Un jour en 2005, j’ai rencontré l’homme de ma vie. Je ne me souviens pas de quand date exactement la première fois où je l’ai aperçu à l’autre bout de l’amphi par un matin brumeux. En revanche, je me rappelle très bien de ses yeux bleus et de son petit sourire plein de fraîcheur. Rien que ça, ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Un sourire plein de fraîcheur avant midi, c’est de l’ordre de la psychopathologie ou du surhumain.
Rapidement, je me suis dit qu’il fallait que je fasse plus ample connaissance avec le jeune homme du bout de l’amphi. Deux-trois tactiques de rapprochement plus tard, nous partagions un café au sein d’un groupe d’amis communs. L’histoire s’engageait bien, il était définitivement charmant. Et intéressant. Et drôle. Et de bonne humeur.
Au fil des cours et des cafés, nous en étions venus à parler régulièrement ensemble, rien que tous les deux. Je me sentais bien avec ce mec simple, pas compliqué, droit. J’avais bien envie de faire un petit bout de chemin avec lui, même si ce n’était que se promener le long des Quais le dimanche matin avec lui. Enfin… "dimanche matin", n’exagérons rien. Pour moi, le dimanche matin commence à 14h. Et oui, je suis un peu décalée. J’aime vraiment bien dormir de 1h à 11h du matin. L’avantage, c’est que quand je vais aux Etats-Unis, je suis la plus heureuse des décalées-horaires.
Donc nous nous voyions, souvent par hasard, toujours avec plaisir. Le moment du premier rendez-vous n’était pas encore venu, mais celui des confidences quasi-intimes, si. Surtout le jour où – paroxysme du romantisme – nous nous sommes retrouvés à faire la queue ensemble – comme c’est meuuuuuugnon – pour aller aux toilettes. A ce moment-là, j’ai compris que nous étions en train de franchir un cap dans notre relation.
En effet, quel cap. Alors que nous parlions de tout et de rien, il s’est ouvert à moi, soudainement et innocemment, m’expliquant sans aucune retenue l’origine de son sourire pimpant dès les premières heures du jour. "Tu comprends, je me lève à 4 heures tous les matins, je vais faire ma petite heure de jogging, et après, je suis d’attaque pour la journée". "Euh mais… tu n’es pas fatigué ??" "Oh non, c’est mon rythme naturel".
Ce jour-là, alors que la cabine de toilettes se libérait, j’ai compris que jamais je ne pourrais faire ma vie avec lui. Ni même un petit bout de chemin. Ni même rien qu’une simple nuit. Moi, à 4 heures, je commence tout juste ma nuit en général. Et j’aime bien quand elle dure plus de 5 heures. Généralement, j’aime même qu’elle dure une petite dizaine d’heures. Un vieux truc qui doit dater du temps où j’avais une peluche marmotte. J’ai dû choper sa maladie du sommeil durant une des nombreuses nuits que nous passions collées l’une à l’autre, ma marmotte et moi.
En somme, un homme qui se lève à 4 heures du matin, en plus pour jogger par tous les temps (sa saison préférée, "c’est l’hiver, il y a moins de monde") quelles que soient ses autres qualités par ailleurs, ne peut définitivement pas être l’homme de ma vie.
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