Le 8 mars n’est pas une hérésie : les inégalités sociales et professionnelles, les abus physiques et psychologiques dont les femmes sont victimes à travers le monde sont un fait. D’où sa création officielle en 1977 par les Nations-Unies. Mais la journée de la femme est, dans un sens, une vaste fumisterie : nous n’avons pas besoin de 24h dédiés à notre vagin, nous ne réclamons pas de « journée spéciale » comme si nous composions une race à part, une catégorie différente de celle des hommes. La vraie égalité existera dès lors que le 8 mars sera un jour comme les autres. En attendant, retour sur un panel de femmes qui ont œuvré en ce sens et nous ont positivement influencé :
Simone de Beauvoir
Comment ne pas citer l’auteure de Deuxième Sexe, œuvre féministe majeure du XXè siècle ? Intellectuelle de l’après-guerre, Simone était ce qu’on aurait pu appeler à l’époque « une femme avec des couilles ». Folle amoureuse de Jipé Sartre – avec qui elle ne s’est jamais mariée, véritable acte de rébellion dans les années 30-40 – la philosophe a combattu toute sa vie cette idée reçue qui voulait que les femmes soit « naturellement inférieures » aux hommes. Simone, merci.
Daria Morgendoffer
Si vous êtes ici c’est que vous avez un peu de Daria en vous. Elle est notre cynisme, notre adolescence classe moyenne, notre vision alternative. En dépit de ses grosses lunettes, son regard sur le monde et ses congénères est peut-être plus juste que les hystériques qui l’entourent. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de filles s’identifient à ce personnage de fiction créée en 1997 et diffusée sur MTV (et Canal+) : Daria nous a montré qu’être une fille ce n’était pas forcément être obsédée par le gloss rose et les brushings matinaux.
Betty Page
Ce n’est pas tant Betty Page en soi que l’image que la pop culture a forgé d’elle qui est importante. Car l’éternelle jeune fille à la frange bombée a montré qu’une fille pouvait être sexy et avoir de la poigne : sa spécialité étant le fétichisme, elle posait régulièrement avec une cravache à la main. Figure emblématique des pin-ups 50’s, Betty Page a considérablement participé à l’image de « l’érotisme vénérable ».
Clémentine d’Eternal Sunshine of A Spotless Mind
Jolie brin de fille déjantée, Clémentine se teint les cheveux en bleu et porte des sweats orange pétard, du genre seconde A, exceptée qu’elle a trente piges. Elle picole un peu trop parfois, aime les livres, a des angoisses au fond de la gorge et n’a pas envie qu’on lui en file d’autres. A l’époque, en 2004, tous les garçons tombaient amoureux de Clémentine. Problème : toutes les filles s’y reconnaissaient. Clémentine nous décomplexe de nos petits travers, prend toujours les devants, admet que parfois elle peut se tromper.
Antigone, de Jean Anouilh
Du rififi à Thèbes. Antigone a foutrement la rage : son oncle Créon, un sale type qu’on imagine au faciès patibulaire, refuse d’enterrer son neveu Polynice, frère d’Antigone. La pauvrette, que j’ai toujours visualisé comme ayant un physique de bambou trempé, se trouve du mauvais côté de la loi, tient tête à son oncle et préfère encore manger les pissenlits par la racine plutôt que se plier à ses exigences. Si Antigone avait un profil Facebook, elle s’inscrirait à l’excellent groupe : « Si demain je viens à disparaître, sachez que je vous encule tous ».
George Sand
L’écrivaine de génie à qui l’on doit La Petite Fadette (1849) jouait sur l’ambiguïté de son prénom, peut-être bien pour qu’on s’intéresse plus à ses écrits qu’à son physique. Pourtant, elle a tout de même réussi à mettre Chopin dans son lit. Avouez que ce n’est pas donné à tout le monde, je plains celles qui ne sont parvenues qu’à voir Christophe Maé nu. Féministe avant l’heure, elle s’attira les quolibets et les remontrances d’un sacré paquet de bien-pensants, qui voyait en elle le Diable parce qu’elle portait des pantalons et vivait librement sa sexualité sans prendre la pilule.
Alors qui seront les femmes à influencer et inspirer la nouvelle génération ? Angela Merkel ? Maïa Mazaurette ? Vitaa ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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