Cela fait un moment que certaines stars s’amusent à capitaliser sur la honte qui règne autour de l’apparence, du parfum et/ou de la « saleté » supposée de nos vulves.
L’actrice Gwyneth Paltrow, par exemple, avait lourdement fait la promotion du sauna vaginal (ou V-steam en anglais), des bains de vapeur supposés nettoyer (et esquinter, au passage) les parois du vagin, ou encore de l’œuf de jade censé muscler mais aussi « détoxifier » la chatte.
Cette fois-ci, c’est au tour de l’influenceuse et ex-candidate des Marseillais, Maeva Ghennam, d’encourager ses jeunes fans à modifier l’apparence de leurs vulves, malgré les dangers. « C’est comme si j’avais 12 ans ! », s’exclame-t-elle dans une récente vidéo, où elle n’a pas hésité à vanter les mérites des interventions qu’elle a subie pour rafraîchir son intimité.
Ton vagin, tu resserreras
Il faut dire que le marché autour des complexes de l’intime a de quoi fleurir. Les personnes à vulves sont de plus en plus nombreuses à passer le cap et à lifter ou à étirer leur foufoune, comme s’il s’agissait du visage d’une riche héritière de la Croisette.
En 2017, la Société Internationale de la Chirurgie Esthétique et Plastique enregistrait une montée fulgurante du nombre de personnes ayant recours au rajeunissement vaginal, soit une hausse de 23% du nombre d’interventions par rapport à 2016. La plus forte augmentation, toutes opérations esthétiques confondues.
Mais comment efface-t-on les signes des années qui passent dans sa culotte ? Eh bien rejuvénation ou le rajeunissament du sexe passe par plusieurs chemins, et tous… piquent. Vous voilà prévenue.
Il y a d’abord la vaginoplastie, une opération chirurgicale pour resserrer le vagin et renforcer les muscles du périnée. La nymphoplastie, ou labiaplastie, est quant à elle utilisée pour rétrécir les petites lèvres et/ou la vulve. Il est également possible d’avoir recours à des injections d’acide hyaluronique ou de graisse dans les lèvres pour en modifier l’apparence. Enfin, le laser ou la liposuccion du mont de Vénus sont des options existantes pour le pubis.
Si certaines personnes passent sur le billard pour corriger une gêne physique, une douleur, ou prévenir les fuites urinaires et des descentes d’organes que les grossesses ou la ménopause peuvent notamment favoriser avec l’âge, pour beaucoup, la visée est purement esthétique.
C’est notamment le cas de Maeva Ghennam, qui a choqué la Toile depuis le cabinet de son gynécologue dans une vidéo diffusée à ses trois millions d’abonnés, fanfaronnant avec nonchalance :
« Là, ce que j’ai fait c’est trop bien. J’ai fait des machines au niveau de mon vagin. J’ai fait de la radiofréquence et de la mésothérapie sans injection. Ça rajeunit le vagin, c’est trop bien ! »
Si les réactions indignées ne se sont pas faites attendre — chez les spécialistes comme chez d’autres candidats de télé-réalités, comme Cindy de Koh-Lanta pour qui « ça va trop loin ». L’engouement pour la pratique est pourtant bien réel.
Selon les chiffres du 31° congrès de la société française des chirurgiens esthétiques plasticiens révélés par Le Parisien, 4600 Françaises avaient déjà eu recours à ces opérations en 2016.
Un danger pour les parties intimes
Maeva Ghennam a beau prôner le rajeunissement de la vulve par radiofréquence avec un ton guilleret, les risques pour la santé sont bien réels, même « sans injection ». La FDA (l’organisme référent qui autorisant la commercialisation des médicaments aux USA) alerte des dangers de telles procédures, surtout pour des personnes mal informées :
« Ces procédures utilisent des lasers et d’autres dispositifs à base d’énergie pour détruire ou remodeler les tissus vaginaux. Ces produits présentent des risques sérieux et ne disposent pas de preuves suffisantes pour justifier leur utilisation à ces fins. Nous sommes profondément préoccupés. »
La plupart des interventions visant à lifter l’appareil génital sont loin d’être anodines. Au menu pendant la dizaine de jours de convalescence : douleurs post-opératoires, interdiction formelle de faire des galipettes, risques d’infection et de mauvaise cicatrisation, potentielles brûlures et infections.
Pour les personnes qui auront déboursé 6000€ pour donner un coup de jeune à leur vulve ou à leur vagin, selon la Société Internationale de Chirurgie Esthétique et Plastique, les risques liés à la vaginoplastie « comprennent des infections, des saignements, un engourdissement, des douleurs lors de rapports sexuels, la perte de sensations et la formation de cicatrices. »
De quoi y réfléchir à deux fois…
Même les bains de vapeur proposés à la carte dans des instituts spécialisés aux États-Unis ne sont pas sans risque et affectent l’équilibre naturel de la flore vaginale, provoquant des irritations et infections en tous genres.
Free the minou
« Moi, je trouve que c’est super important d’avoir un beau vagin. J’ai vraiment de la chance, j’ai un beau vagin, j’ai pas les lèvres qui dépassent. Mais il faut l’entretenir. Là c’est comme si j’avais 12 ans. »
Voilà ce que débine Maeva Ghennam dans sa story Instagram. Au-delà du problème évident que pose l’enthousiasme d’avoir la vulve d’une enfant, ce type de commentaire renforce, encore une fois, les injonctions physiques faites aux femmes.
Notre vulve devrait sentir la fleur d’oranger, ne pas dépasser, ne pas piquer, ne pas être trop relâchée… Bref, ressembler à celles des actrices pornos qui ont probablement été sélectionnées pour l’esthétique normée de leur minou — et retouchées si elles ne correspondaient pas à cette drôle de norme.
Si l’envie de relooker votre vulve vous prend, libre à vous bien sûr. Mais sachez qu’il n’est pas nécessaire de passer sous le bistouri.
Pour un vagin relâché par les grossesses, par exemple, une alternative à la chirurgie est la rééducation des muscles du périnée. Et pour celles qui sont tiraillées par les diktats de beauté, il existe de nombreuses initiatives proposant d’aimer votre vulve plutôt que de l’opérer.
The Vulva Gallery, une banque d’illustrations de vulves du monde entier, de toutes formes, couleurs et tailles, invite par exemple les personnes complexées par leur zone intime à découvrir la diversité des sexes. Car toutes les chattes sont dans la nature — et toutes les chattes sont belles !
À lire aussi : L’exfoliation du vagin c’est UN GRAND NON
Crédit photo : Cliff Booth / Pexels
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Tous ces mecs qui essayent de jouer les chevaliers blancs à base "ahaha elle est si débile la Genham, ne l'écoutez pas les filles" alors que, quand vous les connaissez dans le privé, vous savez que ce sont les mêmes qui exigent une intégrale chez leur copine, qu'elle soit fit et fasse du sport, du make up mais pas trop, bref les mêmes mecs qui perpétuent les oppressions systémiques sur les femmes et profitent une fois de plus de ce type de polémique pour étaler leur misogynie.
(que ce soit clair, je ne défends ni de dédouane Maeva Genham de sa responsabilité dans ce partenariat problématique. Juste je trouve ça ironique (non) les hommes qui soi-disant veulent "défendre les femmes" alors qu'ils font partis du problème).