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Politique

« C’est toujours un drame pour une femme » : Macron perpétue l’idée rance que l’IVG est forcément un trauma

Pas un mot sur la grande cause du quinquennat et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, mais un commentaire d’Emmanuel Macron sur l’IVG dont on se serait bien passé…

C’était hier, jeudi 17 mars, que le candidat Emmanuel Macron a présenté son programme (pendant 4 heures !) devant la presse. Interrogé sur la loi votée tout récemment pour l’allongement du délai d’IVG, mesure qu’il a toujours désapprouvée, il a assuré que s’il est réélu, il ne reviendra pas dessus.

Encore heureux, serait-on tentées d’ajouter.

« Toujours un drame »

Mais le président sortant ne s’est pas arrêté là et a ajouté en parlant de l’IVG : « C’est un droit, mais c’est toujours un drame pour une femme ».

Vous me direz qu’on peut y voir un écho à la célèbre phrase de Simone Veil à la tribune le 26 novembre 1974, lorsqu’elle avait affirmé :

« Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. »

Mais au-delà de la référence historique, c’est quoi encore, cette histoire de drame ? Pourquoi toujours cette envie de nous enfoncer la tête dans des traumatismes, pourquoi nous refuser sans cesse la possibilité d’aller bien après un avortement ?

Pour Emmanuel Macron, le droit à l’IVG n’est pas à remettre en question, aucun doute là-dessus mais si avortement il y a, il doit se faire dans la douleur, dans la culpabilité, il faut qu’on en souffre et qu’on en ressorte marquées.

Il y a de quoi être sacrément en colère quand le seul mot de cette présentation de programme pour les droits des femmes n’est finalement que pour nous sortir un poncif d’un autre temps.

L’IVG, un traumatisme ? Vraiment ?

Pas un mot sur la grande cause du quinquennat donc… Mais vu que le candidat s’engage pour faire de son deuxième quinquennat une nouvelle grande cause bis, on n’est pas vraiment surprises.

On en est encore là, en 2022, à devoir rappeler des trucs basiques, car visiblement, il y a des têtes dans lesquelles ça n’a pas encore imprimé. Il nous faut donc le répéter ENCORE : non, l’IVG n’est pas nécessairement un traumatisme, et c’est pourtant une idée reçue très tenace, chez les anti-IVG, mais aussi auprès de personnes tout à fait bien intentionnées.

« Ce n’est pas forcément l’avortement en soi qui est traumatisant mais bien tout ce qui se passe autour », nous expliquait d’ailleurs Caroline Janvre, psychologue et sexologue spécialisée en accompagnements psychothérapeutiques et en santé sexuelle :

« Vivre dans un pays où l’avortement est interdit et où l’on risque de mourir, subir une pression de l’entourage à interrompre une grossesse, vivre dans un milieu où la norme est de procréer et où l’on entend sans cesse des propos condamnant l’avortement, appeler un numéro vert pour s’informer et tomber sur une bénévole nous parlant de « bébé qui va être tué », ne pas avoir été suffisamment informée du déroulement d’une IVG médicamenteuse et être surprise de voir à quoi ressemble l’embryon au moment de l’expulsion…Toutes ces situations peuvent favoriser un impact psychologique négatif. »

Même si elle est enrobée d’un soutien aux droits des femmes à disposer de leur corps, cette petite phrase vient bien nous rappeler que pour Emmanuel Macron, l’IVG doit rester marqué par le secret et insinue qu’elle est toujours, en 2022, un tabou.

IVG-image

À lire aussi : On fait le bilan sur l’égalité femmes-hommes, « grande cause du quinquennat » Macron (mdr)

Crédit photo : European Parliament via Flickr


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Les Commentaires

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Avatar de Destiel Mok´
23 mars 2022 à 09h03
Destiel Mok´
J'ai décidé de recourir à l'IVG il y a maintenant 10 ans et demi. Et ça fait 10 ans et demi que j'attend le trauma, le drame... Je n'ai jamais douté d'avoir pris la bonne décision. Pourtant je voulais des enfants et j'aimais le 'responsable' mais nope. C'était pas envisageable. Je savais sur le moment que je prenais la bonne décision, et je sais toujours 10 ans après que c'était la bonne décision. Depuis j'ai rencontré quelqu'un d'autre - mon mari, que je considère rétrospectivement comme "le vrai" amour de ma vie- et nous avons eu deux enfants désirés (bien que mon ainée soit aussi arrivée par surprise). Mais surtout : j'ai pu grandir, aller mieux, me chercher, trouver ma voie, régler mes problèmes, me stabiliser...
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