Vous avez peut-être déjà entendu parler du restaurant parisien de burgers à 3 €, Mangez et cassez-vous, devenu viral sur TikTok. L’entrepreneur Aniss Messadek l’avait fondé et s’attelle maintenant aux fripes. Il a lancé en 2020 ZXSBN6DD3VZBGSY (la première au 64 Rue Alexandre Dumas, l’autre au 5 Rue Notre Dame de Bonne Nouvelle depuis 2022), dont les prix varient entre 2,85 €, 1,50 € et 0,95 €. Mais il se cache aussi derrière les friperies au nom plus faciles à retenir de Sales Voleurs.
Il en existe déjà trois, toutes basées à Paris : au 285 Rue de Vaugirard, au 31 rue d’Avron et 42 rue Monge. Et les pièces qui s’y vendent voient leurs tarifs varier comme la bourse en fonction de leur jour d’arrivage (tous les vendredis et tous les dimanches) : de 4,50 € à 0,95€ !
Comment fonctionnent les prix des friperies Sales Voleurs ?
C’est une façon de gamifier (rendre ludique pour la clientèle) le besoin de renouvèlement des stocks. Le jour d’arrivage dimanche tout est à 4,50 €, puis le lendemain lundi à 3,50 €, le surlendemain mardi à 2,50 €, le jour suivant mercredi à 1,50 €, et le jeudi passe à 0,95 €. Car tout doit disparaître avant le nouvel arrivage du vendredi où les nouvelles pièces se vendent à 4,50 €. Le samedi, jour entre deux restocks (et où plein de gens font du shopping), le prix est à 3,50 €.
En résumé, si vous préférez avoir l’opportunité de tomber sur les pièces les plus intéressantes qui partent souvent les premières, mieux vaut venir les jours d’arrivage, à savoir les dimanches et vendredi.
Mais si vous voulez donc trouver des pièces au plus petit prix possible, il vaut mieux privilégier le jeudi. À ce prix-là, c’est presque du vol. D’où le nom de ces friperies.
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Vers une fast-fashionisation de la seconde main ?
Mais celles-ci doivent aussi nous interroger sur les incitations à la consommation. En effet, c’est une dynamique digne de la fast fashion en ce qu’elle veut court-circuiter nos modes de réflexion en créant un sentiment d’urgence pour profiter d’une promotion éclair. Un peu comme les soldes où la peur de passer à côté (FOMO) de bonnes affaires peut nous donner envie de tout rafler sans trop réfléchir. Et ce qui en ressort gagnant finalement, ce n’est ni véritablement notre porte-monnaie, encore moins la planète, mais bien les grands patrons de la mode.
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Face aux prix si bas de Sales Voleurs, on peut vouloir acheter davantage de pièces que face à des tarifs plus modérés. Ce qui permet à Aniss Messadek de renouveler deux fois par semaine ses stocks. Et donc de vendre toujours plus de volume, servant de déversoir aux géants de la fast fashion. De quoi entretenir l’industrie telle qu’elle (dys)fonctionne actuellement : c’est ce qu’on peut surnommer la fast-fashionisation de la seconde main dont nous parlait la docteure en sciences de gestion Élodie Juge dans le podcast Matières Premières.
Sans jeter la pierre à Aniss Messadek ni à la clientèle des friperies Sales Voleurs, rappelons donc l’importance de réfléchir avant d’acheter. Car ce n’est pas parce que c’est de la seconde main que ça n’a aucun impact sur la planète.
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