Depuis 1 an et demi déjà, je suis l’heureux papa chien de Ruby, un adorable petit yorkshire croisé bichon qui a détruit la moitié des châteaux de sable de Vendée (oui, c’était elle). J’ai co-adopté Ruby dans un moment d’égarement (le 18e confinement, si mes souvenirs sont exacts). Bien sûr, je ne regrette rien. Mais ça n’a pas été facile.
Voilà tous les moments qu’il aurait été intéressant d’avoir en tête avant de craquer pour Miss Boule de poils.
Le jour où Ruby a léché la nuque d’une personne dans le métro
C’est vrai, j’aurais pu (dû ?) craquer pour un doberman de 3,10 m m’assurant de garder ainsi toute la pègre de la capitale à bonne distance. Mais c’était là manquer le meilleur de la vie de parent-chien en ville : le métro où il est difficile de trimbaler un giga toutou.
En plus, Ruby est une grande passionnée de métro (et moi aussi, vive le service public !). Sous terre, elle côtoie/renifle le tout Paris et lui témoigne son amour à grands coups de langue. Mais l’amour est parfois à sens unique, tout un répertoire de la chanson française en est la preuve.
Nichée dans mes bras, Ruby offre de longs regards dramatiques à toute la rame. Un jour, elle a été jusqu’à lécher la nuque d’une passagère qui s’est retournée, furax. Il m’a fallu balbutier que non, ce n’était pas moi, que je ne me serais jamais permis et Ruby est partie en fou rire. Un grand moment.
Le jour où Ruby a uriné de colère
Vous êtes attendrie ? Du haut de ses 50 centimètres, Ruby a tout de même un sacré carafon. Madame déteste la pluie et fait ses besoins une fois de retour dans le hall. Madame hait les bains et tire une gueule de six pieds de long des heures durant. Bref, Madame sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas.
Je n’ai Ruby qu’une partie de la semaine, garde alternée oblige, et un jour, sa maîtresse a fait les frais d’un caprice canin légendaire. Habitué à effectuer son propre tri des déchets recyclables sur le tapis de sa maman chien, le petit York s’est donc fait gronder. Culture protestataire dans le sang, ma chienne a uriné. Sur le tapis, évidemment. Si vous prenez un chien, préférez les tapis plus foncés. Conseil d’ami.
Le jour où Ruby a fêté Pâques
Ayant refusé successivement de porter un chapeau de fête et un bonnet de père noël, je m’étais fait à l’idée que Ruby rejetait les événements commerciaux. Yorkshire-Bichon peut-être, gauchiste à coup sûr. C’était avant que Pâques n’arrive et qu’elle entame une carrière d’alpiniste d’appartement.
En mon absence, du chocolat (un produit extrêmement toxique et même mortel pour les chiens) était resté dans la cuisine, bien en hauteur. N’écoutant que son cœur, Miss Zinzin a pris son élan pour sauter sur la poubelle, puis sur le comptoir et attraper le butin. Ceci n’est qu’une reconstitution, pour ce que j’en sais, elle a peut-être tout simplement mis au point un système de poulies particulièrement ingénieux. Toujours est-il qu’à mon retour, tout semblait normal. Ruby m’accueillait avec de grands battements de queue, un jouet dans la gueule.
Puis, j’ai vu l’emballage du chocolat sur le sol. J’ai croisé le regard de la pauvre petite poule dont on avait croqué la croupe. Ruby a vu que j’avais vu. Elle est allée se cacher. Et j’ai couru chez le vétérinaire où comme à son habitude, Cacao Queen a grelotté de terreur.
Aujourd’hui encore, je ne comprends pas comment elle a pu accéder au chocolat. J’ai pris un york, pas un suricate, nom d’un chien.
Le jour où Ruby a coursé une enfant (qui vit très bien sans sa main droite depuis)
L’éducation de Ruby est un long processus, difficile et constamment remis en question. Après des cours, des exercices et quelques craquages nerveux, mon petit york est devenu une bonne élève. Elle a même quelques facilités en latin. Elle est obéissante, sociable et raisonnable (sauf devant les pigeons, mais même Aïda ne l’est pas).
Il existe peu de parcs canins à Paris. Je ne sais pas ce qu’attend Annie Dogo (blague de niche). La majeure partie des jardins, des parcs sont interdits aux toutous. Sûrement parce que des imbéciles laissent moisir leurs déjections. Peut-être aussi parce que le monde est injuste (ex : Gérald Darmanin existe).
Près de mon ancien chez moi, une placette piétonnisée servait de repère aux propriétaires de chien. On y laissait nos toutous sociabiliser tranquillement. Après quelques reniflements timides, Ruby semblait résignée à rentrer.
Soudain, un nerf a sauté. Un enfant de catégorie 4 (ceux qui parlent) lui hurlait « coucou le chien », preuve d’un discernement redoutable. Salutations dont Ruby se moque copieusement d’habitude. D’habitude, oui. Cette fois, elle s’est lancée à corps perdu (comme Grégory Lemarchal) dans la grande évasion, droit sur la môme.
Je doute d’avoir jamais couru si vite. Ruby n’avait jamais eu ce genre de comportement par le passé. Je l’ai attrapée, grondée avant de rentrer, honteux. Je ne la détache plus sans que le lieu soit clos depuis. Je tente aussi de rappeler aux parents dont les enfants accompagnent les balades de grands cris euphoriques que Ruby est un animal. Une gentille petite boule de poils certes, mais peureuse. Je suis le maître du chien, pas le maître du jeu.
Le jour où Ruby a mangé la crotte d’un autre chien
Parce que j’aime finir en beauté, voilà donc un moyen de ruiner l’e-réputation de la mascotte auto-proclamée de Laisse moi kiffer. Pendant les balades, Ruby sniffe tout. Tiens, un quignon de pain ! Tiens, de l’urine ! Tiens, une glaire !
Face à la crotte qu’un propriétaire avait oublié de ramasser, il a fallu qu’elle aille tâter de ses propres dents la marchandise. De peur que comme 90% des choses dans ce bas monde comme les tomates, le chocolat ou les hommes, la crotte ne soit toxique pour mon chien, j’ai dû la lui retirer de la gueule À LA MAIN. Mon espérance de vie en a pris un coup.
Malgré toutes ces petites bêtises, corrigées depuis à grands coups de renforcement positif (une réponse à un ordre = une friandise), il me tarde de retrouver ma petite Ruby. J’ai la chance de pouvoir l’emmener au travail (où elle est adulée, il suffit de voir les stories sur notre compte Instagram).
Avoir un chiot (et surtout un chiot de refuge) aura été une grande source de stress à gérer avec patience, persévérance et rigueur. Mais du haut de ses deux ans, Ruby est un puits de sagesse qui déborde d’amour et d’énergie. Et tant pis pour les châteaux de sable.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires