train de regarder le golfe du Mexique en feu »
« L’agent de Mark Wahlberg en train de mater le feu du golfe du Mexique »
(Petite référence à Deepwater, film d’action inspiré de l’histoire vraie de l’explosion de la plateforme pétrolière du même nom en 2010).
Peut-on rire du dérèglement climatique et de toutes ces catastrophes imminentes ?
Mais doit-on plaisanter de ces catastrophes qui ne font rien de moins que nous rappeler que la situation est hautement critique, si l’on s’en tient aux conclusions du rapport du GIEC ? Peut-on vraiment en rire, alors qu’à défaut d’en pleurer, on pourrait fixer le vide en position fœtale et attendre que le temps passe inexorablement ?
« La comédie exploite les failles dans les arguments. Elle se faufile, elle donne de petits coups, elle tâtonne, elle titille et attire notre attention sur l’incongru, l’hypocrite, le faux et le prétentieux. Cela permet de rendre plus accessibles les dimensions complexes du changement climatique et rend les défis qu’il pose moins insurmontables. »
C’est ce qu’a observé Maxwell Boykoff, professeur en études environnementales et auteur de Creative (Climate) Communications. Il a également noté que le rire rend possible l’action, alors que les discours alarmistes et pessimistes la freinent. Alors qu’on pourrait croire au premier abord que l’on banalise l’urgence climatique par des memes ou des sketchs, au point d’en oublier ses conséquences directes sur nos vies, c’est finalement le contraire qui se produit, selon ce spécialiste :
« Une approche comique pourrait donner l’impression de trivialiser le changement climatique, qui a des implications de vie ou de mort pour des millions de gens, spécifiquement pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde. Mais le vrai danger serait que les gens arrêtent complètement de parler du problème, et ratent la possibilité de réimaginer et de s’engager activement dans leurs futurs communs. »
Pour ma part, j’achète mes légumes dans une AMAP, j’ai arrêté la viande, je prends les transports en commun, mais en voyant cet immense cratère liquide, bouillonnant, je ne peux m’empêcher de me demander : à quoi bon, si les industries continuent de faire n’importe quoi ?
Le rire nous permet aussi d’extérioriser aussi notre propre sentiment d’impuissance, notre envie d’agir par de petits gestes à notre portée, qui se heurte à un mur de conséquences cataclysmiques. Et c’est déjà en soi une réaction.
« Plus de pailles en plastique, éteindre son air conditionné, recycler » versus « le désastre climatique du fait du capitalisme débridé ».
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Les Commentaires
La censure est-elle une solution pour forcer les gens à prendre conscience du désastre écologique actuel ?
perso, je n'en suis pas sûre