Une première plainte avait été classée sans suite mais les associations LGBTI+ ne baissent pas les bras : Stop Homophobie, Mousse, Adheos et Grey Pride ont déposé plainte contre la ministre Caroline Cayeux pour « injure publique homophobe et incitation publique à la haine homophobe » et se sont constituées partie civile
En juillet dernier, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales avait été interrogée sur son soutien à la Manif pour tous en 2012 et 2013. Pendant ces débats violents, elle aurait qualifié les revendications d’égalité de « caprice », d’« une ouverture de droit irrespectueuse de la nature et insensée », qualifiant le droit au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe de dessein « contre-nature ».
Un « ces gens-là » qui ne passe pas
Près de dix ans plus tard, qu’en est-il, pour elle qui n’est d’ailleurs pas la seule membre du gouvernement composé par Elisabeth Borne à avoir tenu des positions contre l’égalité des droits ? Sur le plateau de Public Sénat, Caroline Cayeux a rétorqué qu’elle maintenait ses propos, affirmant néanmoins qu’elle appliquerait la loi. Elle aurait pu s’en tenir là, mais non : la ministre a sorti l’argument du « j’ai un ami gay », de la pire des façons.
« Je vais vous dire, quand même, que j’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là. Franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée (…). Je n’ai jamais fait partie de La Manif pour tous, je n’ai jamais défilé, que les choses soient claires ».
Avec son « ces gens-là » empreint de fausse politesse et de vrai mépris, la ministre a déclenché la colère de très nombreuses personnes LGBTI+. Et ses excuses n’ont pas vraiment convaincu :
« Les mots utilisés par Caroline Cayeux, “contre-nature”, sont très lourds de sens », rappellent aujourd’hui les associations dans un communiqué.
« Ils renvoient par ailleurs à la terminologie de la répression des homosexuels en France. Etienne Deshoulières, avocat des associations, rappelle que « la loi pétainiste de 1942 utilisait aussi le terme « contre-nature » pour qualifier les relations homosexuelles ». Elle est à l’origine de quelque 10.000 condamnations entre 1945 et 1978.
Aujourd’hui encore, cette expression est utilisée par les législations des pays francophones qui condamnent pénalement l’homosexualité, car considérée comme étant « contre-nature ». Les personnes LGBT+ y vivent un enfer au quotidien. »
Après un classement sans suite de leur première plainte en août pour cause d’infraction insuffisamment caractérisée, les associations espèrent donc que la justice se penchera sur l’affaire.
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Crédit photo : Public Sénat (capture)
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Les Commentaires
Pas que je la défende une seconde. Seulement au niveau de la loi, t’as le droit de donner un avis, même débile, sur un projet de loi.