Certes, j’ai tout de suite vu que ce n’était pas un grand sportif, mais j’espérais un minimum de dynamisme de sa part. Au moins qu’il fasse preuve d’un peu d’entrain, mais… non, même pas.
Il n’avait donc pas une carrure d’athlète, mais il avait quand même fière allure avec son regard azur et ses cheveux d’ange blonds et bouclés. Et quand il se mettait à sourire, il était impossible de penser à autre chose qu’à être dans ses bras, même s’ils n’étaient pas aussi musclés que ceux de Schwarzenegger.
En revanche, une fois dans ses bras, la problématique changeait. Sans prétendre être une Vénus inoubliable, je m’attendais à quelques signes d’intérêt vigoureux de sa part. Mais visiblement, j’impressionnais trop le jeune homme, plus si jeune que ça d’ailleurs. Son âge respectable devait en théorie le mettre à l’abri des déboires de l’inexpérience tout en l’éloignant de la cible potentielle des consommateurs de Viagra. Et pourtant… dès le premier soir, j’ai vu de près la Berezina.
En jeune fille moderne éduquée à l’engrais Biba et Cosmopolitan, j’ai fait preuve de beaucoup de compréhension, finalement presque flattée de lui faire autant d’effet. C’est vrai, on nous dit tellement qu’il ne faut pas culpabiliser l’homme, que s’il a un moment de faiblesse, c’est qu’on est tout simplement TROP FORMIDABLE pour lui ! Alors dans un grand moment de formidable-attitude, je me suis dit qu’on pourrait bien attendre le lendemain matin, et qu’on n’en était qu’au début. Du moins, c’est ce que je croyais.
Nous n’en étions en effet qu’au début… d’une longue série de malentendus sexuels. De débandade en refus, de "non pas ce soir, je n’ai pas envie" à "mais tu ne penses qu’à ça !!!", de "je ne t’aime pas pour ton corps, c’est ton esprit qui m’intéresse" à "je me sens utilisé comme un jouet", j’ai eu l’impression de devenir une monstrueuse nymphomane prête à tout pour avoir droit au minimum syndical de l’orgasme. Toutefois, j’étais presque certaine de ne pas en demander trop, juste UN moment d’intimité, UNE étreinte, UN regard de désir.
Mes copines me rassuraient en me certifiant qu’il n’était pas anormal en début de relation d’avoir envie de son amoureux et qu’il était en revanche nettement plus anormal de rejeter physiquement son amoureuse. Malgré leurs efforts rassérénants, mon problème n’était pas réglé, et mon ego commençait à souffrir sacrément de n’être aimée que d’un pur esprit…
Après des semaines de tendresse féminine pleine de compréhension, de dialogues intimes, d’essais infructueux, je me sentais aussi sexy qu’une vache déguisée en Merlin l’Enchanteur. Mes copines me plaignaient en pensant que la frustration sexuelle était la pire de mes épreuves. En réalité, le plus difficile à supporter était de ne pas se sentir désirée par celui qui jurait m’aimer.
En fait, les filles de la génération Biba-Cosmopolitan sont aussi celles qui à un moment savent prendre les choses en main. Sans pour autant utiliser les hommes comme des poupées gonflables vivantes, j’ai jugé que mon faible en mécanique et moi ferions nettement mieux d’être simplement amis. D’ailleurs, notre relation n’a pas changé depuis. Elle s’est même améliorée, puisqu’il est désormais libéré de mes pulsions incontrôlables (humhum) et qu’il peut se concentrer exclusivement à nos échanges neuronaux. Pour une fois, je n’ai jamais vu de meilleure solution à notre histoire que le fameux "on reste amis ?".
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