Ce mois-ci sur madmoiZelle, nous avons décidé de te parler de liberté sexuelle.
Ce n’est pas anodin parce que c’est un des aspects de la vie d’une femme qui est très discuté, critiqué et contrôlé.
Pendant longtemps, j’ai eu l’impression de voler au-dessus des injonctions et de m’en sortir sans problème, jusqu’à ce que la vérité me mette un bon coup de pied retourné.
À l’adolescence, mes complexes ont pointé le bout de leur nez
Au collège et au lycée j’étais « la meuf avec des gros seins » et ça a entraîné des problèmes de confiance en moi.
Les mecs ne se gênaient pas pour le dire, et des filles que je connaissais à peine me demandaient si c’était des faux alors que j’avais 13 ans… Oui, tout va bien.
Très vite, j’ai développé une aversion pour toute remarque ou même compliment qui avait le malheur de porter sur mon physique, n’acceptant qu’un vague « t’es belle ».
Ajouté à mes autres complexes, ces remarques ont rendu mon rapport à mon corps hyper ambivalent :
- D’un côté, je vivais mal l’attention malsaine suscitée par mes courbes
- D’un autre côté, je me réjouissais secrètement du fait que d’autres filles m’envient d’être « sexy ».
Ah ben oui, c’est le collège, c’est fucked up...
Comme je ne faisais pas confiance aux mecs, j’ai eu ma première relation à 18 ans avec un garçon relativement gentil. Et dans son regard, j’acceptais enfin mon corps.
J’étais pleine d’idéaux : je me disais que je ne laisserai jamais mon copain me dire comment m’habiller, m’insulter ou être négatif envers moi de manière générale.
Et je pensais m’en être sortie ! J’avais confiance en moi, j’étais dotée d’une forte personnalité, j’étais indestructible…
LOL.
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Comment j’ai rencontré le gentil garçon
Le garçon dont je veux te parler, je l’ai rencontré chez mon meilleur ami pendant mes études, à une époque où j’étais assez heureuse.
Tout de suite, j’ai su que je lui plaisais physiquement, parce qu’il m’a fait « le regard »: yeux écarquillés et air ébahi.
On a discuté et il m’a même proposé de m’emmener faire de la moto, un soir. C’était mignon comme tout, comme lui, tout en gentillesse et en douceur.
On se voyait tout le temps avec notre groupe d’amis, mais il me proposait aussi des tête à tête, ce que je refusais systématiquement, car il ne me plaisait pas physiquement.
Ce petit manège a duré pendant un an et demi.
Finalement, au bout de deux ans, j’ai voulu essayer. Après beaucoup de déceptions, je me disais que peut-être, je devais finir avec ce gentil garçon.
Dans les films, la fille finit toujours avec le bad boy en repentir ou le gentil garçon, mais niveau bad boy, j’avais donné.
Et puis j’avais la certitude absolue qu’il m’aimait et qu’il ne pourrait jamais me faire de mal.
Spoiler alert : il m’en a fait.
Une relation pas folichonne qui m’a fait perdre confiance en moi
On s’aimait beaucoup, mais pas assez pour être en couple.
Surtout pas alors qu’il était foncièrement maladroit. Surtout pas alors qu’il confondait franchise et brutalité.
Concrètement, je m’en prenait parfois plein la face, alors qu’il pensait faire une blague, il se moquait maladroitement de moi dans mes moments de vulnérabilité, ou quand je voulais essayer des trucs au lit.
Son ex prenait également énormément de place dans sa vie : elle était sa confidente, sa meilleure amie, bref, tout ce que je n’étais pas.
Et je subissais plein de petites vexations, les unes après les autres, sans pouvoir lui en parler, parce qu’il ne comprenait pas le problème.
J’étais épuisée mentalement et je me faisais toute petite pour rentrer dans la place qu’il me laissait dans sa vie.
J’étais la personne à qui il faisait l’amour. Remarque, ça se passait bien de ce côté-là. Enfin, ça aurait pu être moi, ou une autre fille.
Même mon sex-appeal me trahissait ! Mon corps, qui suscitait habituellement le désir, ne me servait à rien.
