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Celui qui me prenait pour sa mère

En septembre 2001, j’ai rencontré l’homme de ma vie. Il était parfait, mais notre relation s’est très vite heurtée à un troisième larron, Sa Majesté le Roi Œdipe.

Dès nos premières rencontres s’est en effet installée entre nous une relation étrange. J’aimais prendre soin de lui, tout faire pour qu’il se sente bien (une âme d’infirmière sommeille en toute femme, paraît-il) en l’écoutant parler pendant des heures de choses passionnantes et drôles à la fois, et lui me respectait infiniment, autant intellectuellement que physiquement. Trop même : il fallait que ça change. L’un des mes atouts majeurs dans cette lutte pour son bien-être – mon arme de séduction massive en un sens – visait son palais et son estomac, qui semblaient apprécier particulièrement ma cuisine.

Un rituel s’est mis en place, celui du « dîner chez moi« . Je mettais de la musique classique classieuse, il venait avec une bouteille de vin tandis que je lui servais ce que j’avais passé l’après-midi à cuisiner. J’aimais voir ses yeux gourmands, emplis de désir tout culinaire. J’aimais le voir savourer mes petits plats tout en alimentant une conversation nourrie. Après le dîner, pour me remercier, il faisait la vaisselle pendant que nous continuions à parler de tout et de rien. Il me demandait conseil sur toutes les choses importantes de sa vie, et suivait toujours mon avis, ce que je trouvais très flatteur. J’appréciais cette marque de confiance absolue et j’avais l’impression d’être importante dans sa vie. Peut-être même la personne la plus importante. Il était toujours là pour moi et moi pour lui.

Les dîners avec lui étaient absolument délicieux, trouvais-je. Lui aussi. Moi, ce que j’aimais, c’était qu’il soit là. Lui, ce qu’il aimait, c’était que je sois là avec mes recettes magiques.

Quand il dégustait, je me sentais pousser des ailes de Penelope Cruz dans Woman on top (Amour, piments et bossa nova), ce film dans lequel toute sa sensualité débordante est liée à sa façon toute brésilienne de cuisiner suavemente (je sais, c’est de l’espagnol et non du portugais, mais je ne m’appelle pas Babel, hein). Chacun sa façon de draguer. J’ai beau ne pas avoir le physique de Penelope (qui, avouons-le, contribue beaucoup à sa sensualité culinaire, parce que Maïté est certes une reine de la casserole, elle n’a pourtant jamais eu le même effet…), j’imaginais pouvoir conquérir son coeur en passant par son estomac.

Je n’ai jamais vraiment fait d’anatomie à vrai dire. Sinon, j’aurais su que les circuits cardiaques et digestifs sont bien distincts. Il paraît qu’on peut garder un homme par la bouffe (ou le sexe, ce qui représente encore un circuit différent). Peut-être. Mais on ne peut jamais le conquérir par le même procédé. Un soir, après un de nos dîners, j’ai eu un flash : ce mec me prenait pour sa mère. Son respect commençait à m’étouffer. Tel un oisillon tombé du nid et exilé loin du foyer familial pour ses études, il venait chercher chez moi le réconfort de la blanquette de sa môman. Or quel garçon (sain d’esprit, c’est-à-dire comme on les aime) a envie de coucher avec sa mère, même de substitution ?

Cela expliquait que nos contacts physiques restent des plus modérés, comme un grand garçon qui ne fait plus de câlins à sa mère depuis un bail, mais qui l’aime toujours autant. D’un autre côté, étant donné l’air enflammé qui le saisissait quand il parlait avec tendresse et admiration de celle qui était involontairement devenue ma rivale, je ne pouvais qu’être flattée.

Mes craintes ont été confirmées, alors qu’il me confiait que je formais avec deux autres amies le parfait tryptique féminin à ses yeux : l’une était l’amante, l’autre était l’amie et moi, la mère. Je me sentais comme la reine des abeilles : j’étais dans le rôle le plus honorifique, mais d’un ennui mortel, et irrémédiablement désexualisée.

En septembre 2001, j’ai rencontré l’homme de ma vie. En réalité, il est toujours dans ma vie mais n’est définitivement pas l’homme de ma vie. En revanche, le piédestal sur lequel il m’a hissée fait sans doute de moi la femme de sa vie. Enfin, juste après la seule, la vraie, l’unique, sa mère bien sûr.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

6
Avatar de vangels
31 août 2006 à 13h08
vangels
Bonjour


Moi je vis un peu la meme chose que toi sauf que moi grosse erreur j ai pas ouvert les yeux assez toi et je l ai epousé
Aujourdhui on passe notre vie a seprendre la tête, car en plus de la cuisine Me Mère sait aussi tenir une maison à la perfection !
ouvre tes ailes et sauve toi vite la concurence est rude et quoi que l on fasse on n est jamais à la hauteur.

virginie
0
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