Le 14 décembre 2020
Dans la vie je déteste plein de choses.
Notamment le Nouvel An. C’est comme ça et je n’ai aucune envie de changer d’avis.
J’ai longtemps fait semblant de kiffer le Nouvel An
Le réveillon me rappelle un peu cette meuf que tout le monde trouve géniale au lycée. Tu essaies de sympathiser avec elle en tentant de lui trouver des qualités, et tu t’aperçois que c’est le plus gros sac à merde avec un piercing à la lèvre (j’étais au lycée début 2000, ceci explique cela) que la Terre ait porté.
Du coup, t’arrête de forcer et t’aimerais que tes autres potes s’aperçoivent de la même chose mais ils ne comprennent pas.
Du coup, tu te tais en attendant que tes amis ouvrent les yeux mais ce jour-là n’arrive jamais. Tu fais donc semblant de la kiffer sans convictions, parce que tu es ado et c’est dur d’avoir de la personnalité en pleine puberté.
Sauf que là j’ai 34 ans, et je n’ai plus peur de le dire.
Je te hais, Nouvel An.
Je peux pas te blairer.
Et je me souviens quand tout a commencé. Quand la haine est née dans mon petit coeur fragile.
Un réveillon dans les sacs poubelles
Nous sommes en 2002. Il est 2 heures du matin, le plongeur qui était censé se taper toute la vaisselle des 100 clients du village-vacances que gèrent mes parents est aux abonnés absents
Et j’ai les deux mains dans l’omelette norvégienne.
Vous connaissez l’omelette norvégienne ? C’est un dessert tout pété/concept avec de la glace, toujours un peu fondu, toujours un peu bancal, que le cuisinier de l’établissement servait pour je ne sais quelle raison à chaque réveillon de fin d’année.
Pourquoi j’ai les mains dans ce gâteau ? Un client tout bourré a perdu son alliance, et il est persuadé qu’elle a été jetée par un serveur peu consciencieux avec les restes du dessert scandinave.
Il a fallu donc fouiller. Six sacs poubelle. De 150 litres. Avant de se taper la vaisselle de 100 personnes. Et alors que tous mes potes se prenaient des cuites à la 8.6 tiède en écoutant Björk ou les Strokes (je vous l’ai dit, début des années 2000 oblige), je vidais les ordures à tâtons les doigts dans le mou à la recherche de l’anneau, comme ce con de Gollum.
Je ne le sais pas encore, mais le client retrouvera le lendemain son alliance sur le rebord du lavabo de sa chambre. Ah bah ouais. C’est drôle hein ?
Non.
Putain de Nouvel An.
Le Nouvel An, toujours un flop
Depuis je voue une haine sans limites à cette date de l’angoisse.
Aucun bon souvenir à se remémorer la larme à l’œil. Pas de bisou au champagne en haut de l’Empire State Building, plutôt des chenilles ratées dans un 17 mètres carrés en lointaine banlieue parisienne sans RER.
C’est une déception constante. Un soufflé qui ne prend pas. Une reprise au kazou d’Hotel California.
Il y a cette fois où je me suis endormie comme une merde chez quelqu’un que je ne connaissais pas, la fois où M. a pété un plomb parce que quelqu’un avait bouché ses toilettes avec un pot de fleurs (véridique), les DEUX fois où à minuit j’étais dans la rue en essayant d’aller chez quelqu’un que j’aimais bof (ce sont toujours eux qui font les fêtes du Nouvel An, vos amis ont compris que si c’était pour se faire engueuler chez soi par des gens que l’on ne connaît pas, autant inviter Pascal Praud à un apéro dinatoire), les innombrables trajets en ligne de métro qui ressemblent à des films de zombie sans budget, ou encore celui de l’année dernière où mon père et ma sœur ronflaient devant Le Magicien d’Oz.
Je ne parlerai pas de celui au casino de Grasse ou j’ai perdu ma thune alors que mon père faisait dans la salle de réception des reprises de Careless Whisperer au saxo, ni celui chez mes copains de ma sœur — qui a dix ans de moins que moi — et où je me sentais comme votre mère à votre première boum.
Le Nouvel An, ma malédiction personnelle
Je le vis dorénavant comme une malédiction.
Je peux toucher mon nez avec ma langue mais impossible pour moi de m’amuser le 31 décembre. C’est comme ça. Je considère cette fête comme le climax des dates nulles et ne comprend pas les gens qui essaient de s’ambiancer en mode « nouvelle année, nouvelle vie ».
WOW les gens, le futur c’est pas une émission de William Carmimola, on est là pour souffrir.
Le premier janvier l’année est peut-être nouvelle, mais le vomi sur votre paillasson d’entrée laissé par votre voisin « toujours prêt pour la bamboche » a séché et il a attaché.
Bah ouais.
Et si vous n’avez pas de chance, comme moi, votre chien a peut-être tenté de le manger.
Ouvrez les yeux, BORDEL, c’est ça la réalité de la fin d’année.
Pourquoi je devrais kiffer ? Pourquoi je m’amuserai le Nouvel An ?
D’où vient cette convention tacite qui ferait qu’on devrait absolument célébrer ce changement d’année comme si le meilleur était à venir ?
Dans une époque où il vaut mieux ne pas présager quoi que ce soit (vous l’aviez vu vous la pandémie ? Et la comédie musicale basée sur les morceaux de Michel Sardou ?) Je me dis, et je dis à cette nouvelle année :
Ferme-la et fais tes preuves.
On verra en juillet si ça vaut le coup de te célébrer.
Le Nouvel An comme au Pérou
Désolés pour vous et désolés à tous les amateurs d’omelette norvégienne qui attendent ce jour avec joie.
Mais perso, pour le Nouvel An, j’ai comme programme celui que m’a conseillé une esthéticienne. Au Pérou, dans son pays d’origine, les gens crament tout ce qui leur rappelle les mauvaises vibes de l’année passée : les clopes si vous avez arrêté de fumer, les fringues de votre ex, les bouquins nuls.
Si vous me cherchez le 31 décembre, je serai donc à la campagne en train de créer ma figurine en papier mâché de l’enfer, qui matérialisera de manière grandiloquente les années précédentes moisies. J’ai plus qu’à motiver papa Normand pour qu’il fasse un gros feu de joie.
Il va me dire non.
ENCORE UNE FIN D’ANNÉE RATÉE.
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Crédit photo de Une : Soulful Pizza / Pexels
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