Le 8 mars n’est même pas encore officiellement arrivé qu’on peut déjà voir fleurir des petites pépites sexistes un peu partout. Est-ce bien différent du reste de l’année, me demanderez-vous, blasée comme jaja ?
Pas vraiment. Mais bon sang, le 8 mars, c’est quand même LA date pour laquelle la société tout entière pourrait faire un effort. Et “faire un effort”, ça ne veut pas dire “offrez-nous des roses”, c’est même l’inverse.
Allez les gars, ce n’est pas longtemps, c’est l’histoire de quelques jours en vrai, vous pouvez vous retenir d’être des gros buffles, vous aurez tout le reste de l’année pour nous proposer des publicités ciblées et autres joyeusetés le reste du temps.
Cette petite liste des choses que je ne veux PAS voir cette année n’est pas exhaustive, mais j’avais envie de faire juste un top 8, histoire de rester dans la thématique.
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Top 8 des trucs que je ne veux pas voir pour le 8 mars
Vous êtes prêtes ? Allez, on y va ! Voici ce que je ne veux VRAIMENT pas voir :
1 – Des publicités sur Facebook/Instagram ou dans les magasins pour m’inciter à acheter une centrale vapeur ou une machine à laver, avec en entête : « faites-vous plaisir, mesdames, c’est VOTRE journée ! »
2 – Les devantures des fleuristes débordant de roses rouges étiquetées « pour offrir à la femme de votre vie les fleurs qu’elle mérite ». Merci, mais non merci, je préfère l’égalité des salaires et la fin de violences sexistes et sexuelles, tavu.
3 – Le boulanger qui m’offre un pain au chocolat en plus de ma baguette « parce qu’il faut gâter les femmes » wink wink clin d’œil malaisant.
4 – Les émissions de télé ou les JT qui se donnent bonne conscience en invitant des femmes sur leur plateau pour les refoutre au placard dès le 9 mars, ou bien ceux qui proposent des reportages titrés : « ces femmes qui font des métiers d’hommes ». Coucou, on est en 2024 !
5 – Le Body Shop à côté de chez moi qui propose une épilation des sourcils offerte pour toute épilation du maillot intégrale, parce que « le 8 mars, c’est l’occasion parfaite pour vous chouchouter ». Depuis quand se faire arracher des poils est synonyme de bien-être ?
6 – Je n’en ai rien à secouer que ce mec devant moi me tienne la porte donnant sur la sortie de métro en me faisant un clin d’œil et en disant « je suis gentleman, c’est votre fête wink wink ». Non, ce n’est pas MA fête, non, il n’y a rien à célébrer, et tu ne vas recevoir un cookie parce que tu ne t’es pas comporté comme un boulet en acceptant de tenir une simple porte.
7 – Je ne veux pas entendre un mec dire, plus ou moins discrètement : « et la journée des hommes, c’est pour quand ? » Euh, as-tu essayé genre TOUT le reste de l’année ?
8 – Entendre des mecs cis faire des blagues d’une nullité sans nom à leur meuf comme « allez ce soir, c’est moi qui cuisine » ou « c’est moi qui fais vaisselle », etc.
Merci d’arrêter de faire de cette date une opportunité marketing, merci aux hommes de bien vouloir respecter leurs égales les 365 jours de l’année, merci de ne pas oublier pourquoi cette date existe.
Et au fait, c’est pour quoi le 8 mars ?
Bon, globalement, si vous ne vivez pas sous un caillou, vous vous doutez que le 8 mars n’est pas qu’une simple journée faite pour augmenter le chiffre d’affaires des boutiques de chocolat.
Historiquement, cette journée de lutte pour les droits des femmes a été décrétée par les Nations Unies en 1977, mais l’idée avait déjà été pensée en 1910 lors de la conférence internationale des femmes socialistes, suite à l’appel de Clara Zetkin, journaliste, militante et présidente de l’Internationale socialiste des femmes à Copenhague.
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Cette figure historique du féminisme socialiste avait fait adopter l’idée par 17 pays et en avait fait un mouvement international. (Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article bien complet de France Inter.)
Les Nations Unies expliquaient le but de cette date :
« L’Assemblée générale des Nations Unies demande à tous les pays de la planète de s’efforcer de créer des conditions favorables à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et à leur pleine participation, sur un pied d’égalité, au développement social (résolution 32/142) ET invite tous les États à proclamer, comme il conviendra en fonction de leurs traditions et coutumes historiques et nationales, un jour de l’année Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale. »
Et pourquoi cette journée, destinée à abolir les discriminations évidentes, est-elle toujours d’actualité ? Car depuis 1977, les choses n’ont pas encore suffisamment bougé.
Malheureusement, tant que les femmes dans le monde n’obtiendront pas l’égalité salariale, tant qu’elles continueront à être victimes de violences sexuelles, tant qu’elles continueront à être battues, tuées, persécutées, tant qu’elles continueront d’être vues et considérées comme « le sexe faible », tant que la société continuera à croire qu’elle a un droit quelconque sur le corps des femmes, cette journée existera.
Alors franchement, grands dirigeants du marketing et du monde tout court, merci d’arrêter de nous prendre pour des jambons. Il n’y a vraiment rien à célébrer pour le 8 mars, il y a juste à gueuler. Et pas qu’une seule journée, tous les autres jours de l’année aussi.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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