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Vue de l'exposition « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode » // Source : Stéphane Aït Ouarab
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Ces 2 expos mode se consacrent à Azzedine Alaïa, le défunt couturier-collectionneur

Les expositions « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode » à la fondation Alaïa et « Azzedine Alaïa, couturier collectionneur » au Palais Galliera donnent à voir les créations du plus petit des grands couturiers, disparu en 2017, aussi bien ses robes que sa vision de l’histoire de la mode à travers les pièces d’autres designers.

Le fashion month des 4 capitales occidentales principales s’apprête à se terminer (après New York du 7 au 13 septembre, Londres du 15 au 19, Milan du 19 au 25, et Paris du 25 au 3 octobre). En parallèle des designers vivant·e·s qui défilent, un autre créateur parvient à marquer les esprits alors même qu’il est décédé en novembre 2017 : Azzedine Alaïa. En effet, deux expositions s’y consacrent, l’une dans la fondation qui porte son nom, l’autre au musée de la mode de la ville de Paris qu’est le Palais Galliera. Car il fallait bien au moins deux expos pour tenter de donner à voir l’étendue de ce qui pourrait bien être la collection de mode privée la plus importante au monde.

En effet, il ne s’agit pas simplement d’œuvres d’Azzedine Alaïa (1935-2017), mais aussi des créations d’autres designers qu’il admirait. De quoi présenter sa vision personnelle de l’histoire de la mode. Car ce sont près de 20 000 pièces qui ont été découvertes dans ses archives, dont beaucoup de Chanel, Dior, Schiaparelli, Lanvin, Vionnet, Madame Grès, Patou, Yves Saint Laurent, Paquin, Charles James, ou encore Jacques Fath. À commencer, surtout, par du Balenciaga, car lorsque le fondateur de la maison du même nom a décidé de fermer boutique en 1968, Azzedine Alaïa s’est ruiné pour en acheter les stocks d’invendus. C’est à partir de là que, incapable de déconstruire les robes pour en réutiliser les matières premières tant il les trouvait intéressantes, il a commencé à collectionner compulsivement bien d’autres designers.

« Alaïa / Grès. Au-delà de la mode » à la fondation Alaïa

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Vue de l’exposition « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode ». © Stéphane Aït Ouarab

Sculpteur de formation (aux Beaux-Arts de Tunis), Azzedine Alaïa s’est rapidement épris des créations de Madame Grès (1903-1993) qui se voulait sculptrice. De son vrai nom Germaine Krebs, elle s’associe d’abord à Julie Barton pour ouvrir la Maison Alix en 1933 dont les modèles évoquant la statuaire antique rencontrent un franc succès. Elle fonde ensuite en solo la maison Grès (anagramme du prénom de son mari Serge) en 1942 et sculpte des robes grâce à ses techniques de drapés et de plissés qui lui attirent comme clientes Greta Garbo, Marlene Dietrich, Maria Casares, Delphine Seyrig ou Grace Kelly. La nouvelle exposition « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode » fait ainsi converser 60 de leurs créations pour en montrer les similarités : un dépouillement apparent qui dissimule en réalité une incroyable complexité de coupe et de conception technique. C’est ce qui amène l’historien de la mode et proche d’Azzedine, devenu directeur de sa fondation, Olivier Saillard à présenter l’exposition comme « le dialogue de Grès et Alaïa, deux obstinés solitaires devenus sculpteurs de robes ».

Exposition « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode », à la fondation Alaïa (18 rue de la verrerie, 75004 Paris) du 11 septembre 2023 jusqu’au 11 février 2024.

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Vue de l’exposition « Alaïa / Grès. Au-delà de la mode ». © Stéphane Aït Ouarab

« Azzedine Alaïa, couturier collectionneur » au Palais Galliera

Alors que le musée de la mode de la ville de Paris avait déjà consacré une rétrospective au plus petit des grands couturiers, voilà qu’il lui dédie à nouveau une exposition, mais cette fois en tant que collectionneur de mode. À travers les pièces qu’il a choisi d’acheter, car il les trouvait marquantes, intéressantes, s’écrit ainsi sa version de l’histoire de la mode, des premières robes haute couture de l’histoire de Charles Frederick Worth (c’est à ce couturier britannique qu’on doit en effet cette appellation) à des pièces Thierry Mugler, Nicolas Ghesquière, Martin Margiela, Lee McQueen, Jean Paul Gaultier, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet, Jeanne Paquin, ou encore Comme des Garçons par Rei Kawakubo.

De gauche à droite : Madeleine Vionnet, robe du soir « Petits chevaux », haute couture, vers 1924 ; Chanel, robe du soir, haute couture 1937 ; Jeanne Lanvin, robe du soir, haute couture, vers 1935 ; Jean Patou, robe et gilet, haute couture, vers 1935-1938 ; Jean Patou, robe et gilet, haute couture, vers 1935-1938 ; Comme des Garçons, robe, prêt-à-porter printemps-été 2014. // Source : © Patricia Schwoerer / rgmparis
De gauche à droite : Madeleine Vionnet, robe du soir « Petits chevaux », haute couture, vers 1924 ; Chanel, robe du soir, haute couture 1937 ; Jeanne Lanvin, robe du soir, haute couture, vers 1935 ; Jean Patou, robe et gilet, haute couture, vers 1935-1938 ; Jean Patou, robe et gilet, haute couture, vers 1935-1938 ; Comme des Garçons, robe, prêt-à-porter printemps-été 2014. © Patricia Schwoerer / rgmparis

À lire aussi : Cette expo célébrera les trop rares créatrices de mode qui habillent les femmes

Au total, 140 pièces se dévoilent, soigneusement sélectionnées par Olivier Saillard et Miren Arzalluz, directrice du Palais Galliera. Traverser cette exposition ne rend d’ailleurs que plus flagrant combien ces designers viennent d’une époque résolument tournée vers l’avenir, non en train de réinterpréter la décennie passée, ou de remixer sans cesse les mêmes codes d’une maison sous respirateur et qui fleure bon la naphtaline. Dans cette histoire de la mode selon Azzedine, le temps ne semble même pas passer, tant tout paraît intemporel, et c’est peut-être dans ces créations d’éternité que se trouve le futur.

Exposition « Azzedine Alaïa, couturier collectionneur » au Palais Galliera (10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75016 Paris) du 27 septembre 2023 au 21 janvier 2024.

À noter enfin que les visiteur·e·s muni·e·s d’un billet du Palais Galliera, peuvent bénéficier d’un tarif réduit à la Fondation Azzedine Alaïa, d’un montant de 7€. Bonne visite !


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