Ils nous font rire, danser et parfois même nous alertent sur quelques sujets de société… Les tiktokeurs sont les derniers arrivés dans le microcosme des influenceurs. Selon le rapport TikTok de Business of Apps, publié le 22 février, avec plus de 1,2 milliard d’utilisateurs actifs à travers le monde, dont 15 millions rien qu’en France, TikTok a révolutionné la consommation de vidéos courtes et tendances. Mais aussi le monde des placements de produits…
Quelques chiffres pour comprendre l’ampleur de TikTok
Aujourd’hui, d’après une étude sur l’influence de TikTok, réalisée par l’agence Bolt influence dévoilée le 6 avril, 67% des créateurs de contenus sur ce réseau social sont âgées entre 18 et 24 ans. Leurs idées sont créatives et diversifiées, parfois même inclassables. Mais la dérision règne en maître sur la plateforme : 40% des tiktokeurs et tiktokeuses produisent du contenu à connotation humoristique.
Sur TikTok, le champ des possibles est infini. Maddy’s_Healthy (1,2 million d’abonnés) propose différents formats à sa communauté, comme du lifestyle, de la beauté, de la mode ou encore des vlogs. Olivier Hude (2 millions d’abonnés) et Caroambrosini (1,9 million d’abonnés) réalisent de vraies mini-séries, en plusieurs épisodes, destinés à TikTok.
Sur la populaire plateforme, tous peuvent finalement trouver leur place.
Et côté public ? D’après le rapport TikTok de Business of Apps, 75% des personnes utilisant TikTok ont moins de 25 ans. Tout comme l’application, créée en 2016 et célèbre depuis 2019, la tranche d’âge des utilisateurs comme des créateurs-influenceurs est très jeune.
Sur TikTok, la notoriété se mérite
À noter que la notoriété sur TikTok ne tombe pas du ciel. Face à la forte concurrence, cela prend souvent du temps de se faire un nom sur l’application en tant que créateur de contenus.
Persévérance et assiduité sont les maîtres mots : 83% des créateurs et créatrices sondées sont sur la plateforme depuis au moins trois ans.
Près d’un quart des tiktokeurs-influenceurs français interrogés cumulent plus d’un million d’abonnées, et 40% oscillent entre 300 000 et 1 million de followers. La plupart de ces vidéastes vedettes ont intégré une agence d’influenceurs ; 40% sont même parvenus à faire de leur TikTok leur activité principale, grâce à des partenariats développés avec des marques.
TikTok, ça paie bien ?
Mais combien ça gagne, un tiktokeur-star, en général ?
Gare aux apparences : TikTok n’est pas un eldorado pour les créateurs de contenus. Par rapport à Instagram ou encore Youtube, la monétisation sur TikTok peut paraître modestes — toutes proportions gardées, évidemment.
Selon l’étude de Bolt Influence, les talents ne toucheraient que 0,4 centime d’euros pour 1.000 vues soit 20 euros le million de vues. Et avant de prétendre à être rémunéré directement par TikTok, les influenceurs doivent postuler au fonds de créateurs mis en place sur l’application en 2020.
Et les critères d’admissibilité sont un véritable chemin de croix. Pour y postuler, les créateurs de contenus doivent résider dans un pays européen inclus dans le fonds, avoir plus de 18 ans, un minimum de 10 000 abonnées et un cumul d’au moins 100 000 vues sur leurs vidéos au cours des 30 derniers jours.
De plus, si le fonds de créateurs est doté d’une enveloppe de plus de 250 millions d’euros, la somme est répartie entre les nombreux talents présents en Europe. Raison du pourquoi des revenus si bas : il faut partager…
Quid des partenariats rémunérés sur TikTok ?
Pour compléter ces revenus, la plupart des influenceurs TikTokeurs recourent à des partenariats rémunérés avec des annonceurs profitant de leur visibilité sur le réseau social. Un principe qui existe déjà depuis des années sur les autres réseaux sociaux comme Instagram ou encore YouTube.
Ainsi, 95% des TikTokeurs réalisent entre une et cinq collaborations rémunérées par mois. Si certains partenariats peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros par contenu, cela ne concerne que les créateurs les plus populaires de l’application : d’après les influenceurs sondés, 32% d’entre eux seraient rémunérés entre 500 et 1000 euros par publication, 16% entre 1000 et 2000 euros et 5% plus de 2000 euros.
Des chiffres là encore « modiques » si on les compare à ceux d’autres plateformes : en août 2021, Findly, plateforme mettant en relation des marques avec des influenceurs, révèle qu’au sein de son agence, un post rémunéré sur Instagram peut aller de 135 euros à 4550 euros — et de 270 à 9150 euros sur Youtube.
L’éthique du tiktokeur, entre création et partenariat
Les tarifs sont fixés en fonction de la communauté du tiktokeur et de son taux d’engagements, mais pas que… Sur TikTok, les marques partent en quête de vidéastes qui ne craignent pas de pousser les limites de la création afin d’inventer de nouveaux concepts et de nouvelles histoires.
Surtout, le ou la tiktokeuse cherche souvent à produire une vidéo divertissante sans qu’elle soit trop promotionnelle, au risque de lasser sa communauté. Ainsi, 42% des influenceurs cités dans l’étude assurent prêter une intention particulière aux formats de leurs partenariats ; la plupart préfère même privilégier des co-créations de contenus avec les annonceurs.
Prônant leur « éthique de tiktokeur », ils veillent à choisir eux-même leurs placements de produits, à les tester, les approuver, pour qu’ils ne dénaturent pas leurs vidéos et leur ligne éditoriale.
Tous types de marques se lancent aujourd’hui sur le marché de l’influence via TikTok : des multinationales (34%), des annonceurs de taille moyenne (41%) et même des petites marques (25%). Il n’est pas forcément nécessaire pour un annonceur de faire appel à un méga-influenceur pour être rentable : un micro-influenceur, grâce à l’engagement et la réactivité de sa communauté, peut être tout aussi efficace.
Il y en a pour tous les budgets… Et le phénomène ne fait que commencer.
Attention cependant à la transparence : un influenceur qui monétise ses publications en faisant de la publicité pour des produits ou services sur TikTok — comme sur Instagram, Snapchat ou Youtube — doit respecter la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique.
Faire des partenariats rémunérés est tout à fait légal à condition d’appliquer le droit commun qui oblige toute publicité à être identifiée comme telle.
Ainsi, les vidéastes doivent explicitement et instantanément indiquer que la collaboration est sponsorisée, soit en utilisant des hastags (#sponsorisé # publicité #partenariat #ad…), soit en utilisant les outils disponibles sur certaines plateformes qui permettent d’intégrer directement la notion de communication commerciale.
Gare à ceux qui ne respectent pas la législation : ils risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende. Ce qui n’empêche pas de nombreux influenceurs de passer entre les mailles du filet… d’après un article de septembre 2021, paru dans Télérama, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a révélé que plus d’un quart des influenceurs feraient de la publicité déguisée.
Vigilance, donc : gagner de l’argent en créant c’est bien, avec transparence c’est mieux !
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Image en Une : © Michael Effendi – Unsplash
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