L’éducation est un combat de longue haleine. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la répétition patiente à hauteur de l’enfant n’est pas la solution. Parfois il n’y a pas de solution. La marmaille fait bloc et ça ne passe pas. Jamais. Papa, maman c’est l’heure de mon mea culpa.
Tes ongles tu ne rongeras pas
Oui j’ai bien compris qu’une rognure d’ongle c’est sale, vilain, moins bon qu’une gaufre chantilly et je risque de choper un panaris qui mutera bientôt en septicémie généralisée.
Utiliser du vernis amer ne résout aucunement mon problème (à moins que l’ingestion massive de solvant puisse me paralyser et m’empêcher de poursuivre mon grignotage). Que ce soit clair : je n’ai aucun self-control à ce niveau-là.
C’est valable pour tout d’ailleurs : ne pas gratter ses boutons de moustiques, ses cicatrices, ne pas frotter ses yeux allergiques… Je ne vois vraiment pas pourquoi mes parents tentaient d’y faire quelque chose. C’est mon corps, j’en fais ce que je veux !
Ah, merde, je saigne un peu là.
Tes poches de jean tu videras
Laisser quoi que ce soit dans les poches de son jean avant de le jeter dans le panier à linge était chez moi un crime passible de la peine capitale. Pourquoi était-ce le péché par excellence ? Parce qu’il pouvait déclencher l’apocalypse — à savoir le débordement de la machine à laver (et accessoirement le courroux parental).
J’ai donc été élevée dans la crainte du trombone se glissant dans les rouages de la machine, me répétant en boucle « Si tu oublies tes clés/ta bague en plastique/la télécommande dans ton Levi’s 501 corsaire Kiabi, ON VA TOUS MOURIR ».
Étrangement, la politique de la terreur ne fonctionnait pas et j’oubliais régulièrement de vider mes poches. J’ai fini par réaliser que la machine n’explosait jamais. En fait, mes oublis avaient surtout des conséquences fâcheuses sur ma petite existence personnelle : je récupérais des clés rouillées, je devais aller refaire ma carte d’identité, je perdais tout mon argent de poche…
Aujourd’hui je néglige presque toujours cette étape du tri avant de lancer mes machines et quand je retrouve tout mon linge recouvert de petit confettis duveteux parce qu’un Kleenex s’était planqué dans une poche arrière, je secoue le tout par la fenêtre et je trouve presque cela poétique. Sérénité retrouvée.
OKAY. En vrai les mouchoirs c’est relou.
Des chaussons tu enfileras
D’aussi loin que mes souvenirs remontent la question des chaussons a toujours été un conflit familial majeur. Mes parents avaient réussi à faire passer le message à mes aînés mais pas à moi (sûrement une sombre histoire de benjamine pourrie gâtée).
J’avais décidé que les chaussons c’était con. Ça gratte, ça entrave la liberté de mouvement de tes orteils et ça s’égare n’importe où (de préférence sous la chaise des invités ou à tout autre endroit où quelqu’un peut glisser dessus).
Après des années de lutte nous sommes parvenus à un compromis : pas de chaussons (« MAIS SI TU MEURS D’UN RHUME FAUDRA PAS VENIR TE PLAINDRE ») mais interdiction formelle de se balader en chaussettes (« SI TU MEURS EN GLISSANT DANS LES ESCALIERS FAUDRA PAS VENIR TE PLAINDRE»). Telle une va-nu pieds, j’étais condamnée à frissonner des orteils en hiver mais ça m’allait très bien.
Ah les darons des fois… faut pas chercher
À table tu mangeras
Vaste blague. On mange quand on a faim. Point. Depuis quand a-t-on besoin d’un lieu spécifique ? Du haut de mes 9 ans (bientôt un âge à deux chiffres, bientôt le pouvoir !) je répétais ce que la Pom’pote Materne m’avait enseignée : sans les mains, à l’envers, sous l’eau et surtout dans le canapé en fait. Les arguments de mes géniteurs ne faisaient pas le poids. « On mange à table parce que sinon ça fait des miettes partout ». Pfff, aucun humour.
Sérieusement les meilleurs moments de notre vie d’adulte ne se trouvent-ils pas dans le grignotage de biscuits à son bureau, de chips sous la couette et surtout de repas gastronomiques DANS LES BAIGNOIRES ?
Tu peux aller me chercher une quatre fromages steuplé ?
Ta journée devant les écrans tu ne passeras pas
Soucieux de ma santé, mes parents rêvaient de me voir passer une vie au grand air. Ondes de téléphones portables et images subliminales étaient leur hantise. Je sais bien que toute cette lumière artificielle finira par me brûler définitivement la rétine et que la publicité numérique aura tôt fait de me lobotomiser.
Inutile de dire que quand je mange dans le canapé ET devant la télé j’ai vraiment l’impression d’être une grosse rebelle… Malgré tout, il a fallu que je fasse mes propres choix. En attendant, côté écran j’ai tendance à résumer la situation à mes parents de la façon suivante :
« Oui, alors, comment te dire : je travaille chez madmoiZelle.com »
Et toi, vilaine fille, si tu as fini par accepter de dire bonjour à la dame, sur quoi as-tu refusé de céder ?
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Par contre on mange souvent sur le canapé avec une table d'appoint devant la télé (et pas les infos)
Les trucs que ma mère m'a appris et que je ne fais pas :
-Je ne mets jamais d'adoucissant dans le lave-linge parce que je ne supporte pas les odeurs persistantes sur le linge.
-Je ne fais pas la poussière tous les samedis, et encore moins en enlevant tout des étagères pour passer le chiffon. Je dis toujours qu'elle m'en a dégoutée à vie.
-Je n'oblige pas ma fille à mettre des chaussons, elle préfère être en chaussettes, et quand il fait froid elle les met d'elle-même ses chaussons (d'ailleurs ne pas obliger ma fille à faire certains trucs fait de moi une mauvaise mère aux yeux de ma mère mais je m'en tape :vex Moi j'en mets mais c'est parce que j'ai toujours les pieds gelés, alors sur le carrelage c'est pas possible.
Par contre je vide les poches des pantalons avant de les mettre à laver, parce que le plus souvent ce sont des mouchoirs en papier, et que passés à la machine ils font des petites boules qui s'accrochent à tout le linge et qu'il faut enlever une à une après .