Jeu du foulard, rêve indien, tomate rouge… Non, ce n’est pas un kamoulox, mais les noms de jeux, au mieux un peu nuls, au pire carrément dangereux, qui se jouent dans les cours de récré.
Cette année, le petit nouveau s’appelle le « jeu de la virgule ». Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ?
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Le jeu de la virgule, la nouvelle tendance ?
Ce « jeu » qui n’a de jeu que le nom, consiste à « tordre le cou » à un enfant, en le prenant par surprise, et par-derrière. Pour mieux visualiser la manœuvre, vous pouvez la découvrir dans la vidéo TikTok ci-dessous, une de celle qui tourne le plus sur les réseaux sociaux et à l’origine de l’engouement :
Pas le truc le plus malin du monde, vous en conviendrez. En plus d’être complètement couillon, ce « jeu » peut aussi faire des dommages non négligeables sur les cervicales et les vertèbres.
Pour l’instant, un seul cas a été signalé par l’Académie de Bordeaux, après la plainte de la mère d’un enfant qui avait victime de ce défi. Mais les choses sont prises au sérieux, comme l’explique Cécile Baron, élue de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves 13, à nos confrères de France 3 Provence-Alpes-Côte-d’Azur :
Comme pour le jeu du foulard ou le rêve indien ou encore la tomate rouge, la position de la FCPE est d’informer les parents et les enfants, favoriser le dialogue entre tous les membres de la communauté éducative et instaurer un climat de dialogue et de confiance pour inciter les élèves à parler sans les effrayer.
En effet, et même si les cas avérés de ce jeu n’ont pas été signalés à d’autres chefs d’établissement, l’affaire est prise au sérieux, comme le précise le rectorat de l’académie d’Aix-Marseille, pour France 3 Provence-Alpes :
Nous sensibilisons régulièrement les directeurs d’école et équipes de direction des établissements du second degré lorsque des jeux dangereux nous sont signalés.
Jeu de la virgule, qui est vraiment le responsable ?
Mais pourquoi, si le nombre de signalements est très faible et que ce jeu ne semble pas avoir touché de nombreuses écoles, tout le monde parle de cette nouvelle tendance ? Est-ce que le danger réside uniquement dans la pratique de cette « virgule », ou bien dans l’accès des enfants aux réseaux sociaux ?
Selon Patrick de Boisse, pédiatre, toujours au micro de France 3 Provence-Alpes-Cote-d’Azur, cet engouement serait moindre si les enfants n’avaient pas un accès aussi facile aux réseaux sociaux, leur permettant de s’inspirer de tendances dangereuses pour les reproduire ensuite :
Les enfants ne devraient pas avoir en main un téléphone portable avant 16 ans, cela réduirait les influences négatives sans parler de l’addiction aux écrans.
Il est un peu simpliste de penser que si on enlève un écran à des pré-ado, ils ne reproduiront pas les conneries qu’ils regardent. Preuve étant que, bien avant l’avènement des téléphones et des réseaux sociaux, les jeux dangereux existaient déjà dans les cours de récré. Le jeu du foulard n’avait pas eu besoin de TikTok pour faire des ravages à l’école !
Oui, l’usage des réseaux sociaux par les adolescents et les enfants doit être mieux encadré, c’est évident. Mais diaboliser un outil et le tenir pour responsable de tous les mots est une manière trop simple de se planquer derrière un problème bien plus grand que ça : le manque d’éducation à l’empathie et au respect de l’autre, et ce, dès les bancs de l’école. Blâmer les réseaux sociaux pour le harcèlement scolaire, pour les jeux dangereux, pour les modes et les tendances, c’est se planquer derrière un arbre qui cache une immense forêt.
Apprendre aux enfants à respecter les autres, à ne pas harceler, à ne pas violenter, c’est ça le vrai défi. Les futurs adultes trouveront toujours un moyen pour imiter et s’inspirer de leurs pairs. Comme lorsqu’on apprend à un bébé de deux ans à ne pas taper les autres, on doit encadrer et apprendre aux plus jeunes les pratiques face aux écrans et à leurs congénères, pour bien vivre en société.
Jeu de la virgule, comment s’en protéger ?
Les réseaux sociaux font partie de notre vie à tous désormais, il faut vivre avec et apprendre en tirer le meilleur. Bien sûr, il est possible de s’en détacher totalement, à titre individuel, mais on ne peut nier leur existence. Faire l’autruche ne permettra pas de résoudre la violence scolaire, elle ne pourra qu’isoler ceux qui n’y auront pas accès, et les rendre plus vulnérables face aux autres.
Alors concrètement, comment protéger les enfants de cette nouvelle tendance ? Si pour l’instant, elle n’a pas fait de dégâts, cela pourrait arriver, effectivement. Pour mieux endiguer le problème, il suffirait peut-être simplement de faire un gros rappel de base des règles de savoir-vivre auprès des plus jeunes. Ces rappels doivent venir de l’école et des adultes en charge des enfants, mais aussi, bien évidemment, des parents ou de l’entourage des mômes.
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Cela peut paraître naïf et insuffisant, surtout quand on voit les dégâts, parfois dramatiques, des conséquences du harcèlement de manière plus large, ou des jeux complètement cons comme celui de la virgule. Mais malheureusement, aucune société ne se crée sans communication et application des règles de respect de l’autre, et ça commence dès le plus jeune âge. L’accès aux réseaux sociaux doit être contrôlé et encadré, fortement. Les enfants n’ont pas à être laissés face aux vidéos et images qui se publient plus vite que leur ombre. C’est le rôle des éducateurs et des parents de s’adapter au monde qui existe aujourd’hui et d’accepter pleinement que oui, les réseaux sociaux existent, oui les tendances virales aussi, et que personne ne peut faire l’autruche face à cela. Les discours et l’éducation doivent être adaptés en conséquence.
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Les Commentaires
Mais je pense que les réseaux sociaux jouent un rôle aussi. Et ça, malheureusement, les réseaux sociaux sont très difficiles à cadrer. A moins d'être le parent ultra relou qui ne laisse pas d'intimité à son enfant, j'entends.
Et j'ai tendance à penser que les personnes qui font subir ce jeu à d'autres, qui font ça "pour s'amuser" sans réfléchir au geste derrière ni au fait que la victime n'est pas consentante, sont les mêmes qui pourraient trouver amusant de harceler quelqu'un. En particulier à une ère où afficher quelqu'un via une vidéo est plus que facile.