L’été pour moi est l’occasion de retrouver ma petite bande du lycée.
Nous nous sommes dispersés dans le monde entier, nous avons pris l’habitude de nous retrouver chaque année dans une maison, où chacun convie les quelques personnes qui ont marqué son année.
Avoir un coup de foudre alors qu’on est en couple
Cette année-là, nous nous réunissons de nouveau.
Après les câlins de retrouvailles et une bonne dizaine de fous rires, je vais m’assoir avec deux garçons, invités par mes amis. Le débat est politico-économique, le sujet m’intéresse et je trouve rapidement ma place avec eux.
Petit à petit, la discussion dérive sur nos situations personnelles et l’un des deux hommes quitte la conversation.
Je me sens bien, étonnamment à l’aise avec cet inconnu et je finis par lever les yeux vers lui.
Malgré mon amour des rencontres et des jeux de séduction, je ne me suis pas attardée sur le physique de mon interlocuteur.
Je commence par remarquer qu’au fil de la discussion, nos corps se sont (inconsciemment ?) rapprochés. Ensuite, mon regard a croisé le sien…
C’est là le moment où tout a basculé.
Un coup de foudre en un regard
Le temps s’est figé, la discussion s’est coupée, et on a dû passer bien une minute à se regarder, un peu hébétés par la situation.
C’était un mélange entre l’électricité qu’on prend en ouvrant une machine à laver sans chaussures (#Team1990…) et les papillons dans le ventre que beaucoup ont ressenti pendant leur premier baiser en colo.
Fort, puissant et… Parfaitement inapproprié. Car je suis en couple. Et lui aussi.
La discussion reprend son cours, rythmée par quelques regards complices.
Au bout d’une bonne heure, je prends conscience que, si je passe un excellent moment, il se passe quelque chose de très fort et je ne sais pas l’expliquer.
Les rares fois où nous nous frôlons, la décharge électrique s’intensifie, ses regards me font rougir, et il faut l’avouer : l’attirance sexuelle s’installait.
Dans un éclair de lucidité, je décide de partir me coucher. Évidemment, je ne ferme pas l’œil.
Ce coup de foudre était-il imaginaire ?
Le lendemain matin, je suis surprise de voir qu’il fait partie des survivants présents pour le ménage.
Immédiatement, la tension revient et, cette fois, personne autour du petit déjeuner n’est dupe. Je vois mes ami·es intrigué·es et amusé·es par la situation ; lors du partage des tâches, notre binôme est évident.
Encore quelques heures de discussion et cette fois je commence à me poser des questions : qu’est-ce qu’il m’a fait pour me mettre dans cet état ? Est-ce réellement réciproque, ou je me fais des films ?
Nous nous séparons à la fin de la journée, avec un regard qui me semble plein de tendresse et de questions partagées. Mon cerveau dit à mon coeur : « Eh oh, on arrête les conneries, et on va se coucher ».
Rien ne nous lie, il n’habite pas ici, nous n’avons échangé ni numéros, ni noms. Nous avons si peu de chance de nous recroiser.
Le coup de foudre était-il réciproque ?
Le lendemain matin, un message m’attend.
Après quelques jours, des centaines de messages et quelques heures au téléphone
, je peux l’affirmer : il a passé exactement la même soirée que moi.
Et nous sommes d’accord sur un bon nombre de points. Nous ne croyons pas aux coups de foudre par exemple (ironique, non ?).
Les sentiments que l’on a développés l’un pour l’autre sont réels, mais on préfère se revoir en tant qu’amis que pas du tout.
De toute façon, nous ne souhaitons pas remettre en question nos couples respectifs.
Avec tout ça, nous saisissons une opportunité (rare) de nous revoir, et nous passons une journée à discuter tendrement au milieu de nulle part, luttant pour que les câlins qui viennent naturellement ne dérapent pas.
Mon cerveau crie à mon coeur : « Allô ?! Là quand même, il faut choisir : remords ou regrets ? ».
Toutes les bonnes choses ont une fin…
Après cela, il faut se rendre à l’évidence : l’amitié ne marchera pas.
Il y a une alchimie plus forte qu’une simple attirance, comme s’il était parfaitement naturel pour nous de fonctionner ensemble.
Les échanges sont simples, honnêtes, et terriblement bienveillants.
La distance géographique et nos situations nous amènent à naturellement nous éloigner, et même si nous prenons quelques nouvelles, nous devenons pudiques sur nos sentiments.
Au fond de moi, j’ai une impression d’inachevé et l’intime conviction qu’un jour, on écrira une suite, ou nous mettrons un point final à cette histoire.
Cette fois, mon coeur à mon cerveau déclare : « Hé non, on ne bloquera pas son numéro, et on ne s’empêchera pas de penser à lui ».
À lire aussi : Le coup de foudre, ça existe vraiment ?
Ce coup de foudre a changé ma vision du couple
Cette petite épopée n’a pas laissé ma vie indemne.
D’une manière générale, elle a rythmé mon été de sentiments forts et vrais, de ceux qu’on voit dans les films, et j’ai adoré ça.
Ensuite, ma vision du couple a changé.
Pour moi, l’important c’était déjà d’avoir la même vision de la vie : les mêmes envies ou non-envies d’enfants, de voyages, de quotidien…
Finalement, je crois qu’il y a autre chose qui nous pousse à accepter l’autre en entier, avec ses différences et ses défauts, quelque chose nous pousse à déborder de bienveillance et d’altruisme pour l’autre.
Les valeurs qui me tenaient à coeur comme les activités communes, la fidélité, le partage de la vie quotidienne, ont été remplacées par l’honnêteté, et la communication.
Plus rien d’autre ne m’importe plus qu’une transparence totale en toutes situations ainsi que l’écoute de l’autre.
Ce coup de foudre a changé ma façon de vivre
Dans une toute autre dimension, je me suis retrouvée. Longtemps, j’ai cru avoir besoin de stabilité, d’engagement, pour me sentir en sécurité.
Finalement, j’ai renoué avec cette passion de ressentir des choses fortes, assumant les retours de flammes parfois douloureux.
Elle est là ma sécurité à moi : dans l’insécurité. Paradoxal ? Peut-être, mais maintenant j’assume !
Et puis, si j’en sors blessée et déçue par l’impossibilité de notre histoire, torturée par le manque, je me découvre plus positive que jamais.
Je suis reconnaissante d’avoir vécu ces moments, hors du temps et de toute logique.
Peut-être nous oublierons-nous rapidement, peut-être nous retrouverons-nous sous de meilleurs hospices ?
Peu m’importe, la vie est pleine de surprises, d’opportunités et de rebondissements qu’il faut savoir saisir, apprécier et parfois laisser filer.
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Les Commentaires
Du coup je crois qu'il s'agit plus d'une question de timing que de personne. Si on avait rencontré la personne qui nous fait craquer à un autre moment de notre vie, peut-être qu'elle ne nous aurait pas inspiré la même chose. Mais parce qu'à tel instant ses qualités répondent à nos aspirations inconscientes, elle nous apparaît comme celle qu'on a toujours attendue. Après, évidemment je comprends aussi le fait de romancer la rencontre et d'en faire quelque chose d'un peu «mystique» en mode «on est des âmes sœurs que le destin a réunies». Mais dans les faits, je pense que le coup de foudre c'est pas un truc qu'on «attrape» comme ça, n'importe quand et contre lequel on ne peut pas lutter. Si on creuse un peu, derrière l'intensité des émotions et des sensations il y a des choses à apprendre sur nous-mêmes.