Ce n’est clairement pas qu’à cause de la pandémie que la mode milieu de gamme s’effondre en France. Le secteur a commencé à plonger au moins depuis 2014, avec La Redoute qui a supprimé à l’époque 1350 postes, bientôt suivi par La Halle, Happychic (Jules, Brice, Bizzbee), C&A, Celio, Camaïeu, San Marina, Minelli.
Les fermetures de boutiques, plans de sauvegarde de l’emploi, redressement judiciaire et liquidation s’enchaînent et s’accélèrent, touchant aussi la mode enfant. Par exemple, la marque Bonton a été placée en redressement judiciaire en octobre 2023, avant d’être finalement reprise le 15 décembre par la Compagnie financière Roger Zannier. et le groupe IDKids (qui gère les filiales Okaïdi, Obaïbi, Jacadi, Oxybul éveil et jeux, Rigolo Comme La Vie, Bubble, ou encore N’JOY) a annoncé un plan de restructuration pour mieux se concentrer sur ses activités fortes.
C’est maintenant au tour de deux autres enseignes de mode enfant, adorées par les parents, de passer en redressement judiciaire.
Du Pareil au Même et Sergent Major, placés en redressement judiciaire
En effet, c’est au tour du groupe Générale pour l’Enfant (GPE) d’être placé en redressement judiciaire, comme l’a révélé l’AFP le 20 mars 2024. C’est la maison mère des marques pour enfant Du Pareil Au Même (DPAM) et Sergent Major. Cette décision de justice a été actée le 14 mars 2024 à la demande du tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Le groupe Générale pour l’Enfant qui détient Du Pareil Au Même et Sergent Major est en cessation de paiements depuis le 6 mars. Il se retrouve donc en période d’observation durant six mois, jusqu’au 16 septembre, pour tenter de redresser la barre. L’avenir nous dira s’il y parviendra, s’il sera liquidé et/ou racheté in extremis.
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Une loi contre l’ultra fast fashion pourrait-elle sauver les marques de mode milieu de gamme en France ?
Parmi les raisons qui expliquent l’effondrement de la mode milieu de gamme en France, compte la percée d’acteurs d’ultra fast fashion comme Primark, PrettyLittleThing, boohoo, AliExpress, Wish, Shein ou encore Temu. Ces nouveaux poids lourds contribuent à la polarisation du secteur vers le luxe d’un côté (même les acteurs de la fast fashion traditionnel comme Zara et H&M deviennent de plus en plus premium) et le low cost de l’autre, rendant obsolète l’entre-deux.
C’est pour limiter la casse sociale mais aussi écologique que deux propositions de lois contre la fast fashion sont actuellement à l’étude en France. D’un côté, celle du député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques, et de l’autre celle d’Anne-Cécile Violland de la coallition Horizons. Les deux visent à limiter l’impact environnemental et social de l’industrie de la mode, en pénalisant les marques qui sortiraient trop de nouvelles références, notamment par un système d’éco-taxe. Mais aussi interdire qu’elles puissent faire de la publicité.
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Le récap des marques de mode en difficulté aujourd’hui en France
- 2014 : La Redoute supprime 1350 postes
- 2017 : La Halle aux chaussures ferme 141 magasins, 730 licenciements
- 2018 : Happychic (Jules, Brice, Bizzbee) ferme 88 boutiques, 466 licenciements
- 2019 : C&A ferme 14 boutiques, supprime 115 emplois
- 2020 : C&A ferme 30 magasins supplémentaires, et 200 licenciements en plus, tandis que La Halle ferme 454 magasins et supprime 1555 emplois, Celio en ferme 102 et sucre 200 postes.
- 2022 : Camaïeu supprime 2600 postes
- 2023 : San Marina supprime 680 emplois, Kookaï 150
- 2024 : Minelli supprime 392 emplois
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