Définition, histoire : le chemsex, c’est quoi ?
Comme l’explique le journaliste Mathias Chaillot dans un thread Twitter très instructif, le chemsex (prononcer kemsex) n’est pas une drogue, mais un comportement :
Ce mot, issu de la contraction de « chemical », pour produits chimiques, et « sexe », désigne une pratique visant à avoir des relations sexuelles sous l’emprise de diverses drogues et substances psychoactives. Historiquement, comme l’explique Mathias Chaillot, ce comportement est associé à la communauté gay, ce qui inscrit le chemsex dans une histoire des pratiques « spécifiques aux HSH » (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). C’est ce qui fait que la définition du chemsex va bien au-delà du simple fait d’avoir des relations sexuelles sous drogues, comportement auquel les personnes hétérosexuelles s’adonnent aussi, sans que cela ne soit assimilé à du chemsex.
Le but du chemsex, c’est quoi ?
L’objectif du chemsex est d’avoir recours à la prise de substances psychoactives afin de faciliter et de prolonger, entre autres, les relations sexuelles, à deux ou à plusieurs. Des effets plus ou moins intenses qui varient en fonction des drogues consommées par les personnes qui pratiquent le chemsex.
Reste que l’effet principal recherché est la désinhibition, permettant ainsi de faciliter l’attirance sexuelle mais aussi la confiance en soi et l’empathie ainsi que l’endurance.
3-MMC, poppers, cocaïne… quelles drogues sont associées au chemsex ?
Si la cocaïne, connue pour stimuler l’envie sexuelle, a notamment été citée dans l’affaire Pierre Palmade, de nombreuses autres drogues aux effets variés peuvent être utilisées dans le cadre du chemsex.
C’est le cas de la kétamine, qui provoque, entre autres, des hallucinations. Les amphétamines, aussi régulièrement associées au chemsex, possèdent un « pouvoir » de désinhibition qui en fait une drogue régulièrement consommée. Le poppers est, lui, connu pour ses propriétés vasodilatatrices, pouvant être vécues comme stimulantes. Il dilate les vaisseaux sanguins, augmente le rythme cardiaque et baisse la tension artérielle, permettant ainsi d’accentuer l’excitation sexuelle, entre autres. D’autres drogues sont aussi associées au chemsex, comme le GHB/GBL, surnommé « la drogue du violeur » ou encore les cathinones, comme le 3-MMC, une substance euphorisante qui augmente la libido.
Le chemsex, une pratique dangereuse aux conséquences graves
La pratique du chemsex comporte des risques pour la santé. La plupart de ces substances psychoactives peuvent être la cause de nombreux et graves problèmes de santé : la surdose de GHB peut par exemple provoquer une perte de connaissance. La cocaïne, ainsi que la méthamphétamine et les cathinones (comme le 3-MMC) peuvent entraîner des problèmes cardiovasculaires, cardiorespiratoires, des crises de paniques ou encore des idées suicidaires.
Plus globalement, la prise de drogues peut entraîner une overdose et causer la mort de la personne qui en consomme, comme ce fut le cas en septembre dernier, un homme étant décédé des suites de la consommation de 3-MMC dans le cadre d’un rapport sexuel.
Accro au chemsex, comment arrêter ?
Enfin, l’une des conséquences de la pratique du chemsex, non moins grave, est l’addiction. Aussi connu sous le terme de « craving », l’addiction se caractérise par un besoin intense de consommer de la drogue, symptôme de la toxicomanie. Mais il est possible de s’en sortir, en se faisant aider.
Si vous vous sentez concerné, mais ne pouvez ou ne souhaitez pas en parler à vos proches, voici plusieurs ressources utiles afin de trouver de l’aide :
- Drogues info service : 0 800 23 13 13, de 8h à 2h, 7 jours sur 7. Votre appel est anonyme et gratuit.
- Fil santé jeunes : 0 800 235 236, 7j/7, de 9h à 23h (service anonyme et gratuit) ou depuis un portable au 01 44 93 30 74.
- Votre médecin traitant ou votre psychiatre si vous en avez un.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
En substance, l'auteur affirme que le matraquage médiatique de l'affaire (chez BFM, Hanouna et consorts) tend à favoriser les biais homophobes et stigmatisants envers les chemsexeurs/polyconsommateurs (communautés qui n'ont clairement pas besoin de ça)...
Je suis assez contente de retrouver en fin d'article et dans les commentaires : accident suite à conso + conduite.... on devrait s'en tenir à cela, d'autant plus que c'est tellement courant malheureusement...
Par contre, je ne serais pas aussi catégorique qu'un des sous-titres de l'article : "Le chemsex, une pratique dangereuse aux conséquences graves". Bin j'ai envie de dire que ça dépend comment c'est fait, dans quel contexte, avec quelle substance, avec qui... Oui, la consommation de drogue peut-être dangereuse, comme l'absorption d'alcool (qui est une drogue) ou de médicament ou whatever, il y a aussi plein d'usager.e.s "modéré.e.s" qui consomment ponctuellement ou qui font gaffe à leur consommation, toustes ne tombent pas dans une atroce dépendance. Il ne s'agit pas de minimiser les potentielles conséquences (car les nouvelles molécules de synthèses semblent avoir un potentiel très addictogènes, sont facilement disponibles et leur composition chimique difficilement contrôlée) mais d'éviter les positions tranchées sur un groupe d'individus aux parcours et pratiques hétérogènes.
Enfin, je finis ce grand blabla avec des ressources pour les chemsexeurs(euses) :
*lien vers les plateformes d'écoute et de soutien de chez AIDeS https://www.aides.org/chemsex-aides-numero-urgence
*lien vers le site de Techno +, asso de prévention et de réduction des risques en milieu festif https://technoplus.org/