Initialement publié le 13 février 2015
Il y a peu, j’ai lu l’histoire de Claude et son secret sur Rue89, « cet amour immense » à qui il n’a jamais parlé, celui qu’il n’a pas oublié. Je l’ai lue et je l’ai comprise, probablement trop. Parce que oui, quand je lis ou entends ce genre de propos je me sens concernée (malheureusement).
J’ai un secret moi aussi, j’ai un « immense amour » moi aussi, et je n’ai que 26 ans. Vais-je l’oublier ? Vais-je l’aimer toute ma vie comme Claude a aimé son premier amour ? Je ne l’espère pas mais j’en ai bien peur…
Comment l’oublier, lui qui était un nouvel ami parmi les autres ?
Tout a commencé en septembre 2010, alors que j’étais à la faculté. Je suis entrée en deuxième année dans un nouveau cursus. Il faisait partie de mon amphi, et il était nouveau lui aussi (de ce que j’ai entendu des commérages de mes nouvelles amies d’amphi).
Il s’appelait Alexis… et même après toutes années, écrire son prénom me provoque toujours un pincement au coeur. Il venait d’une autre région de France. Avec des filles et un garçon, nous avons rapidement formé un petit groupe d’amis. L’une d’elles vivait dans la même résidence qu’Alexis, et petit à petit elle l’a intégré dans notre groupe.
Il était en couple depuis trois ans, et sa copine était partie continuer ses études dans une autre ville. Il était optimiste concernant sa relation. Il était aussi charmant, drôle et avait un beau sourire. J’étais contente de le rencontrer ! Quelle belle bande d’amis je me faisais !
Avec le groupe, on mangeait ensemble tous les midis, on révisait ensemble le soir, on sortait ensemble le week-end.
Puis six semaines après la rentrée, Alexis a eu des ennuis : sa petite copine voulait rompre. Il le vivait mal, se refermait sur lui-même, ne parlait plus trop, s’isolait. Mais avec une autre fille du groupe, on ne l’entendait pas comme ça ; sensibles à sa tristesse, on a essayé d’être présentes malgré ses refus.
Finalement la rupture a pris un tournant définitif.
On a repris notre train-train habituel dans le groupe : RU le midi, révisions le soir, sorties le week-end. Mais quelque chose a changé, vis-à-vis de moi. Alexis faisait des allusions, était « coquin », m’écrivait plus de SMS… Je me disais qu’il était joueur : fraîchement célibataire il se lâchait un peu plus. En y repensant aujourd’hui, il était clairement entreprenant, mais l’ayant mis dans ma tête dans le tiroir « amis », je ne voyais rien.
Jusqu’au jour où un baiser volé s’est échappé et ses lèvres se sont posées sur les miennes. Il y a eu une grande minute de silence. Tout s’est éclairé d’un coup : je lui plaisais !
À lire aussi : Celui qui… est devenu une évidence
Comment l’oublier après cette relation exceptionnelle ?
Je lui ai rendu son baiser, et nous voilà partis pour une année d’amour passionnel comme je n’en ai jamais vécu. Nous allions en cours ensemble, nous vivions ensemble, nous voyagions ensemble. Les parents présentés au bout de deux mois, le premier « je t’aime » au bout d’un seul… Tout allait trop vite, tout était trop intense, tout était trop plein d’amour, peut-être.
On s’aimait comme des fous, on se le répétait constamment. Je me souviens de la fois où je suis rentrée de cours pour des cœurs découpés à la main collés partout dans mon appartement avec inscrit dessus « je t’aime sur ton canapé », « je t’aime dans ton frigo », « je t’aime dans ta salle de bain », etc.
Quelques disputes ont cependant commencé à s’installer au bout de quatre mois : les épreuves de sélection pour entrer dans une excellente école arrivaient trois mois plus tard et j’étais stressée, tandis que lui était plutôt détendu, sortant d’une filière intense et exigeante. Il voulait continuer cette idylle à fond, mais les épreuves arrivant j’ai dû mettre le holà pour me consacrer plus à l’étude de mes fiches, aux entraînements et aux cours particuliers supplémentaires que je m’imposais.
Au bout de deux mois il s’est lassé, a pris ses distances et m’a proposé une relation platonique pour moins souffrir. Il était très discret sur ce qu’il ressentait, ne montrait pas sa souffrance ; aveuglée par les épreuves que je préparais, je n’avais pas prêté suffisamment attention à ses difficultés.
Les épreuves ont fini par enfin arriver. J’ai loupé les pré-sélections, tandis que lui les a réussies et a été convoqué pour la phase qui se déroulait dans la capitale. Ne supportant pas les tensions qui restaient dans notre couple, il a rompu une première fois pendant sa préparation de l’oral mais cela n’a duré qu’une nuit ; le lendemain il m’a rappelée et a tout annulé.
Il a passé l’oral à Paris, et je l’y ai rejoint le lendemain pour un séjour enfin en amoureux, sans examens, sans cours, sans stress.
