— Article initialement publié le 29 novembre 2013
Avoir une cervelle en hyperactivité constante, ça peut avoir des avantages : on s’emmerde rarement, on passe son temps à chercher (et souvent à trouver) des solutions, on analyse tout ce qui bouge, on ne reste jamais sur ses acquis, bref, y a de quoi bien se marrer dans l’ensemble.
Mais lorsqu’on traverse une période difficile (relation foireuse, rupture, problèmes de taf, de famille, de thune), ça devient vite infernal.
On doit sans arrêt se battre contre toutes les parties de notre cerveau qui s’activent en même temps et qui refusent de coopérer les unes avec les autres.
On s’accroche à ce qu’on peut, pour éviter de couler, mais on passe 80% de notre temps à cogiter, flipper, tout retourner, et trouver une solution durable.
Le problème c’est qu’on a tendance à vouloir se tourner vers les gens pour faire taire les voix dans nos têtes.
Seules les personnes qui comptent vraiment, qui sont au centre de nos préoccupations actuelles, peuvent avoir un impact. Il n’y a que leur voix qui a le pouvoir de faire taire les autres.
Alors on se jette sur la moindre occasion pour leur parler, recevoir une petite phrase, un mot, même un smiley débile : il nous faut quelque chose, n’importe quoi, pour calmer le brouhaha qui fait vibrer notre cerveau.
Quand la communication est établie, on cherche à tout prix à la faire durer le plus longtemps possible ; on relance sans arrêt, souvent avec des phrases de merde qui n’appellent pas vraiment de réponse, dans l’espoir que ça reparte.
Parce que si ça s’arrête, c’est la merde : le manège reprend et toute la conversation servira de carburant pour nos méninges qui reprendront leur danse de plus belle, et qui analyseront chaque mot, souvent à tort, pour essayer d’y trouver un sens caché.
Quand on ne parle pas aux autres, on pense à tout ce qui ne va pas, et au fait qu’on aimerait bien leur parler, mais qu’il ne faut pas : ça va les agacer, ils vont se lasser, nous détester, nous rejeter, et tout sera fini avant qu’on ait eu le temps d’y faire quoi que ce soit.
Mais l’absence appelle le silence, et le silence appelle les voix dans nos têtes. Le serpent se mord la queue et on en chie pour garder l’esprit clair.
Alors on se rue sur une série, un film, un livre, un jeu vidéo, une montagne de taf qui attend depuis des plombes, et on fait tout ce qu’on peut pour paralyser la partie de notre cerveau qui nous empêche de fonctionner.
Mais ça ne trompe personne : en arrière-plan, ça pédale, non-stop, sans arrêt, et les voix ne se taisent jamais.
Impossible alors de se fixer sur un seul sentiment : chaque conclusion satisfaisante est automatiquement évincée par l’arrivée d’une autre, qui affirme l’opposé total, et ainsi de suite jusqu’à épuisement.
Et changer d’avis 800 fois par jour, c’est un peu fatigant.
Pourtant, il doit bien y avoir une solution ! On fait l’inventaire de toutes les possibilités et on cherche celle qui nous convient le mieux… jusqu’à ce qu’elle ne convienne plus, quelques heures plus tard, et il faut tout recommencer.
Tout est prétexte à tout remettre en question, il ne faut jamais s’arrêter, jamais se fixer sur un avis définitif.
Se fixer, c’est mourir. C’est se condamner, s’enfermer, se priver des autres possibilités. On est terrifié-e-s à l’idée de se mentir, de prendre une décision pour les mauvaises raisons, de se trahir, de se mettre en danger.
On ne sait plus quelle voix écouter, c’est le bordel, alors on passe des heures à faire les cent pas, à fixer un point imaginaire, à attendre la suite, attendre que la vie fasse son travail et nous libère, peut-être, du fardeau de la prise de décision.
Dans ces moments-là, il faut tenter, par tous les moyens, de tirer tout ça à notre avantage. Après tout, notre cerveau nous a déjà sorti-e-s de bien des emmerdes, à force de tout analyser !
On a su se protéger jusqu’ici, prendre les bonnes décisions, gérer les conflits et les moments de panique, y a pas de raison que ça change. Quand on a le nez planté dans la merde, c’est plus compliqué de voir tout le tableau, mais on s’en sort toujours.
En attendant que ça passe, voici ce que vous pouvez essayer.
Concentrez-vous sur les bonnes choses
Il y en a toujours. Même si elles se font plus discrètes à certaines périodes, elles sont là. Et cette petite manie qu’a notre cerveau de braquer des projecteurs sur les trucs les plus pourris de toute situation peut très bien être renversée et utilisée à notre avantage.
Il faut juste s’entraîner à changer d’angle, mettre les bonnes choses en lumière pour une fois, et apprendre à s’en contenter.
Et si vous avez du mal à les visualiser, il y a toujours l’option de la liste, qui fonctionne très bien !
D’abord parce que ça vous permet de garder une trace écrite de toutes ces belles choses, mais surtout parce que ça vous force à vous concentrer dessus un long moment, le temps de tout poser sur le papier.
Et après avoir passé une ou deux heures à ne penser qu’au positif, ça finit par agir sur votre petite cervelle fatiguée !
Laissez la vie faire son boulot
Il faut apprendre à lâcher les rênes de temps en temps et à laisser la vie suivre son chemin. C’est pas parce qu’on quitte la route des yeux deux minutes qu’on va foncer dans un troupeau de platanes pour autant, et puis bon, si on pouvait contrôler tous les aspects de son existence, ça se saurait, depuis le temps !
Et ce serait plutôt nul, en réalité. Il faut faire confiance au destin, au hasard, et à toutes les choses que vous avez accomplies auparavant.
Chaque effort, chaque changement, chaque évolution, chaque bonne décision représentent autant de graines semées qui mettent parfois un peu de temps à pousser mais qui ont tendance à prendre des proportions remarquables quand on leur laisse leur chance.
Faites donc confiance à tout le boulot que vous avez abattu jusqu’ici, et regardez-le porter ses fruits !
Ne laissez pas de place aux regrets
Vous le savez, puisque vous passez le plus clair de votre temps à rejouer toutes les scènes de votre vie dans votre tête en essayant de trouver le bon scénario, les bonnes répliques, tous les éléments qui changeraient chaque échec, chaque chute en victoire triomphante : on est rarement satisfait de la façon dont se déroulent la plupart des évènements qu’on vit.
Même quand on fait tout pour que tout se passe bien, même si sur le moment on prend un pied monstrueux et on peine à imaginer comment la situation pourrait être encore plus jouissive, on trouve toujours un truc qui ne va pas, avec le recul.
Quand en plus votre cerveau est constamment bouffé par la peur de mal faire, de perdre quelqu’un, de rater quelque chose ou de balancer un mot de traviole, y a même plus moyen d’apprécier le moment présent.
On lutte contre ses démons alors qu’on devrait être en train de kiffer à 100%, on sourit pour masquer le voile de doute et de trouille qui alourdit notre expression, et chaque moment de plaisir est transformé en effort.
Alors une fois qu’il est passé, on s’en veut, parce qu’on en a pas profité, parce qu’on a tout gâché, parce qu’on est pas satisfait•e, et on regrette, on se flagelle, on cogite, et ça recommence.
Il faut donc se faire la promesse de ne plus jamais se laisser gâcher les bons moments en imaginant le pire, de respirer un grand coup et de concentrer toute son énergie sur le moment présent (et de ne garder qu’une voix en tête, celle qui hurle à toutes les autres de bien fermer leur gueule si elles veulent pas s’en manger une).
Faites-vous confiance !
Eh, vous êtes encore vivantes, nan ? Vous n’avez jamais pris de décision ayant engendré des conséquences absolument désastreuses (du genre décès, fin du monde, abandon total par tous les êtres aimés en même temps) ?
Si vous avez le cerveau en surchauffe, c’est aussi parce que votre instinct de survie est plus puissant que la moyenne ; vous lui avez fait confiance jusqu’ici, c’est pas le moment d’arrêter.
Et même si les choses ne se passent pas comme prévu, même si vous morflez, que vous vous rétamez la gueule sur le bitume, que vous perdez quelques dents au passage… vous vous relèverez toujours.
On ne peut pas échapper à la douleur. Et plus on lutte contre cette réalité, plus ça fait mal.
Alors faites-vous confiance : vous avez réussi à vous remettre de tout ce qu’on vous a mis dans la gueule jusqu’à aujourd’hui, y a pas de raison que ça change.
L’important dans tout ça, c’est que vous vivez – vous n’êtes pas seulement « en vie », vous vivez, vous êtes là, vous ressentez tout un tas de trucs et vous enchaînez les expériences, et c’est une chance dont il faut se réjouir et profiter pleinement, même dans les pires moments.
Détendez-vous, bordel !
Tout ça, c’est bien joli, mais quand on est au coeur de la crise, c’est toujours plus compliqué d’appliquer la théorie à la pratique.
Alors respirez un grand coup, videz-vous la tête, laissez toute la merde qui vous encombre le cerveau s’épuiser toute seule, n’y prêtez plus attention.
Inspirez, expirez, pensez à des trucs cool, rigolez un coup, répétez-vous les formules qui vous rassurent, et lâchez un peu de lest.
La seule personne avec laquelle vous êtes condamnée à vivre jusqu’à la fin de vos jours, c’est vous-même, alors autant faire tout votre possible pour la cohabitation se passe bien.
Chandler, modèle parmi les modèles.
À lire aussi : J’ai découvert que j’étais surdouée à 29 ans
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
j'essaye d'oublier en me concentrant sur des choses drôles, des choses qui demandent pas trop de réflexion