Dans les grandes villes du Venezuela, il existe un endroit magique où les rêves deviennent réalité, où tout le monde se retrouve, un endroit pour les grands et les petits : les centres commerciaux. Pourquoi autant de succès? Parce qu’on y trouve tout ce que l’on peut attendre en tant que Vénézuélien-ne.
Au centre commercial, il y a des parkings
Un critère CLÉ à Caracas et au Venezuela de manière générale, car ici la voiture règne sur les villes. Dès que l’on peut (car les véhicules coûtent très cher), on s’achète une voiture. Les foyers les plus aisés en ont carrément une par personne.
Ceci s’explique par l’urbanisme, car les villes principales ont été conçues pour les voitures, pas pour les piétons : par exemple, les différentes zones de Caracas, notamment les nombreux quartiers-dortoirs et les centres d’activités avec un grand nombre d’entreprises, sont assez éloignées et connectées entre elles par plusieurs autoroutes ou voies rapides, évidemment sans trottoirs (et marcher sur une bande d’arrêt d’urgence, ça ne fait pas trop envie).
De plus, les transports en commun existent mais ne sont pas aussi développés que dans d’autres capitales : le métro par exemple, qui comporte quatre lignes, est très vite bondé aux heures de pointe. Et puis la voiture, ça représente aussi le confort avec l’air conditionné, et la sécurité : on se sent moins vulnérable dans l’habitacle de son véhicule qu’en attendant le bus dans la rue.
Mais du coup, toutes ces voitures créent des embouteillages monstres en permanence, qui constituent un des fléaux de Caracas (la fameuse « cola »). Et dès que l’on va quelque part, la question principale sera « Où se garer ? », donc les centres commerciaux avec leurs grands parkings sont un endroit idéal d’un point de vue pratique.
Il fait bon vivre au centre commercial
Et quand je dis « bon », je parle au sens propre : il y a l’air conditionné. Ça peut paraître dérisoire mais c’est un critère décisif ici, vu la chaleur qu’il fait dehors : dès qu’on fait le moindre mouvement, on sue à grosses gouttes ; du coup, la climatisation est mise à fond partout. Au début, quand on débarque d’Europe, on n’est pas habitué et on gèle dès qu’on entre quelque part, mais au bout de quelques temps, on bénit la climatisation et on finit par ne plus mettre de pull à l’intérieur.
Le centre commercial est un endroit sécurisé
Comme je l’évoquais dans un article précédent,
la sécurité est un problème important au Venezuela et conditionne pas mal d’habitudes. Du coup, les centres commerciaux, avec leurs espaces fermés, leurs caméras et leurs gardiens de tous les côtés sont un des rares endroits où l’on peut se sentir à l’aise et se relaxer un moment sans surveiller d’un œil ce qui se passe alentour. On peut se balader tranquillement, s’installer pour prendre un verre ou manger un morceau sans avoir peur de se faire agresser par quelqu’un qui passe près de la terrasse.
Le centre commercial, une ville dans la ville
Et pour ces raisons, dans les « malls », il y a TOUT. Vraiment tout. Ce ne sont pas simplement des endroits où faire son shopping ou manger un McDo, ce sont de vrais lieux de vie au quotidien.
On va avoir donc tout ce qu’on trouve habituellement dans un centre commercial : les boutiques de prêt-à-porter, de chaussures, des fast-food en tout genre, ainsi que des cinémas.
Mais on y trouvera aussi de vrais restaurants, des coiffeurs, des salons de beauté, des pharmacies, des clubs de gym, des banques (pas seulement des distributeurs), des écoles de langues, et toutes sortes de bureaux en général : beaucoup d’entreprises ont leurs locaux dans des centres commerciaux, pour les raisons énoncées plus haut, qui simplifient grandement la vie des employés et des clients, et qui les déchargent de certains aspects de gestion. Il y a même des bureaux de l’administration publique, notamment ceux de certaines mairies, ou du service des impôts ! Et dans certains centres, il y a carrément… des hôpitaux.
Du coup, dès qu’un centre commercial est en projet, il est pris d’assaut immédiatement et tous les espaces sont déjà loués bien avant que la construction ne débute.
C’est pour cela que les centres commerciaux, d’immenses groupes de bâtiments plus modernes les uns que les autres, sont de vrais lieux de vie et de sortie, voire des micro-villes dans la ville : on passe dans un centre commercial presque une fois par jour, par nécessité ou par plaisir, que ce soit pour aller acheter quelque chose, faire signer un papier, accomplir diverses formalités administratives, pour des réunions de boulot, un rendez-vous à la banque, pour acheter un médicament, aller déjeuner le midi, comme sortie familiale ou entre amis le week-end, pour sortir boire un verre le soir…
Alors oui, on trouve aussi de petits cafés et des magasins dans les rues, mais regroupés dans certains quartiers, et ils ne rassemblent pas tous les avantages du centre commercial : on ne sait pas où se garer, on a un peu peur d’en sortir le soir et de se faire agresser.
Finalement, ces pôles condensant services et loisirs se trouvent d’une certaine manière hors de la ville, ce sont des endroits à part, des blocs isolés. Que penser de ce phénomène ? On peut voir cela comme le symptôme d’un ou plusieurs problèmes plus profonds de la ville. À ce sujet, je suis tombée par hasard sur cette citation assez pertinente du soufi iranien Shams-i-Tabriz : « Les villes s’érigent en colonnes spirituelles. Telles des miroirs gigantesques, elle reflètent le cœur de leurs habitants. Si les cœurs s’obscurcissent et perdent la foi, les villes perdent leur charme ». Et je reconnais que les petits bistrots nichés au détour des ruelles françaises me manquent parfois…
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Les Commentaires
OUIIII j'y ai pensé immédiatement ! Elle veut plus sortir de ma tête, maintenant !