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Celui qui m’a détruite… pour que je puisse me reconstruire

Cette madmoiZelle s’est récemment rendue compte qu’une relation amoureuse désastreuse lui a donné la force et le courage nécessaires pour devenir la personne qu’elle voulait être.

Il aura fallu plus d’un an pour que j’arrive à oublier J. Une année entière afin de le sortir de ma tête pour de bon. Pour mon entourage, ma période de tristesse post-rupture n’aura pas duré aussi longtemps, parce qu’au bout de deux mois seulement on me voyait sourire, avoir de l’appétit, entamer de nouveaux projets. Mon entourage ne savait pas que chaque soir, quand j’étais dans mon lit et que toutes les lumières étaient éteintes je pleurais, je frappais dans les murs, je criais et je restais parfois même debout dans le noir, sans bouger pendant des heures.

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Je suis de celles qui veulent montrer que tout va bien ; ma mère me dit que c’est de la fierté, alors qu’en réalité je ne veux pas embêter les autres avec mes problèmes.

Cela fait maintenait plus de deux ans que tout est terminé avec J., alors qu’en réalité notre histoire d’amour n’avait jamais vraiment commencé. Un an seulement que j’arrive à penser à lui sans avoir une boule dans la gorge et me dire « je ne ressentirai plus jamais ça de ma vie », mais surtout deux mois que je me rend compte que c’est grâce à lui et à la façon dont il ne m’a pas assez aimée que je suis devenue la personne que je suis aujourd’hui.

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Le début d’une relation prometteuse

Je n’étais jamais tombée amoureuse. Je voyais mes ami•e•s l’être, ainsi que les personnages des films qui embrassaient l’élu•e de leur cœur sous la pluie. Je me disais que quelque chose clochait chez moi si je n’arrivais même pas à avoir la moindre envie de débuter une esquisse de relation. Je pouvais bien m’entendre avec les hommes que je rencontrais, mais je n’éprouvais jamais l’envie d’être avec eux. Lorsque je sautais le pas avec l’un d’entre eux, je finissais par m’ennuyer et par tout foutre en l’air.

Quand j’ai rencontré J., j’étais d’ailleurs en train de saboter ma relation avec un garçon très amoureux de moi. Nous étions ensemble depuis bientôt deux ans et j’avais pris la décision de faire une pause. À l’époque, j’étais très malheureuse et très frustrée car les sentiments que mon ex éprouvait à mon égard n’étaient pas réciproques.

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Après presque deux ans de relation, ce « break » me permettait de réapprendre à être célibataire. Je sortais davantage « seule », avec mes ami•e•s ou avec ma famille. Ça n’est pas grâce à mes sorties que j’ai rencontré J., mais sur un site de rencontres. Je me suis inscrite quelques semaines après avoir décidé qu’une pause était nécessaire.

Je me souviens encore avoir ri à la lecture de son profil rempli de blagues, et l’avoir rapidement contacté. Après mon premier mail, une suite d’autres messages plus longs les uns que les autres s’est déroulée. C’est peut-être naïf, mais j’ai su que j’allais l’aimer dès nos premières conversations. Nous nous échangions des images rigolotes, des gifs improbables, des articles intéressants, nous partagions les mêmes idées, la même passion du second degré et de la taquinerie.

Après avoir discuté au téléphone, nous avions décidé de nous rencontrer autour d’un verre. Lors de notre premier rendez-vous, j’étais d’abord timide et apeurée. Je n’avais pas l’habitude de faire ce genre de rencontre et surtout je me demandais ce que j’allais pouvoir faire s’il ne me trouvait pas assez intéressante, ou pas assez  jolie. Tout s’est déroulé sans problème, nous nous faisions le même genre de blagues que lorsque nous nous écrivions, nous rigolions et partagions nos expériences.

Au moment où il m’a raccompagné, il m’a offert un sourire, un « j’espère qu’on va se revoir »… et plus rien. Silence radio pendant une semaine. Je ne le savais pas encore mais ce mutisme était un aperçu de à quoi notre relation allait ressembler.

S’investir… et ne plus revenir en arrière

Parce que j’ai grandi en regardant des films pleins d’idées reçues, j’étais certaine que c’était à l’homme de recontacter la femme après un premier rendez-vous. Je me retrouvais donc à regarder mon portable pendant de longues minutes en espérant recevoir un message de sa part. Une semaine après notre premier rendez-vous, il s’était enfin décidé à m’envoyer un texto qui devait dire quelque chose comme:

« Ça va ? Quand est-ce qu’on se revoit ? »

Je me souviens avoir fait la danse de la joie à ce moment-là !

danse joie

Second rendez-vous, et premier baiser. Je me souviens que nous nous sommes regardés pendant de longues minutes, sans rien dire. Dans ma tête, un tas de trucs se mélangeaient et m’empêchaient de réfléchir correctement. Mon cerveau tournait à mille à l’heure.

« Mon dieu, qu’est-ce qu’il est beau, c’est pas possible qu’il soit si beau, il est grand, je devrais monter sur le canapé pour l’embrasser, il a de beaux cheveux, ça brille bordel, limite je me vois à l’intérieur, il est pas humain, bon on est déjà en train de s’embrasser, là, en fait… C’est agréable … »

C’est ainsi que débuta notre relation, sans qu’aucun signe ne m’ait mise en garde sur la suite des évènements. J. continuait à être drôle, à être grand et beau, à avoir une répartie d’enfer, à me faire rire et à être patient face au fait que je ne veuille pas coucher directement avec lui. Je voulais d’abord que tout soit clair avec mon ex et transformer notre pause en rupture définitive. Pendant des semaines, nous nous sommes donc contentés de câlins, et jamais il ne m’a mis la pression. 

Nous passions des heures à parler, à regarder des vidéos drôles, à nous raconter nos blessures et nos victoires. Je le trouvais parfait, si parfait que même ses imperfections devenaient des qualités à mes yeux, si parfait que même lorsqu’il m’a avoué qu’il était sociopathe et suivi par un psychiatre depuis son enfance, je ne suis pas partie en courant …

Affronter la triste réalité

J. ne m’envoyait quasiment jamais de messages. Par fierté, je ne lui écrivais pas non plus. Du coup, nous ne nous voyions parfois pas pendant de longues semaines. Puis, un jour j’en ai eu assez. Je me suis dit que j’avais passé l’âge des gamineries et j’ai décidé de lui donner des nouvelles quand j’en avais envie… Il ne fut pas plus bavard. Je me suis donc résignée à lui parler, à lui demander pourquoi je devais courir après lui pour qu’on puisse se voir.

Il me répondit ceci (et naïve que j’étais, je l’ai cru) :

 « Je ne suis pas un grand fan du téléphone. »

Tout était contradictoire chez J. Lorsque j’étais avec lui, il me traitait comme si j’étais l’unique femme qui peuplait la planète. Nous passions des heures à rire de tout, nous sortions pour aller déjeuner, dîner ou nous balader pendant des journées entières. Lorsque je rentrais chez moi, c’est comme s’il avait disparu. Ne sachant plus quoi faire, j’ai mis le pied sur un chemin dangereux : je réclamais quelque chose que J. n’était visiblement pas près/capable de me donner. 

Après de longues semaines où nous nous disputions, où nous arrêtions de nous parler, où je faisais semblant d’être partie pour toujours, où je revenais… j’ai fini par mettre un terme à ma souffrance psychologique et à notre relation.

Un mois s’écoula avant de que J. ne m’appelle. Au fond de moi, j’étais très heureuse et très excitée à l’idée de lui parler de nouveau car j’étais encore très amoureuse de lui, mais l’objet de son appel me fit vite déchanter.

« Voilà, je voulais être franc avec toi, parce que c’est important : si je disparaissais pendant des jours c’est parce que je voyais cinq filles en même temps. »

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Ma réaction ne fut pas celle à laquelle je m’attendais : j’ai ri aux éclats. Ça n’était pas un rire nerveux, une manière de me protéger : j’ai ri parce que j’étais heureuse de savoir que pendant ces longues semaines passées à m’interroger, à chercher à savoir pourquoi il était si distant, à me dire qu’il y avait quelque chose qui clochait, je n’étais pas folle ! J’avais raison !

J. était revenu vers moi parce que durant le mois où je n’avais pas donné de nouvelles, j’avais réussi à passer à autre chose. Nous ne nous parlions plus depuis des semaines et il m’avait rappelée pour m’annoncer qu’il m’avait trompée, afin de « soulager sa conscience ». Il répétait souvent ce même schéma : il ne supportait pas que les gens soient heureux sans lui et revenait dans la vie de ceux qui l’oubliaient… pour mieux les faire souffrir.

Avoir peur de ne jamais se relever

Après l’annonce de J. au sujet de son infidélité, je ne suis pas partie en courant. Nous avons longuement parlé au téléphone. J’étais fière de moi : je n’avais même pas pleuré ! Je ne lui ai pas raccroché au nez, je ne l’ai pas traité de connard ou d’enfoiré, je lui ai même pardonné. En réalité, j’avais peur de retomber dans une vie où il était impossible pour moi de ressentir quelque chose pour un homme. J’avais peur de revivre une relation à sens unique, de m’ennuyer sans lui, lui avec qui je me sentais si bien.

Me remettre avec lui a été la pire décision de ma vie. Il m’a dit avoir abandonné les quatre autres filles — qui, comme moi, devaient être dans un état de tristesse et de perdition intense. Notre fausse réconciliation a duré quelques semaines à peine avant qu’il ne me manipule à nouveau. J. me sollicitait uniquement quand il en avait besoin, et était absent le reste du temps. Il me parlait de sa vie pendant des heures, je le conseillais, je lui souriais. Je ne parlais jamais de moi, parce qu’il ne me demandait rien et que ça ne l’intéressait pas.