Nous sommes rentrés, et nous avons passé les mois de juin et juillet en amoureux dans notre petit appart, attendant avec impatience (pour ma part) le séjour qu’il me proposait dans sa maison familiale avec toute sa famille pendant deux semaines. Venant d’une famille assez pauvre, je n’avais jamais fait de voyage, et j’étais donc plus qu’enjouée à l’idée de ce séjour, dans cet endroit, avec celui que je considérais comme l’amour de ma vie. Il m’a dit qu’il n’avait jamais fait ça avant, qu’il fallait que ce soit vraiment quelqu’un à qui il tienne beaucoup pour l’emmener en vacances dans sa famille.
J’étais sur un nuage, je me sentais plus qu’aimée et j’étais plus qu’amoureuse : j’étais dingue de ce garçon, j’aurais pu mourir pour lui tellement il était tout pour moi.
Malheureusement j’ai découvert que dans sa famille il y avait des non-dits, des petites tensions, dont personne ne parlait mais qui étaient constamment palpables. On s’échappait souvent pour faire des petites balades, et il fuyait les moments passés en famille.
On a encore eu quelques petits accrochages, qui étaient je pense particulièrement blessants pour nous deux : on avait idéalisé ce séjour, et le fait de nous disputer nous minait. Il m’a tout de même offert un bijou au symbole fort à la fin du voyage.
Mais deux semaines après qu’on soit rentrés, il a rompu.
Comment l’oublier après tout ça ?
Il m’a dit qu’il avait besoin de s’isoler, d’être sans attaches. Que ce n’était pas moi, c’était lui. J’étais déchirée, je ne mangeais plus, ne me levais plus de mon lit, n’ouvrais plus les volets, et dormais… sans cesse.
Mais il n’a pas coupé le contact. Pendant l’année qui a suivi, on a continué à coucher ensemble alors que je savais qu’il couchait avec une autre en même temps… Mais je l’aimais. Il venait de temps en temps toquer à ma porte à une heure du matin, pour m’avoir dans ses bras pour la nuit ou dormir sur mon canapé. Son téléphone sonnait parfois durant des heures puis s’arrêtait — sûrement une dispute avec « l’autre ».
Cela a duré un an. Une année pendant laquelle je souffrais en silence. Par peur de le faire fuir, j’acceptais ses petites apparitions brèves et ses disparitions pendant plusieurs jours. Puis au bout d’un an, après avoir encaissé toute cette frustration, je l’ai appelé et lui ai demandé qu’on se remette ensemble. Il a refusé…
Pour continuer à (sur)vivre, j’ai décidé de partir à l’étranger pour finir mes études.
La veille, nous nous sommes vus une dernière fois, et nous avons passé la nuit ensemble. Le lendemain matin, sans émotion, avec juste de la courtoisie, il m’a dit au revoir. Une nouvelle relation bizarre s’est ensuite mise en place.
À lire aussi : Celui qui… ne voulait plus faire d’effort
Comment l’oublier quand on n’arrive pas à arrêter…
On s’est vus à chaque fois que je rentrais en France. Jusqu’à ce qu’il me propose de se remettre officiellement en couple en mai 2013, soit un an et demi après notre rupture.
J’étais sur un nuage ! Mais quelque chose avait quand même changé : il n’était plus l’amoureux passionnel que j’avais connu, il avait gardé ce côté courtois, poli. Il n’y avait plus d’émotions et de passion, de moments passés à dire « je t’aime » pendant des heures. Mais ce n’était pas grave, je l’aimais et il me re-voulait enfin à ses côtés ! J’étais heureuse !
L’été est arrivé, et je suis rentrée en France pour un mois et demi. Il partait malheureusement dans une autre région pour un stage d’un mois. Pendant ce temps-là j’ai vécu dans son appartement. Ça ressemblait à une fuite de sa part, mais je n’ai rien dit. On s’appelait tous les soirs mais j’étais frustrée : il ne me disait pas « tu me manques », ni « hâte de te revoir », etc.
Un soir d’août, je lui ai donc annoncé que je préférais rompre. Il l’a entendu, n’a rien dit. Puis il m’a rappelée en me disant qu’il allait changer.
Il est enfin rentré à la fin du mois, et on a passé deux semaines ensemble à se faire des câlins. Mais un jour, il est parti faire une course et a laissé son ordi grand ouvert sur sa page Facebook. Je n’ai pas pu m’empêcher de cliquer sur l’icône « Messages » en haut à droite.
Et là, des discussions avec plusieurs filles datant de son stage se sont affichées ! De la dragouille online ! Et bizarrement, je me suis dit : « J’en étais sûre ! ». Pile poil à ce moment, il a franchi le seuil de sa porte de chambre, s’est jeté sur son ordi et l’a fermé.
Je voulais rompre, c’était fini. Mon avion pour le pays où j’étudiais décollait cinq jours plus tard ; il m’a laissé son appart en attendant. Mais le lendemain soir il est revenu, et il m’a expliqué qu’il avait fait ça parce qu’il était amoureux de moi et voulait rester détaché. Je lui ai pardonné, et il a rompu quelques jours plus tard…
Nous étions en septembre 2013. Cela faisait déjà trois ans que l’on se connaissait et que je n’avais jamais cessé de l’aimer. Que je n’arrivais pas à l’oublier.
