« Les idées sur la féminité traditionnelle et ce qui est considéré comme sexy devraient être remis en question ». Dans une interview accordée à Jezebel vendredi 29 mars, Olga Mill, costumière derrière le shooting photo de Kristen Stewart pour le magazine Rolling Stone, est revenue sur son processus créatif dans le cadre du film Love Lies Bleeding, dans lequel l’actrice joue une gérante de salle de sport tombée amoureuse d’une culturiste bisexuelle.
Mettre les corps de femmes musclées en valeur
Olga Mill a expliqué pourquoi selon elle, Hollywood a besoin de davantage de « Muscle mommies ». Aujourd’hui, les codes de beauté et de désirabilité mainstream promus par Hollywood sont loin de faire la part belle aux femmes musclées. Au contraire, ils prônent davantage une vision de la féminité réductrice, étroitement liée à un idéal de minceur.
Comme le détaille un article de GymShark, le concept de « muscle mommy », né sur les réseaux sociaux, est un terme de célébration qui vise à réapproprier un espace dont les femmes sont traditionnellement exclues, dès lors que le sport et la force physique sont réservés aux hommes dans l’imaginaire patriarcal :
Du bodybuilding à l’haltérophilie, une muscle mommy est une personne qui pratique des exercices de musculation dans le but de développer et de maintenir sa masse musculaire, d’améliorer sa force et sa condition physique générale. Ce titre est également utilisé pour symboliser l’empowerment et la confiance en soi, en soulignant la force et les prouesses physiques des femmes.
C’est aussi une manière de signifier que ces femmes n’ont que faire de l’avis des hommes ou de la société quant à leur apparence physique, abonde l’athlète Analis Cruz, citée par la marque de fitness : « Nous nous fichons des stéréotypes selon lesquels nous sommes « trop grandes » ou « trop fortes ». Restez fidèle à vous-même et ne pensez pas à l’approbation ou aux préférences des autres. Faites ce qui vous rend heureux, restez fidèle à ce que vous aimez et à ce qui vous fait du bien ».
En finir avec les bavardages sexistes de vestiaire
Pour la séance photo de Rolling Stone, qui met en scène Kristen Stewart dans un complexe sportif, Olga Mill a donc travaillé autour du concept très sexiste de « locker room talk » (conversations de vestiaire en français, ou l’idée que dans la confidence de cet espace réservé aux hommes cis-hétéros, fusent les blagues graveleuses et les récits de conquêtes sexuelles). « Il y a quelque chose dans le pouvoir qu’ont les images dans ce décor parce qu’elle réinvestissent un espace qui était traditionnellement très sexiste » décrit Olga Mill.
Pour Love Lies Bleeding, Olga Mill raconte comment son travail de costumière a justement tourné autour de la mise en valeur des corps musclés des actrices, à travers des tenues adaptées qui les rendent tout aussi sexy :
Je pense que le fait que les corps des femmes soient très musclés est très intéressant d’un point de vue intellectuel, n’est-ce pas ? La raison pour laquelle cela nous met si mal à l’aise est que la féminité a traditionnellement été assimilée à la fragilité et à la nécessité d’être protégé par un homme. Il y a un côté sexy dans le fait d’être allongée sur une méridienne. La force symbolise bien plus que cela. Un corps physiquement fort symbolise « je peux faire des choses » et démontre une certaine discipline. C’est aussi, traditionnellement, la norme à laquelle les corps masculins sont soumis, de sorte que l’on a presque l’impression d’empiéter sur leur espace, d’un point de vue esthétique. Les idées de ce qui est traditionnellement féminin et de ce qui est considéré comme sexy devraient être remises en question. Que l’on aime personnellement les muscles ou non, il est indéniable qu’il s’agit d’une belle métaphore pour un changement qui doit se produire.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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