Pour ne rien arranger, tout ce qui fait ma personnalité extravertie posait aussi problème.
Sur le ton de la blague, il m’a dit que je parlais trop, trop fort, de sujets qui ne l’intéressaient pas, qu’il s’en foutait de comment je m’habille, de comment je me coiffe…
Mon corps et ma personnalité, la somme de ce que je suis, n’avait aucune valeur.
Je commence à te faire rêver ou pas ?
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La rupture et comment j’ai retrouvé confiance en moi
Au final, notre relation est devenue intenable pour lui comme pour moi, parce que loin d’être un monstre, il voyait bien qu’il me faisait du mal, mais il n’avait aucune idée du comment.
Il a donc trouvé le courage de rompre cette relation toute pétée (n’ayons pas peur des mots).
Je ne savais plus qui j’étais. Telle un ressort complètement pété, j’avais passé tellement de temps à me contorsionner pour rentrer dans sa petite boîte pourrie, que c’en était presque devenu confortable.
Car si mes traits de caractère lui déplaisaient, est-ce que ça ne voulait pas dire qu’ils déplaisaient à tout le monde ?
Heureusement, j’ai des amies extraordinaires qui m’ont récupérée et m’ont regonflée à bloc, à l’aide de beaucoup d’amour et d’autant d’humour (big up à mes girls).
Je me suis coupée des réseaux sociaux pendant 2 mois pour pouvoir penser à ma vie sans être parasitée tous les jours par celle des autres.
Je me suis aussi inscrite à la salle de sport pour transformer mes angoisses en énergie.
Des années après, je pense toujours que c’est un garçon bien. Mais juste pas en couple, pas à ce moment de sa vie, et pas avec moi.
Et au final, j’ai quand même beaucoup appris
Oui je parle fort et beaucoup, j’adore faire des blagues, me préparer pendant deux heures pour sortir, exagérer, rencontrer des gens, être entourée, raconter des histoires avec 1000 rebondissements : c’est MOI.
Et maintenant que mes idéaux d’adolescence ont été éprouvés, je peux le dire :
- NON, tu ne me marcheras pas dessus
- NON, tu ne me diminueras pas
- NON, je ne suis pas « trop »
- Et si notre relation est autre que positive, c’est NON.
Voici l’histoire de comment j’ai dû réapprendre à m’aimer. C’est dur, mais si important.
Ça vaut également pour toi ! Tu es certainement quelqu’un d’extraordinaire, alors ne laisse personne te rapetisser pour te mettre dans une boîte !
Tu mérites toute la place que tu prends, tu mérites d’être aimé·e mais surtout de t’aimer.
C’est dans cet esprit qu’on a pensé la box madmoizelle de février « Date Yourself ».
Il en reste quelques unes en stock donc si tu as envie de profiter de superbes goodies à fort potentiel kiffant tu peux toujours la commander.
Je n’ai pas perdu espoir de trouver l’amoooooooouuur et de vivre une relation amoureuse aussi belle que celle de Marie-Charlotte.
Et comme dirait Ru Paul dans son émission Drag’s Race (dispo sur Netflix):
« If you don’t love yourself, how the hell you gon’ love somebody else ?! »
« Si tu ne t’aimes pas comment est-ce tu vas aimer quelqu’un d’autre ?! »
À lire aussi : C’est quoi le secret des gens heureux ?
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Les Commentaires
J'ai un peu l'impression, et je pense que c'est pas totalement déconnant, qu'en tant que femme on est beaucoup mais alors beaucoup en attente de l'approbation des autres, et la moindre poussière de critique est souvent une catastrophe pour notre santé mentale, maintenant je mets beaucoup de distance et je ne cherche plus d'approbation, je m'en fous autant des critiques que des compliments, j'ai beaucoup travaillé là-dessus et je me sens vraiment mieux au niveau confiance en moi.
Par contre, y'a vraiment des gens toxiques qui vont faire des reproches/critiques totalement wtf (du genre "tu ris trop fort", "elles sont bizarres tes jambes" et pas du tout sur le ton de plaisanterie, j'ai connu ce genre de relation, c'était pas top.