L’éducation sexuelle, ce n’est pas toujours ça en France. Les trois séances annuelles obligatoires dans les établissements scolaires font parfois davantage figures d’anecdotes que d’enseignements utiles. Au mieux, pour les élèves qui ont la chance de réellement assister à ces leçons, c’est trop souvent l’opportunité de ricaner entre copains sur des schémas de vulves dépourvues de clitoris.
Du côté des enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et/ou issus de foyers familiaux dysfonctionnels, c’est encore pire… Ces jeunes sont souvent amenés à reproduire des schémas toxiques et n’ont pas toujours accès aux informations basiques concernant l’éducation sexuelle.
C’est aussi le constat qu’ont fait les travailleurs et travailleuses sociaux de la Maison d’enfants de Douai, une structure d’accueil de l’ASE, dans le Nord. Portée par l’association Temps de Vie et avec l’aide d’une société qui développe des dispositifs de formation, l’établissement a créé une application mobile ludique, Numéricorps, pour apprendre à ces petits les b.a.-ba de la sexualité, sans tabou ni jugement moral.
Une éducation sexuelle particulièrement défaillante
Selon 20 Minutes, qui rapporte la sortie du dispositif :
« Dans leur vie sexuelle et affective, ces enfants ont tendance à reproduire les schémas familiaux qu’ils ont pour seule référence, les conduisant à adopter des comportements inappropriés, voire bien pire. »
La Maison d’enfants de Douai accueille 50 jeunes défavorisés issus du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Âgés de 3 à 18 ans, ils et elles ont été placés par la justice, n’ont souvent pas eu accès à une éducation optimale et ont été témoins de comportements inadaptés (notamment des violences sexuelles).
Pour toutes ces raisons, l’application Numéricorps est d’une aide précieuse.
Il y a quelques années, l’établissement de Douai avait déjà mis en place un référentiel intitulé Vie affective et sexuelle des Enfants de 3 à 18 ans destiné au personnel devant gérer les problèmes liés à « l’éducation sexuelle et affective des enfants ».
Cette fois-ci, l’application mobile permet aux enfants eux-mêmes — toujours accompagnés du personnel de la Maison d’enfants — de prendre en main cette éducation, et d’en découvrir les bases à travers des scénarios et des personnages accessibles et divertissants.
Les enfants de moins de 11 ans ne sont pas autorisés à surfer seuls dans le monde parallèle de Numéricorps, et même les plus âgés devront suivre une séance avec un pro ou un psychologue après l’utilisation de l’appli, histoire de faire le point ou de répondre aux éventuelles questions.
Un accompagnement indispensable pour des enfants qui ont pu subir des « pratiques anormales », comme le confie l’infirmière de la Maison d’enfants, Stéphanie Hollande, à 20 Minutes. D’ailleurs, l’outil a été testé et approuvé par un « médecin du centre de planification familiale et a une conseillère conjugale ».
Des petits aliens pour apprendre le sexe aux enfants
Sur les smartphones, le dispositif met en scène des aliens qui atterrissent sur Terre et explorent les rudiments du corps humain et de la sexualité. Une manière simple et neutre de faire passer le message aux plus jeunes.
Mais Numéricorps ne se contente pas de faire le tour des appareils génitaux et de la reproduction. Les petits hommes verts découvrent en même temps que les enfants placés ce qu’est le consentement, la contraception, les IST ou encore la grossesse.
Le projet devrait bientôt être disponible dans d’autres Maisons d’enfants, pour, on l’espère, toucher plus de jeunes !
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Crédits photos : Katerina Holmes et Andrea Piacquadio (Pexels)
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Les Commentaires
Bon, et puis petit souvenir ému (non) pour l'infirmière scolaire qui nous avait expliqué en cours d'éducation à la sexualité que nos options pour nous défendre en cas de viol étaient limitées parce "qu'attention hein si vous lui faites trop mal ça peut être vous qui allez en prison..." Ça m'a bien bloquée a posteriori, toujours peur de "trop" me défendre... ^^' Bref un outil adapté serait mieux que ces pseudo cours d'éducation sexuelle par des personnels mal formés voire dangereux