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À cette époque, je ne savais pas si j’étais heureuse ou malheureuse. Je riais aux éclats quand j’étais près de lui, je pleurais sans arrêt et refusais de me nourrir quand il ne donnait plus de nouvelles. Je ne me souviens plus tout à fait de la manière dont cette histoire s’est terminée. J’ai de vagues souvenirs de lui en train de me dire qu’il n’avait pas tout à fait réglé son histoire avec son ex. Je me souviens lui avoir expliqué que j’avais besoin de lui… et de J. en train de me faire comprendre que lui n’avait pas besoin de moi.

Se reconstruire après une rupture

J’ai passé de longs jours à pleurer, allongée sur le sol, en me demandant si je devais aller le rejoindre. J’ai écouté des musiques qui me faisaient penser à lui (et que je ne peux plus écouter aujourd’hui). Je me suis enfermée pendant des semaines sans manger, sans rire, sans parler. Je ne travaillais pas à l’époque, ce qui ne m’a pas aidée à l’oublier. Cette étape n’a pas été une mauvaise chose, cependant : il s’agissait d’un palier à passer avant de pouvoir me reconstruire. 

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Je ne me souviens plus du moment ou j’ai décidé d’enlever mon pyjama, de sortir, de faire quelque chose. Mais ce jour-là je me rappelle m’être demandé :

« Est-ce que je vais rester ici à être triste, devenir caissière dans le Franprix de ma ville, traîner mon corps d’un endroit à un autre… à cause d’une seule personne ? »

Finalement, ma mère avait raison : j’étais trop fière pour accepter que quelqu’un influence ma vie d’une façon négative. J’allais utiliser toute la colère en moi pour me donner le courage de faire quelque chose de bien !

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J’ai choisi de m’occuper l’esprit pour oublier que je souffrais, juste pendant quelques minutes, quelques heures. J’ai décidé alors de monter un site Internet sur lequel publier mes textes. Je me suis rendue à la bibliothèque pour me renseigner sur la façon la plus facile de me lancer. J’ai passé des heures à monter ce projet, et parfois je réussissais à oublier ma tristesse. Lorsque le site fut en ligne, j’ai écrit mes premières lignes, des billets d’humeur et d’humour.

Après ça, j’ai envoyé mon C.V. à toutes les rédactions du monde, en mentionnant bien que j’avais un site et que je l’avais fabriqué moi-même. Quelques semaines plus tard, je fus contactée par un média qui m’ouvrait ses portes !

Aujourd’hui, avec tout le recul nécessaire, je sais que je ne serais pas là où je suis si je n’avais pas vécu cette relation, si J. ne m’avait pas fait autant de mal. Alors je voudrais lui dire quelque chose.

« Je sais que tu ne liras sans doute jamais cet article, mais je voudrais te dire merci. Merci de m’avoir appris que je pouvais aimer… et de m’avoir donné assez de colère pour que je veuille devenir une meuf badass ! »

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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

17
Avatar de Monangedemoi971
1 avril 2017 à 05h04
Monangedemoi971
bonsoir à toutes
Quand j'ai lu ce témoignage je me suis sentie toute chose parce que j'ai vécu quelque chose d'assez similaire.
Je constate que c'est un "happy end" pour toi mais tu es passé par tant de souffrance que c'est plus que mérité.
J'ai également connu cet homme qui m'a perturbé sur un site de rencontre et je crois que c'est la meilleure mais aussi la pire chose qui me soit arrivé. Son truc : avoir su me faire rire et revivre. La fin fut un désastre, un tsunami en pleine face et 4 ans après il est encore dans ma tête et dans mon coeur parce que "c'est lui". Je ne pensais pas aimer autant une personne, je ne pensais pas avoir aussi mal, être aussi démunie et pouvoir continuer sans lui, jusqu'à aujourd'hui j'ignore comment je fais mais je continue... Je vivais lui, je respirais lui, je mangeais lui, je dormais lui. Lui a refait sa vie et moi je n'arrive plus à ressentir aucun sentiment amoureux pour un autre homme. Je revois encore ce fameux soir où nous nous sommes retrouvés après les discussions sur ce fameux site de rencontres. Je m'en souviens et je sais que lui aussi n'a pas oublié. Cette relation fut passionnelle mais destructrice pour moi. Il y a deux ans il a repris contact car il avait besoin de conseil face à un dilemme amoureux et je n'ai pas cherché à lui retourner la tête tout au contraire je l'ai invité à recoller les morceaux avec sa nouvelle copine. Il y 1 an nous nous sommes vus et....... Aujourd'hui tous les moyens de contacts sont rompus, je suis sortie des réseaux, j'ai changé de numéro etc.... Cet homme là m'a hanté, il m'a pris ce que j'avais de mieux, je lui ai ouvert mon coeur qu'il a brisé ... Je n'espère rien de lui juste peut être me dire un jour qu'il est désolé qu'il reconnaît sa maladresse et je crois plus que tout qu'il n'aurait jamais du me faire certaines promesses, à moi cette femme ultra sensible. Je ne demandais rien d'autre que de recevoir de l'amour et pas être qu'un jeu, qu'une passade, que la n-ième fille d'un carnet bien remplie .....
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