Et j’ai été incapable d’arrêter de le voir, et de ne pas m’engouffrer dans la moindre brèche depuis. On s’est revus par intermittences, on s’est donné des nouvelles… Et quelques mois plus tard, j’ai à nouveau craqué.
Nous nous sommes ensuite revus à chaque fois que je rentrais, mais cette fois il n’y avait plus de distances ! Nous étions un véritable couple, on passait tout notre temps ensemble chez lui, sous la couette, au ciné ou au resto. Il me tenait la main en public, et m’appelait tous les jours quand j’étais à l’étranger !
Nous nous comportions comme un couple, j’étais heureuse, j’avais l’impression de le retrouver : je sentais qu’il pensait à moi, qu’il tenait à moi.
Et puis il est parti un mois en Amérique du Nord. Il m’envoyait un email tous les cinq jours à peu près, très courtois, sans affection, sans émotions. Mais il avait régulièrement une petite pensée pour moi quand même, cela me suffisait pour être heureuse. Et puis il est rentré, et un soir je l’ai appelé du pays où je faisais mes études : un ami saoul avait essayé de m’embrasser… sans qu’Alexis ne semble y prêter attention.
Il a pourtant refusé de me voir à mes retours en France pendant sept mois, au bout desquels j’ai appris qu’il était en couple depuis son retour. Quand on s’est enfin revus, je lui ai jeté : « Je t’aime toujours ! ». Cela n’était apparemment pas réciproque.
À lire aussi : Celui qui… me paralysait
Et après ? Comment l’oublier ?
Depuis on se donne parfois des nouvelles d’une façon assez superficielle, nous avons échangé deux ou trois emails, des blagues, des phrases que seuls nous deux pouvons comprendre, parfois accompagnées d’une image, d’une vidéo dont nous savons qu’elles feront plaisir à l’autre, ou qui remémorent des souvenirs de notre histoire…
Je suis donc amoureuse depuis quatre ans et demi d’un garçon. Je n’ai jamais rien reconstruit avec personne d’autre, je n’ai eu que quelques passades. Depuis toutes ces années, je pense à lui le matin en me levant et le soir en me couchant. Certaines personnes n’ont jamais aimé, moi j’ai trop aimé… et j’aime trop encore aujourd’hui. Je suis prisonnière de cet amour et je n’arrive pas à m’en défaire.
Je le vois comme l’homme de ma vie, le père de mes enfants. Lorsque j’achète des vêtements, je me dis encore « Alexis aimerait me voir dedans », lorsque je vois des images qui me font rire j’ai envie de les partager avec lui.
Je revois encore son sourire, ses yeux verts, la petite tache de naissance sur son visage, ses cheveux dans lesquels je passais ma main durant des heures…
Pourquoi lui, pourquoi je ne me détache pas ? Pourquoi je n’arrive pas à l’oublier ? Je ne sais pas. Je côtoie d’autres hommes mais il est l’idéal auquel j’aspire. Je le cherche dans ceux que je rencontre. Je n’envisage pas vraiment de futur, je pense que depuis quatre ans et demi, j’espère inlassablement un signe de sa part, un renouveau, une déclaration… Malgré la distance, ses petites amies, j’espère, j’attends. C’est plus fort que moi.
Je suis amoureuse d’un fantôme. Pour essayer de changer cela, je suis une thérapie avec une femme très compétente depuis deux ans et demi. Elle me permet de prendre du recul, m’extirpe la tête de l’eau le temps de quelques jours. Je me sens plus forte lorsque je ressors d’une séance, mais je sombre à nouveau quelques jours après en épiant Facebook, en attendant indéfiniment un email de sa part.
Ma psy pense que c’est un manipulateur qui a la phobie de l’engagement. Il fuit tout signe d’engagement sentimental mais a besoin d’avoir une fille qui l’aime autour de lui pour lui gonfler son ego. Elle pense que je ne suis pas la seule à être comme ça, qu’il manipule d’autres filles… Pour elle, il peut ainsi sembler proche d’une petite amie quand il sait qu’il n’y est pas attaché plus que ça, mais quand il tient beaucoup à la personne, il la fuira ou la maintiendra à distance car il fuit l’attachement, l’engagement émotionnel.
Je me voile pas la face, je sais comment je suis, et comment lui est. J’ai essayé de changer, de passer à autre chose, mais mes pensées se tournent toujours vers lui…
Personne n’est au courant de cette histoire à part ma psy. J’ai honte de l’engrenage dans lequel je suis depuis quelques années donc je le passe sous silence, je vis avec mon doux fardeau. Et je l’aime. Comment l’oublier ?
Lisez la suite : Comment j’ai oublié mon ex grâce à une nouvelle relation
*Les noms ont été modifiés.
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires