En 2004, je vivais une grande histoire d’amour, un peu compliquée, certes, mais c’est sans doute ce qui faisait son charme !
L’homme de ma vie habitait alors en Teutonie (en Allemagne, donc) et moi à Paris. On se voyait de temps à autre, on se téléphonait, on s’écrivait surtout de longs mails et on passait nos vies à chatter. Cela faisait plusieurs mois que l’on survivait ainsi, allant de temps en temps dans le pays voisin, passer de doux moments ensemble. Je me rappelle lui avoir écrit des SMS désespérés (oui, je suis une romantique moderne, mais qui n’a pas vécu le stress du SMS séducteur ou amoureux qui attend sa réponse ?) à cause de la séparation et lui me répondait que malgré la distance qui nous séparait, nous ne formions qu’un. C’était de la magie empreinte de nostalgie, mais de la magie tout de même.
Noël approchait, je devais rentrer retrouver ma famille et lui la sienne. Nous ne devions pas nous retrouver avant fin janvier. Et puis un soir, un SMS magique : I am coming to Paris for new year’s eve … hope you will be here to take care of me. Je suis tellement émue que j’en fais une crise de spasmophilie dans le bus ! Obligée de m’arrêter cinq arrêts avant chez moi, je le rappelle de suite, entre le rire et les larmes, pour lui dire combien je suis heureuse qu’il fasse ça pour moi !
Noël passe, on s’appelle toujours plus. Puis le 31 décembre arrive, enfin ! Je suis de retour à Paris. Il arrive enfin, il est toujours aussi beau, je suis à à nouveau à deux doigts de la crise de spasmophilie. On se retrouve comme d’habitude, embrassades pendant de longues minutes sur le quai, puis on court déposer ses affaires chez moi, et on recourt toujours plus vite pour voir son amie d’enfance, avec qui nous devons passer l’après-midi. Je ne suis pas enchantée à cette idée, mais qu’est-ce qu’une après-midi à côté de cinq jours de bonheur ?
Après-midi tranquille, la soirée arrive vite : on décide finalement d’aller fêter la nouvelle année chez des amis à moi qui, ça tombe bien, habitent à côté de l’appartement loué pour l’occasion par l’amie d’enfance. Soirée amusante, je présente mon bien-aimé à tous les gens que je connais : Ah ! c’est donc toi ! heureux de te rencontrer enfin, etc. Mais je n’ai qu’une envie : partir très vite pour passer la nuit avec lui.
Minuit sonne, on est déjà tout bourré, on s’embrasse voracement, il me souhaite beaucoup de bonheur… deux heures plus tard, on rentre chez son amie et lui devient maussade. Je lui demande ce qui ne va pas, et là je le vois prendre son souffle et commencer sa litanie.
Alors : Monsieur a du mal à supporter la distance, on ne s’était rien promis, et puis je voulais partir l’année suivante à New-York et lui ne pourrait pas me suivre, il ne se voyait pas vivre loin de l’amour plus longtemps. Il déprimait en Teutonie quand il y pensait, et il a rencontré une Teutone qui l’a écouté, et ils se sont rapprochés, et maintenant ils sortent ensemble.
La crise de spasmophilie reprend, avec des nausées en plus, cette fois ! Je reste stoïque du mieux que je peux, mais on voit que je claque des dents et que j’ai des mouvements un peu brusques. Je me lève et je sors en claquant la porte. Je marche à grand pas dans le quartier de la Goutte d’Or. J’ai rêvé, ça n’a pas pu se passer, comment j’ai pu ne rien voir ? Je sens quelqu’un s’approcher. C’est l’amie d’enfance. Elle était au courant, elle vient me consoler comme elle peut. Elle me dit que c’est grâce à moi si son ami a appris à aimer, qu’il m’aime plus que tout, qu’il m’aime encore, mais qu’il aime l’autre aussi, et que tout est plus facile avec elle. Rien de pire que d’entendre une consolation en termes logistiques !
Je rentre chez elle, je n’ai plus la force de rien, elle me pose sur un lit, je n’arrive pas à dormir. J’entends les pas de l’ancien homme de ma vie qui s’approche du lit, puis repart, revient et repart. Je n’arrive pas à pleurer, c’est trop dur, c’est trop frais. Je n’arrive pas à dormir non plus. Au petit matin, alors que la maison s’endort, je quitte ce lieu maudit.
Nous nous sommes revus le lendemain. Monsieur était « lost and confused », il ne savait pas ce qu’il faisait, ce qu’il voulait. Je lui ai rendu ses affaires, il a voulu me prendre la main. J’ai résisté puis j’ai craqué. Il était le seul qui savait me consoler, même lorsque c’était lui qui me faisait du mal. Puis au bout de ces cinq jours, il est parti.
Être larguée n’est jamais agréable, encore moins lorsqu’on ne s’y attend pas, encore moins quand on aime, encore moins quand l’autre n’est pas sûr de vouloir vous larguer. J’ai mis six mois à m’en remettre, sombrant régulièrement dans l’apathie, frôlant l’alcoolisme et la dépression, finissant même à l’hôpital. Ses vœux de bonheur pour le réveillon de l’année 2005 n’ont pas porté leurs fruits… Heureusement, il y a eu 2006 depuis ! … Même si je pense encore souvent à lui…
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